Incrimination de Ahmad Ahmad : Une Fifagate à l’africaine ?
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AFRIQUE :: Incrimination de Ahmad Ahmad : Une Fifagate à l’africaine ?

Stupeurs et tremblements au sein de l’instance faîtière du football africain. Le Président actuel de la Confédération africaine de football (Caf) Ahmad Ahmad aurait été interpellé le 6 juin 2019 à Paris par l’Office central de Lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), organisme chargé de la répression des infractions financières complexes telles que la fraude fiscale ou la corruption à portée internationale, pour ce qui s’apparenterait à un conflit d’intérêt dans l’attribution d’un contrat d’équipement. Une affaire qui, couplée à la gestion pour le moins calamiteuse de la finale retour de la ligue des champions africaine qui n’a pas manqué de faire rire dans les chaumières, offre un visage bien morose (euphémisme) du football africain.

Après l’attribution plus que controversée de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) 2021 au Cameroun, puis celle de la qualification disputée du Cameroun pour la Can 2019 (qui a toutefois connu un dénouement heureux pour les deux parties en cause), on se souvient des accusations de harcèlement sexuel et de corruption proférées à l’encontre de Monsieur Ahmad Ahmad par son ex-secrétaire général. L'info claire et nette. Accusations alors balayées d’un revers de la main par l’incriminé mais qui, à la lumière des récents événements, offrent une perspective intéressante dans l’appréhension de la gestion de la Caf par Ahmad Ahmad. Si le respect du sacrosaint principe de la présomption d’innocence exige une certaine prudence de la part des commentateurs et analystes de tout bord, on ne peut s’empêcher de penser que tous ces scandales et controverses étaient en réalité le baobab qui masquait la forêt.

Mais, il serait malvenu de cantonner ce type de turpitudes au football africain toutefois. Le cas de notoire du Fifagate, qui a révélé des cas de collusion, corruption et de trafic d’influence de grande envergure impliquant les pontes du « pouvoir central » et ceux des fédérations nationales, démontrent à suffisance l’état de pourrissement du football mondial, miné par des logiques clientélistes et « pouvoiristes » qui ne profitent qu’aux minorités dirigeantes. Un contraste pour le moins saisissant lorsqu’on sait que des préoccupations sociales telles que la lutte contre les discriminations raciales au sein des stades ou encore la promotion de l’égalité homme-femme au sein des sphères de pouvoir, ne semblent pas figurer parmi les chantiers prioritaires des dirigeants, obnubilés semble-t-il par le lucre avant tout.

Le football camerounais lui-même n’est finalement qu’un prolongement logique des abjections que l’on retrouve au niveau continental et mondial, à la différence près que des enquêtes judiciaires sont diligentées par les autorités compétentes dès lors que planent des soupçons suffisamment graves pour entacher l’image des différentes instances concernées. Une problématique d’image et d’assainissement qui ne semble à l’évidence pas faire partie des priorités des pouvoirs publics céans.

Allez savoir pourquoi. Il semble donc qu’une révolution copernicienne, matérialisée par un changement de paradigme au sein de la gestion et du management politiques du football mondial soit in fine nécessaire pour donner au sport roi toutes ses lettres de noblesses. Ce changement de paradigme doit passer non seulement par davantage de rigueur et de moralisation au sein des managers, mais aussi par un réveil axiologique qui suppose la promotion des valeurs olympiques au sein des athlètes bien-sûr, mais aussi au sein des décideurs surtout.

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