Marches du 26 janvier : Maurice Kamto a été entendu
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Maurice Kamto et plusieurs dizaines de militants du Mrc, des journalistes et même des badauds ont été interpellés massivement et menés dans trois centres de détention à Yaoundé. Leurs auditions ont commencé hier.

C’est l’art sublimé de poser un cautère sur une jambe de bois : Yaoundé Elig-Essono, siège de la police Judiciaire . Depuis mardi aux premières heures du jour, un cordon de sécurité des plus costauds barre les entrées nord et sud du bâtiment. Un camion antiémeutes de la gendarmerie, des policiers, les uns engoncés dans leur armure pour le maintien de l’ordre, les autres dans leur gilets pare-balles, FAL au poing, chargeur engagé, le doigt caressant la détente…

La route très fréquentée, qui débouche sur le pont de la gare et dessert Mvog Ada en passant par le marché du Mfoundi est barrée. Ce qui impose aux véhicules et même aux piétons, des contournements désagréables. Ceux qui travaillent ou habitent dans les alentours doivent parlementer avec les policiers à chaque passage. Tout cela pourquoi ? Sans doute pour laisser croire que Maurice Kamto et autres, arrêtés la veille et transférés à Yaoundé sont supposés séjourner dans cette bâtisse décrépie de la Police Judiciaire, qui élève ses quatre sinistres étages dans le ciel nuageux de Yaoundé. On est fin janvier, mais il pleut. C’est vraiment un jour spécial. Pire, les policiers en charge de la garde sont de la même humeur maussade que le temps.

« peut-ont voir les personnes arrêtées à Douala ? » -« Nous ne sommes pas ici pour répondre aux questions, nous sommes là juste pour vous empêcher d’entrer ». C’est toute la politesse dont est capable une commissaire principale, qui tient le barrage. Plus bourru, son adjoint : « dégagez, allez chercher ailleurs »…Réponses aux parents, amis et connaissances des personnes arrêtées, et que l’on recherche partout, sans les retrouver. Mais ce n’est qu’un leurre : aucun des détenus venus de Douala ne séjourne ici. Il s’agit juste d’une manière de brouiller les cartes. En fait, ils (les prévenus ? détenus ? suspects ? on peine à trouver un terme juridique pour désigner ces personnes) ont été répartis en trois groupes : un premier séjourne au Sed, un deuxième à Soa dans les locaux du GMI, et un troisième GSO à Mvan. C’est dans ce dernier groupe que se trouve Maurice Kamto. Mardi soir, après moult pérégrinations, la famille de ce dernier a pu entrer en contact avec lui, pour lui porter à manger et de quoi se changer.

C’est donc hier après-midi que les « choses sérieuses », les auditions des personnes arrêtées ont pu commencer. Trois heures d’horloge pour le leader du Mrc, sous la supervision le directeur de la P J en personne, le Commissaire divisionnaire Dili Jacques. Les chefs d’accusation tiennent dans un conteneur de six pieds : « Attroupement, rébellion en groupe, hostilité contre la patrie, insurrection, trouble à l’ordre public, association de malfaiteurs, incitation à l’insurrection et complicité ».

Selon des sources bien introduites, Maurice Kamto, a été entendu sur un certain nombre de points, notamment, sur la légalité des manifestations. Un point de droit, justement traité par Me Claude Assira dans une tribune publiée hier sur son compte Facebook « De fait, aux termes de l’article 116 du code pénal, « est puni d’un emprisonnement de 10 à 20 ans, celui qui dans un mouvement insurrectionnel provoque ou facilite le rassemblement des insurgés par quelque moyen que se soit » D’une part la définition de cette infraction ne frappe pas par sa clarté. D’autre part, puisque la constitution du Cameroun prévoit la liberté de manifestation qui est d’ailleurs consacrée par la loi de 1990, l’illégalité de la manifestation du 26 janvier 2019 ne pourrait résulter que du fait pour les organisateurs d’être passés outre l’interdiction de l’autorité administrative. Soit. Ceci étant, personne ne se pose la question de savoir si l’interdiction par les autorités administratives est elle-même légale. »

En clair, et selon la Constitution, les manifestants ont exercé leur droit constitutionnel. Selon toute évidence, il a été aussi question d’établir le lien entre le Mrc et les auteurs des destructions de l’ambassade du Cameroun en France. Le leader du Mrc aurait ici, condamné sans ambages ces destructions, en insistant sur la devise même de son parti : « changement, dans la paix ». Les enquêteurs auraient également voulu en savoir sur l’organisation du Mrc dans la diaspora. Entre autres interrogations, celle, pour le moins insolite, sur la possession d’armes par le parti de Maurice Kamto. Sur l’insistance constante du Mrc à parler de « Hold up », alors que l’élection présidentielle d’octobre dernier est soldée, les enquêteurs auraient interpellé le pr Kamto. Qui leur aura répondu en une formule que l’on peut résumer ainsi : lorsqu’un événement est entaché d’irrégularité ou de quelque chose qui porte atteinte à sa sincérité, ce ne sont pas les jours qui passent qui effacent l’irrégularité… A la fin, c’est sur la traditionnelle question « avez vous quelque chose à ajouter », que Maurice Kamto a appuyé sur le fait que , le Cameroun serait notre patrie à tous, qu’il n’y aurait pas d’un côté ceux qui l’aiment ,et de l’autre, ceux qui l’aiment moins…Il est sans doute temps que l’on apprenne à parler, pour trouver des solutions aux problèmes de notre pays.

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