DROITS DE L’HOMME : Le contre-pied de Michelle Bachelet
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C’est le sens de la sortie de la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme (UN-HCHR) au terme de sa visite au Cameroun.

Sa visite était très attendue. Et porteuse d’espoirs. Tant pour les gouvernants qui y voyaient une occasion d’évaluer objectivement les actions posées pour une retour à la paix au Cameroun que pour les contempteurs du pouvoir de Yaoundé qui voyaient en Michelle Bachelet un allié mais surtout un [autre] interlocuteur qui pourrait porter leurs « récriminations ». Et l’ancienne présidente du Chili avait joué le jeu de toutes les parties. Elle avait écouté les tenants du pouvoir jusqu’au sommet de l’Etat. Elle avait également échangé avec l’opposition et la société civile, du moins ce qu’il en tient au Cameroun tant les mélanges de genre sont légion dans le domaine avec des politiques qui se réclament désormais de cette frange de la société camerounaise.

Tandis que les premiers (chef de l’Etat, vice-président du Sénat, président de l’Assemblée nationale, Premier ministre, ministres (Relations extérieures, Administration territoriale, Défense, Justice, Enseignements secondaires, Promotion de la femme et de la Famille), président de la Commission nationale de promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, président de la Commission nationale des droits de l'homme et des libertés) la rassuraient, en les lui présentant, sur les mesures prises par le gouvernement pour résoudre les conflits au Cameroun, les seconds se contentaient de charger Paul Biya. Dans les réseaux sociaux, ils communiquaient sur « les sanctions qui vont pleuvoir sur le Cameroun après la visite de Michelle Bachelet ». Ils comptaient sur la sensibilité de cette ancienne leader de l’ONUFemmes, « une victime de la machine répressive d’un Etat », pour que leurs jérémiades aboutissent à une condamnation du Cameroun. Les fantasmes allaient jusqu’à la convocation d’« une session informelle du Conseil de sécurité des nations unies devant évoquer le cas Cameroun ».

DOUCHE FROIDE

Seulement, à son retour au siège de la Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme à Genève en Suisse, celle qui a visité le Cameroun du 1er au 4 mai 2019 sur invitation du chef de l’Etat inflige une douche froide à ceux qui s’attendaient à ce qu’elle s’oppose aux autorités camerounaises. « Michelle Bachelet se félicite de la volonté du Cameroun de coopérer pour faire face aux crises des droits de l'homme » est le titre de l’article publié le 6 mai 2019 sur le site de l’institution qu’elle dirige à propos de sa visite au Cameroun. Camer.be.Le service de communication de l’UN-HCHR plante alors le décor dès l’attaque de son article : « Après une visite au Cameroun, la Haut- Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, s'est félicitée de la volonté du gouvernement de collaborer avec le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies et le reste des Nations Unies les principales crises humanitaires et des droits de l'homme causées par les graves troubles et violences qui se produisent dans l'ouest et le nord du pays ».

En effet, Mme Bachelet estime qu’« il existe une possibilité, même si elle est courte, d’arrêter les crises qui ont entraîné des centaines de milliers de personnes déplacées, ainsi que les meurtres et les violations brutales des droits humains et les exactions qui affectent les régions septentrionale et occidentale ». Même si elle reconnaît qu’« il ne sera pas facile de remédier à ces situations », Michelle Bachelet recommande « des mesures importantes de la part du gouvernement et un soutien substantiel et soutenu de la communauté internationale - y compris de nous à l'ONU ».

AUTOPSIE DES CRISES

Revenant sur la crise anglophone, le chef de l’UN-HCHR avance que « les forces de sécurité ont [également] été accusées d'avoir commis de graves violations, notamment des assassinats extrajudiciaires et des actes de torture, à l'encontre de civils et de combattants capturés dans le nord et dans l'ouest ». Mais elle est précise en ce qui concerne les séparatistes : « Dans les deux Régions occidentales, les écoles, les hôpitaux et d’autres infrastructures essentielles ont été ciblés et détruits par les différents groupes séparatistes ; des employés du gouvernement, y compris des enseignants qui ont osé continuer à enseigner, ont été pris pour cibles et assassinés ou enlevés ». A ce propos, la Haut-Commissaire indique qu’« il n'y a aucune logique dans leur comportement. L'info claire et nette. S'ils militent pour plus d'autonomie, pourquoi chercher à priver leurs propres enfants de l'éducation, pourquoi tuer les enseignants et détruire les installations de santé ? C'est nihiliste. »

L’article de l’UN-HCHR indique que, concernant le septentrion, Michelle Bachelet déclare que « les forces armées luttent pour faire face aux déprédations et aux attentatssuicides perpétrés par Boko Haram et, dans l'extrême nord du lac Tchad, la population est terrorisée et attaquée par une autre organisation extrémiste, le soi-disant État islamique d’Afrique de l’Ouest (ISWA). En outre, le Cameroun accueille des centaines de milliers de réfugiés de la République centrafricaine et du Nigéria. » Pour finir son autopsie des crises au Cameroun, celle qui sait bien ce qu’est une dictature pour avoir été confrontée à celle d’Augusto Pinochet évoque le fait que « le gouvernement [camerounais] faisait également face à d'autres défis majeurs, notamment les incursions transfrontalières de groupes armés et d'organisations criminelles le long de sa frontière orientale avec la République centrafricaine ».

En trois jours, on peut le dire, Michelle Bachelet a fait le tour de la situation sociopolitique du Cameroun. Et son analyse établit trop bien les responsabilités des acteurs impliqués.

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