Tout est flou dans la comptabilité de Congelcam. Au sortir de la réunion du 20 mars à Yaoundé, avec le ministre du Commerce, un document officiel signé du directeur M. Nsah indique que la Société anonyme détient un capital de 3.000.000.000 FCFA. Alors que le site internet de la même structure révèle un montant de 9.000.000.000 de FCFA. Un embonpoint financier pour une entreprise leader dans son secteur et dont les activités, au mépris de la loi, consistent essentiellement en l’importation, la distribution et la vente des produits de la mer.

Congelcam, selon des sources internes, emploie près de 2000 Camerounais et génère plus de 3000 autres emplois indirects. L’entreprise, qui dispose de plusieurs sites d’entreposage de grandes envergures et des centaines de camions frigorifiques chargés d’acheminer les produits ainsi stockés vers les points de vente disséminés dans les dix (10) régions, a même été classée en 2010 par l’Institut national de la statistique, au 15e rang dans le top des 100 entreprises en termes de chiffre d’affaires au Cameroun. Image malheureusement écornée. Car, tout ce que les consommateurs retiennent de Congelcam, c’est l’image d’une entreprise qui multiplie des subterfuges pour flouer la population et tirer un maximum de profit de ses activités. L'info claire et nette. Les hausses intempestives des prix de denrée alimentaires au mépris de la législation en vigueur et les pénuries artificielles que ne cessent de combattre les pouvoirs publics ont considérablement ternis l’image du principal importateur de poissons au Cameroun, avec plus de 150.000 tonnes sur les 190.000 tonnes autorisées par le ministère de l'Elevage, des Pêches et des industries animales pour l’année 2019. Les autres opérateurs, huit au total, agréés également pour cette année, devront se partager des broutilles.

Le rapport 2017 de la Commission nationale anti-corruption, rendu public en décembre 2018, ne fait non plus de cadeau à la Société Congelcam S.A. L’institution chargée de lutter contre la corruption au Cameroun reproche au leader camerounais de l’importation, la distribution et la vente des produits de mer et à son président directeur général, Sylvestre Ngouchinghé, un détournement de deniers publics. Au cours de la cérémonie de présentation dudit rapport, Dieudonné Massi Gams, président de la Conac, a déclaré: «La mission de vérification a constaté des faits de fraudes douanières et fiscales, les transferts irréguliers de capitaux, les pratiques de corruption. Ces faits reprochés à la société Congelcam et à son directeur général, sont évalués à plus de 32 milliards de FCFA».