Yabassi : La création d'un nouveau village divise
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Des notables ont saisi les autorités administratives pour s’opposer à la naissance de la chefferie de 3ème degré Bona Anja-Siga Bonjo.

Les habitants de Bonjo dans le département du Nkam, arrondissement de Yabassi, sont divisés depuis la naissance d’un nouveau village sur leur terre. L’espace de 1917 hectares s’étend à Siga Bonjo, la partie continentale de ce territoire situé sur la rive droite du fleuve dans le canton Wouri-Bwele. L’arrêté préfectoral n°168/AP/C17/SAAJP/SP du 08 novembre 2017 relatif à la création de cette chefferie de 3ème degré dénommée Bona’Anja-Siga Bonjo dresse aussi les délimitations de la nouvelle entité. Des habitants de  Bonjo ont  aussitôt saisi les autorités administratives pour marquer leur indignation.

Dans une correspondance adressée au préfet du département du Nkam le 08 décembre 2017, des notables demandent un recours préalable aux fins de retrait de l’arrêté portant création de Bona’Anja-Siga Bonjo. La lettre de contestation signée du chef supérieur du village Bonjo  Wouri-Bwele et de quatorze autres patriarches des clans Bonasola et Bonebende relève que  l’arrêté visé a été pris au mépris des considérations socio-économiques, historiques, culturelles et juridiques. « Le village Bonjo est constitué de sept familles regroupées en trois clans que sont Bonasola (avec les familles Bonadindè et Bonajongisè), Bonebende (Bonasiki, Bonabou et Bonamassao) et Bona Anja (Bonabwaka et Bonakingang), descendants du même ancêtre. Ce qui en fait une entité homogène avec un patrimoine culturel et un héritage traditionnel indivisible lié par le sang », expliquent les notables.

Les signataires de la lettre, dont ampliation a été faite au président de la République, au Premier ministre et au Minatd, indiquent que la délimitation du nouveau village Bona Anja-Siga Bonjo telle que fixée par l’arrêté, attribue l’ensemble des terres viables (terres continentales) au seul clan Bona’Anja, au détriment des  Bonasola et Bonabendè qui restent confinés sur la partie Littoral, l’île Wouri, régulièrement inondée. «L’émancipation des Bona Anja ne saurait se faire sans consultation des Bonasola et Bonabendè », précisent les notables. Ils brandissent en outre un décret de 1995 du président de la République portant suspension sur la création de nouvelles chefferies jusqu’à nouvel ordre. Dans une autre correspondance adressée au sous-préfet de l’arrondissement de Yabassi, les habitants contestent les consultations pour la désignation du tout premier chef du village Bona Anja –Siga  Bonjo et la constitution d’un collège de notables.

Narcisse Mouelle Kombi

Pour les protestataires, la création de ce nouveau village intervient à la suite d’actions antérieures du Comité de développement-Renaissance de Bonjo (Coderebo) mis sur pied en 2010. L’association, bien accueillie à sa naissance, a pour président général le ministre des Arts et de la Culture (Minac), Narcisse Mouelle Kombi, par ailleurs élite du Nkam.  D’après les statuts de l’association, le Coderebo a pour objectif de contribuer au développement économique, social et culturel des Bonjo, ainsi qu’à la promotion de leur bien-être entre autres. Il est à mettre à l’actif du Coderebo l’avènement de la route Mangamba/Bonjo, des résolutions relatives à la répartition des terres des fils Bonjo.

«Mais très vite, sans que l’on ne sache les raisons, les objectifs assignés à ce comité de développement ont été détournés au profit du seul clan Bona Anja auquel appartient le ministre Mouelle Kombi », déplore un habitant de Bonjo. Qui dénonce en outre des irrégularités sur le plan traditionnel, ayant conduit à l’investiture de Guillaume Mouelle Kombi, le géniteur du ministre, comme chef coutumier de Bona Anja. «Nous dénonçons et ne reconnaissons pas toutes les dénominations, les exploitations et les spoliations des terres de Siga Bonjo entreprises depuis quelques années par notre fils et frère, le Professeur Narcisse Mouelle Kombi, actuel ministre des Arts et de la Culture (...).

Nous décrions une fois de plus cette façon de faire qui n’acquiert pas la bénédiction des gardiens  de la tradition et qui est susceptible si rien n’est fait, de générer des troubles à l’ordre public», ont décrié le chef supérieur du canton Wouri-Bwele et la collectivité des notables de Bonjo dans une « lettre de dénonciation » envoyée au  Premier ministre le 1er mars 2017. Toutes les missives relatives à ce sujet sont jusqu’ici restées sans réponse. «C’est déjà fait. La décision est là. Tout s’est passé normalement. Le sous-préfet était là », a indiqué au Jour S.M Guillaume Mouelle Kombi, Joint par téléphone. Le chef du nouveau village créé n’en dit pas plus. Il renvoie à la consultation  des éditions du journal « La tribune du Nkam » et de la Crtv pour en apprendre davantage.

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