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© Le Messager : Jean François CHANNON
- 03 Sep 2015 05:00:00
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CAMEROUN :: Inertie gouvernementale : Micmacs autour de la réhabilitation de la route yaounde-bamenda :: CAMEROON
En état de dégradation avancée depuis plusieurs années, la route Yaoundé-Bamenda est pratiquement coupée entre les villes de Babadjou et Mbouda. Les réfections en cours constituent en fait un saupoudrage inacceptable pour les usagers. Ceci n’est en fait que la conséquence d’une lutte d’intérêts particuliers entre les acteurs du système au détriment des intérêts de tout un pays.
Cela fait presque 5 ans que l’on parle de la réhabilitation de la route Yaoundé-Bamenda. C’est à partir du Pont d’Ebebda, sur le fleuve Sanaga, jusqu’à Bamenda, en passant par Bafoussam que les nids de poule jonchent la chaussée. Ce qui naturellement a entraîné au fil des ans, non seulement des accidents de la circulation mortels, mais aussi des désagréments pour les usagers de cette route. Les différentes alertes sonnées aussi bien par les riverains que les élus locaux ont contraint le gouvernement, à travers le ministère des Travaux publics à penser à mettre en route le processus de réhabilitation de cette infrastructure routière qui traverse trois régions du Cameroun. Des sources techniques proches du ministère des Travaux publics évaluent en effet à 150 milliards Fcfa environ la somme que l’Etat du Cameroun doit débourser pour réhabiliter totalement la nationale Yaoundé-Bamenda. Une importante somme, que l’Etat n’a pas pu réunir depuis quelques années maintenant. Mais l’ampleur inquiétante qu’a prise la dégradation de cette route était telle qu’il fallait bien que les pouvoirs publics, puissent trouver dans l’immédiat des solutions intermédiaires. C’est dans cette situation qu’on se trouve en ce moment.
Inertie et calculs mesquins ?
La précision à faire est que dans le fond, il y a eu dans ce processus comme un épais faisceau d’inertie, doublé de petits calculs très souvent mesquins des hauts dignitaires du régime qui, comme toujours semblent avoir aiguisé des appétits gargantuesques autour des retombées des travaux de réhabilitation. Sinon, comment expliquer que l’on ait attendu que la route se fatigue inexorablement, pour qu’on puisse aboutir à une solution intermédiaire ? De toutes les façons si la route Yaoundé-Bamenda en est rendue aujourd’hui au point où elle menace sérieusement de se couper, c’est bien parce que les atermoiements développés la plupart du temps au sommet de l’Etat sur la faisabilité du processus étaient tels que, le processus de réhabilitation de cette infrastructure routière a été plombé, avec tout ce qu’on a aujourd’hui comme conséquence.
Le Mintp marginalisé
Pourtant, selon des sources bien introduites, à chaque fois qu’il a été alerté par ses collaborateurs directs sur l’état de détérioration de la route Yaoundé-Bamenda, le ministre des Travaux publics, dit-on, a toujours saisi par écrit le Premier ministre pour lui faire savoir en des termes bien avertis que la route menaçait de se couper. Il se susurre que Patrice Amba Salla et son équipe sont allés au-delà, en proposant des solutions au chef du gouvernement. Parmi les solutions proposées par le Mintp, il y avait notamment celle de réaliser au moins les travaux tronçon par tronçon, surtout sur les sites où la chaussée était le plus délabrée. Et à ce niveau la Société camerounaise de travaux de génie civil avait fait une offre pour un montant de 65 milliards Fcfa pour le tronçon Ebebda-Bamenda reconnu comme étant le plus amoché. Mais les pourparlers étaient si ardus que beaucoup de temps a finalement été perdu. Et c’est quand Paul Biya en personne sort son « plan d’urgence » du tiroir que les lignes vont commencer à bouger.
