TRAJECTOIRE : Joseph Kadji Defosso, politicien malgré lui?
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En plusieurs décennies de haut et de bas dans l’industrie brassicole, manufacturière et dans l’immobilier, « le père Kadji » faisait partie de ces hommes d’affaires ne s’étant jamais vraiment intéressés à la politique politicienne. Vint le moment où, à la faveur de retour au pluralisme politique des années 90, il remarque la nouvelle coqueluche de l’heure : le Chairman du Social Democratic Front (Sdf), Ni John Fru Ndi.

Le sphinx de Bana n’a ni l’intention ni d’adhérer au Sdf ni de jeter son dévolu sur le candidat très populaire de l’Union pour le changement (Upc) à part qu’il est impressionné par son côté homme du petit peuple, traditionnaliste Grafi doublé de son background de businessman à Bamenda. C’est ce qui titille le Fu’a Toula, souverain coutumier à Bana. Il s’informe sur le Chairman et souhaite le rencontrer.

Il se dit d’ailleurs qu’il fait quelques cadeaux au Chairman en guise de soutien financier, en même temps qu’il ne cesse pas ses libéralités aux activités du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc) de M. Paul Biya. L'information claire et nette. Et même si on n’a aucune preuve sur la générosité du milliardaire à l’endroit du mouvement conduit par l’opposant, nul ne peut contester la sympathie de l’homme d’affaires pour le courageux politicien anglophone. Mais la petite idylle grafi se termine plutôt tragiquement, pour ainsi dire.

À la suite d’une élection présidentielle chaotique en octobre 1992 où le pouvoir de M. Paul Biya a, pour la première fois, vacillé, la plupart de ceux qui avaient cru en la réalité du retour au pluralisme subissent une chasse aux sorcières sans précédent. Les hommes d’affaires font l’objet d’assauts divers. Le groupe Kadji fait face à des redressements fiscaux d’autant spectaculaires qui ne trompent personne sur ses véritables mobiles.

Plus de peur que de mal

Le message est passé. De nombreux Camerounais, fonctionnaires ou hommes d’affaires enthousiastes quant à la nouvelle donne politique retournent massivement à l’ancien parti unique. Motus et bouche cousue. Le régime n’a jamais accepté le multipartisme que du bout des lèvres. L’opposition n’est là que pour jouer un rôle théâtral de faire-valoir du régime. Retour à la case départ. L’homme d’affaires a surtout compris la facilité avec laquelle l’administration peut, sur un coup de tête, détruire un groupe bâti aussi patiemment que le sien.

L’homme d’affaires de Bana décide de sortir de son mutisme pour s’impliquer plus concrètement dans le monde politique. Il « mouille le maillot » ouvertement pour le régime Biya. Il est parfois consulté par le Palais lors de réaménagements gouvernementaux pour les équilibres ethniques habituels. Dès 2002, le Fu’a Toula qui est par-dessus tout vaniteux et homme de défis bat campagne contre l’opposition de son ex-ami Ni John Fru Ndi. Il est élu maire de la ville de Bana pour le compte du parti au pouvoir, le Rdpc. Il est réélu en 2007, puis en 2013 après avoir construit, pour son plaisir et de sa poche, un hôtel de ville d’une valeur que ses proches évaluent à 800 millions de francs CFA.

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