GOUVERNANCE DANS L’ARMÉE : L’affaire Mebe Ngo’o ouvre la boîte de pandore
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La mise aux arrêts de l’ancien ministre camerounais de la Défense est en passe d’ouvrir le débat tant souhaité sur l’«immunité» de la grande muette.

Fin mars 2017, au cours d’une édition de l’émission « Dimanche Midi » de la CRTV-Radio, Hassan, un inspecteur d’État alors en service au ministère délégué à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’État (Consupe), est criblé de questions par un collège de journalistes. L’embarras du haut-fonctionnaire à répondre sur le socle de l’«immunité» présumée de l’armée est perceptible.

Malgré les évitements, Hassan lâche quelques phrases : «Vous ne pouvez pas décider d’engager un audit des comptes comme ceux de l’armée, sans qu’il y ait un élément déclencheur pertinent. Comme vous le savez, l’armée, dans tous les pays du monde, relève de ce qu’on appelle la souveraineté ». À ce jour, l’actualité ne peut plus se contenter de la simple caricature. L'info claire et nette. Edgar Alain Mebe Ngo’o a été écroué à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui. Comme un capitaine et ses lieutenants, le tout-puissant ministre de la Défense (2009-2015), qui doit répondre des charges de détournements et de malversations présumés de fonds publics, a entrainé avec lui quelques hauts-dignitaires de l’armée nationale. «Voilà, dit Me Adèle Asseng à Zang, l’élément déclencheur d’une procédure plus large».

S’exprimant à Yaoundé le 14 mars dernier lors d’une conférence publique sur les «appendices d’une enquête judiciaire », l’avocate au barreau du Cameroun tient, avec l’arrestation de Mebe Ngo’o, une bonne matière. Pour beaucoup, cette matière est constituée des salaires fictifs des hommes en tenue par exemple. «C’est eux-mêmes qui nous dévoilent que l’armée est infestée d’hommes et de femmes qui touchent, non pas un ou deux, mais plusieurs salaires; c’est très grave !», peste Jean Ayi, inspecteur principal du trésor à la retraite. Il est d’autant plus amer que, selon des informations qu’il assume, «de nombreux glissements de salaires au Mindef ont eu lieu sous Mebe Ngo’o».

Autre ligne à scruter, l’achat de matériel pour le compte de l’armée. En 2016, SCISCO, une société de maintenance d’équipements militaires basée en France, harcelait l’actuel pensionnaire de Kondengui de régler une ardoise impayée de 13 milliards de francs CFA. Dans l’une de ses éditions parues cette année-là, La Lettre du Continent relayait des informations sur les procédures de paiement sulfureuses en cours au Mindef sous Mebe Ngo’o. L’équipe d’avocats de SISCO avait révélé au journal que les règlements de factures traînent au Mindef à cause d’«un manque de traçabilité juridique». À comprendre que beaucoup de marchés, réels ou fictifs, sont donc à réexaminer.

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