Nous sommes là en début 2014. Parmi les secteurs d’activité retenus pour acter ce plan d’urgence, il y a inévitablement celui des routes à réhabiliter et à entretenir. C’est ainsi que sur l’enveloppe globale de 900 milliards allouée à la mise en œuvre du plan d’urgence, l’instruction présidentielle telle que répercutée par le ministre de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire (Minepat) a consacré 100 milliards Fcfa pour toutes les routes du Cameroun. En fait, il s’agissait bien là d’une goutte d’eau pour étancher une grosse soif appelée « réhabilitation et entretien des routes du Cameroun», qui, à elle seule, exige selon des professionnels du génie civil, au moins 1500 milliards Fcfa par an.
Juillet 2014.
Après les réunions techniques sous l’égide de la Primature et mettant face à face le Minepat et le Mintp, il est finalement alloué au département ministériel que dirige Patrice Amba Salla la somme de 30 milliards Fcfa (sur les 150 milliards techniquement exigés) pour réhabiliter la route Yaoundé-Bamenda. Une somme bien en deçà de l’offre proposé par la société Buns. Il faut donc choisir les priorités. Mais le choix prend du temps. En octobre 2014, la société française Razel indique au Mintp qu’elle a la possibilité de se faire prêter par sa banque la somme de 20 milliards de Fcfa, qu’elle pourrait ajouter à titre de prêt à l’enveloppe de base de 30 milliards Fcfa déjà réservée, pour réaliser les travaux si cela convient à l’Etat du Cameroun. Le Mintp qui est le département technique transmet immédiatement cette offre au Minepat qui assure la coopération économique. Malheureusement, le ministre Nganou Djoumessi la trouve trop cher. Une réunion est néanmoins convoquée au Premier ministère pour en discuter. A l’issue de celle-ci, le rejet de l’offre de la société Razel est confirmé.
Sous l’impulsion du Minepat, le Premier ministre Yang Philémon propose de passer par les réseaux des partenaires institutionnels internationaux au développement que sont la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD) pour obtenir un prêt adéquat pour combler l’enveloppe susceptible de permettre la réhabilitation de la route Yaoundé-Bamenda. La réaction du Mintp est immédiate : les délais des prêts de la Banque mondiale et de la Bad sont trop longs. Il faut compter au moins un an et demi. Entre temps, presque hors d’usage menace de se couper précisément entre Babadjou et Mbouda. Quasiment dos au mur, face à l’urgence signalée, le Premier ministre refuse curieusement de donner raison au Mintp. Il opte toutefois pour le décaissement immédiat dans l’enveloppe du plan d’urgence de la somme de 1 milliard 900 millions Fcfa. Celle-ci doit servir à colmater les nids de poule, principalement entre les villes de Babadjou et Mbouda dans la région de l’Ouest.
Informés de cette option de la Primature, les députés du Nord-Ouest en colère, surgissent précipitamment quelques semaines après dans les services du PM pour protester. Ils rappellent unanimement à Yang Philémon qu’il dispose de 900 milliards Fcfa pour le plan d’urgence. Et que face à l’urgence que présente la route Yaoundé-Bamenda, il y a lieu d’agir immédiatement, de manière conséquente, en puisant prioritairement dans cette enveloppe. Le Pm est déconcerté. Mais il préfère pour l’instant continuer dans la solution qu’il a retenue. C’est ainsi que deux entreprises sont retenues pour les travaux dans le cadre de ce milliard 900 millions Fcfa. La première est la Mag (une société appartenant à l’ancien ministre Shey Jones Yembe) qui est chargée de maintenir la circulation pendant la saison des pluies. Alors que la seconde société appelée Socatroco Super-confort, doit combler les nids de poule.
Il se trouve malheureusement que la route Yaoundé-Bamenda, précisément sur le tronçon Babadjou-Mbouda n’est plus au niveau des nids de poules. Elle s’est pratiquement déjà coupée. C’est aussi cela le Cameroun des grandes réalisations.
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