Nord-Ouest et Sud-Ouest : L’école reprendra-t-elle ?
CAMEROUN :: POLITIQUE

CAMEROUN :: Nord-Ouest et Sud-Ouest : L’école reprendra-t-elle ? :: CAMEROON

Fatigués d’attendre la fin de la crise socio-politique, les promoteurs et gestionnaires des instituts privés d’Enseignement supérieur du Nord-Ouest annoncent la réouverture de leurs établissements et préparent déjà la rentrée scolaire 2017/2018. Les contestataires parlent de janvier 2018.

Par leurs canaux habituels, les leaders de la contestation anglophone ont déjà annoncé la couleur. La rentrée scolaire, programmée par les ministres concernés pour démarrer début septembre 2017 dans le primaire, le secondaire et le post-primaire, a été différée. Elle devrait commencer pour eux, en attendant les efforts à faire par le gouvernement, en janvier 2018. Si l’annonce n’inquiète nullement les pouvoirs publics qui comptent sur les fonctionnaires pour faire marcher ses écoles, des opérateurs privés inattendus viennent d’émousser l’enthousiasme des contestataires, au cours de la semaine écoulée. Ils sont disposés à rouvrir leurs institutions malgré la permanence des mots d’ordre.

Du 24 au 29 juillet en effet, les promoteurs des instituts privés d’enseignement supérieur (Ipes) de la Région du Nord-Ouest, réunis à Bamenda, au sein de l’Association of North West Higher Education Institutions (Anowephei) ont donné un coup de pied dans la fourmilière rebelle, en instruisant à leurs membres de se mettre immédiatement à la préparation des inscriptions pour l’année académique 2017/2018. « Les cours débutent dans tous les instituts privés d’enseignement supérieur en octobre 2017 », stipule la résolution 1, sur les 7 que compte leur déclaration.

« Les propriétaires et administrateurs des Ipes dans la région du Nord Ouest doivent démarrer les préparatifs pour les inscriptions en octobre 2017 dès que possible », précise la résolution 2. Les promoteurs d’Ipes, qui revendiquent leur nature d’opérateurs économiques, regrettent l’enlisement de la crise et la mort de leurs affaires, au bénéfice d’autres acteurs, ailleurs au Cameroun ou à l’étranger. « Les activités éconmiques et sociales dans le Nord Ouest et le Sud Ouest ont chuté et nos potentialités économiques sont perdues au bénéfice des autres régions et des pays voisins. Ce scandale doit cesser. L’avenir de nos enfants est en train d’être détruit par le monstre », s’étranglent-ils. Avant de demander au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour normaliser la situation.

Décrispation politique

Pour jouer franc, ces entrepreneurs de l’éducation indiquent les pré-requis à mettre en oeuvre, pour réussir la future rentrée. « Le gouvernement doit engager un dialogue franc et sincère avec toutes les parties prenantes dans le but d’apporter des solutions à l’actuelle crise sociopolitique dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest ». En signe d’apaisement, ils recommandent la création d’un environnement propice à l’école. Lequel passe par la sécurité des étudiants et des enseignants.

« Le gouvernement  doit libérer toutes les personnes interpellées en relation avec l’actuelle crise », demandent-ils. Plus sériesuement encore, ils font des propositions de sortie de crise, qui évitent l’amalgame actuel. « Nous reconnaissons et acceptons le fait que les anglophones ont des problèmes. Que certains problèmes sont sociaux et économiques et d’autres politiques mais les solutions à ces problèmes ne doivent pas être groupées. Que la solution aux problèmes politiques se trouve dans un dialogue franc avec les parties opposées, dans une atmosphère de sécurité acceptable et de convivialité ; que les problèmes sociaux incluant l’éducation doivent être résolus dès lors que les erreurs relevées dans le système éducatif sont en train d’être corrigées suivant les 24 points arrêtés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants », analysent-ils, sous la signature du Dr. Nick Ngwanyam.

L’association des promoteurs et administrateurs des Ipes de la région du Nord Ouest (Anowephei), dont on ignore si elle fédère toutes les ressources disponibles dans le secteur, recommande enfin au gouvernement de convoquer en urgence le « Forum national de l’éducation », censé apporter les correctifs nécessaires au système éducatif national. « Il s’agit pour nous de sauver notre investissement et l’avenir des enfants. Si nous perdons encore l’année scolaire prochaine, certains d’entre nous pourraient se retrouver dans de graves difficultés. Nous avons contracté des dettes qu’il faut payer, etc. Pendant qu’on nous oblige à fermer, les institutions de l’Etat fonctionnent », a confié en aparté au Jour un participant aux discussions de cette association.

En  attendant la réaction des leaders de la contestation, cette sortie fait les affaires du gouvernement, qui a peiné à boucler l’année scolaire 2016/2017. La situation évolue sur le terrain des revendications et l’on peut comprendre l’enthousiasme de Bernard Okalia Bilaï, le gouverneur de la Région du Sud Ouest, qui assurait au sortir de la conférence semestrielle des gouverneurs que l’école va « bien » reprendre. « Nous allons prendre toutes les dispositions pour que la rentrée soit effective le 4 septembre prochain », déclarait-il au journal télévisé de 20h30, le 26 juillet 2017 sur la Crtv.

Embarras tout de même, quelles classes feront l’année prochaine des élèves qui ont interrompu les cours au mois de novembre ? Dans l’hypothèse de l’avancement en classe supérieure, il faut considérer les lacunes enregistrées par six mois d’« école morte ». Dans celle du redoublement, les classes de Form 1, équivalent de la 6ème francophone qui n’autorisent pas plus de 60 places, devraient être démultipliées.  Or l’Etat a déjà démontré qu’il n’a pas les moyens de construire en urgence des infrastructures. Et le feu n’a pas cessé de visiter les ennemis des villes mortes.

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo