Cameroun: De l’Adjudant Jocelyn Nkolo Medjo disons « Justus autem meus ex fide vivit »
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Cameroun: De l’Adjudant Jocelyn Nkolo Medjo disons « Justus autem meus ex fide vivit » :: CAMEROON

Un des grands écrivains que j'ai eu à lire dans ma jeunesse, parlant de la mort, dit qu'elle nous garde ce que nous aimons et qu'elle est le de notre amour. Bien plus, la mort d'un être cher se résout en un splendide testament de joie et d'édification pour ceux qui restent quand, au lieu d'avoir été un départ désespéré et secoué de sanglots, elle est le brûlant essor d'une âme vers une vie plus belle, parce que plus sainte et éternelle.

Hier matin vendredi 6 mai 2016, à 7h30, nombreux d’entre nous ont fait le déplacement d’Ekounou pour ta mise en cercueil. A 44 ans tu t’en vas après 24 ans de service sous le drapeau national.

Quand on connait l'idéal de la jeunesse, alors on peut dire que la mort est belle et sainte, elle est la réalisation suprême de ce désir que nous exprimions souvent en cachette en riant d'un rire jeune, d'un rire d'enfant.

Dans cette classe de TD au lycée Classique et Moderne de Sangmélima, composée de 54 élèves, 6 filles et 48 garçons – tu avais été élu chef de classe et au bout d’un trimestre la classe fut élue comme la classe la plus désordonnée du lycée par le corps enseignant (Cathérine Abena, Ambassa Bomba Valentin, Adjongo Nana, Emilie Medjo ta mère) alors le proviseur monsieur ton père vint dans cette classe vous démettre de vos fonction, Christine Zeh Zeh et toi et vous fit travailler sous le soleil pendant toute la journée. Sur les 54 de cette terminale TD tu es le troisième à partir à la verdeur de la vie, deux filles et un garçon. Tu as ainsi appris l’obéissance silencieuse qui t’a suivi dans l’armée jusqu’à la mort.

Joël Jocelyn, tes frères et tes sœurs t’appelaient Jo-Jo, nous étions une bande de jeune dans sa pure définition c’est-à-dire une bande joyeuse, cueillant sans cesse les roses de la vie que nous voulions partager avec les passantes de notre âge. L’avenir rimait avec magie pour nous et l’existence elle-même brillait dans nos yeux comme un rêve doré. Nous n’avons pas vu le temps passé et dire que tu nous quittes à l’âge qu’avaient Antoine Laurent et Emilie quand ils nous enseignaient la vie !

L’empire de la mort s’ouvre sous tes pieds alors que tout t’attache à la vie, nous sommes là pour te fermer les yeux à ce moment que tu as tant aimé afin que tu le vois désormais de l’intérieur en compagnie de ceux et celles qui t’ont précédés dans

la mort. La sérénité de ton village confirme que la mort apparait si douce à ceux qui meurent, alors Adjudant Nkolo Medjo,

« Muette et sourde est l’étroite demeure, profond est le sommeil de ceux qu’on y ensevelit. Joël Jocelyn, toutes tes espérances sont à jamais éteintes ; le soleil dardera ses rayons sur ta tombe ; mais tu ne sentiras pas leur chaleur. »

Joël, j’aurai voulu prendre une « séparante » mot que tu fis mettre dans mon vocabulaire en août 2014 ! Je voudrais bien rendre public nos confidences d’adolescents, nos échanges d’adultes mais la pudeur me statufie raide comme l’est la mort, la tienne. Je ne peux donc que dire que tu n’as pas souffert, tu es entré avec courage dans la mort, avec noblesse et élévation de tes propres sentiments. Tes enfants et ton épouse ne peuvent qu’être fiers de toi et surtout de porter ton nom. Nous disions souvent que nous étudions pour que la femme qui portera notre nom en soit fière. C’est fait.

Je sais aussi avec assurance qu’en vaillant chrétien, tu as reçu de ton Dieu la récompense suprême.

Que Dieu vous donne la force et le courage nécessaires à tes parents et à tes proches.

Defunctus: Il a rempli sa tâche. Certains ont sur cette terre de longues et lourdes tâches. La sienne, voulue par Dieu, n'était pas un loin achèvement, c'était de commencer, c'était d'avoir l'intention, c'était seulement de faire les premiers pas et de montrer la route. Tu laisses donc dans le deuil Pierre Mintom ton suivant immédiat, mani la première dans ce cri, Leo et Grâce, tu laisses, ton papa Antoine Laurent qui fut un professeur pour nous tous, un papa pour certains d’entre nous, tu laisses Emilie ta mère, elle nous a initié à la technologie et à la science, tu laisses des camarades de ce cercle que nous voulions comme celui des poètes disparus, tu laisses ton village Nguinda dans la Haute Sanaga où nous t’accompagnons aujourd’hui au coucher du soleil, tu laisses épouse et enfants. Tu laisses un vide. "Justus autem meus ex fide vivit".

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