RAPPORT CONAC 2014 : Révélations sur le blocage à la présidence de la République
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Les invités à la cérémonie de présentation du rapport 2014 de la Commission nationale anticorruption (Conac) prévue le 18 décembre 2014, continuent vainement d’attendre la prochaine date retenue pour la présentation.

Depuis le 18 décembre dernier, le temps semble avoir suspendu son envol au siège de la Conac, sis au palais des Congrès de Yaoundé. La structure présidée par le pasteur Dieudonné Massing Gam’s s’apprêtait à rendre public son rapport 2014 sur l’état de la lutte contre la corruption, lorsqu’elle a été stoppée net par la présidence de la République, où le rapport serait encore en étude. Au sein de l’institution, personne même pas le président ne sait avec exactitude pourquoi le rapport est encore bloqué à la présidence de la République, encore moins ce qui est rapproché à ce rapport tant il est vrai que certains Acteurs reconnaissent que les rapports de la Conac contiennent très souvent de nombreuses incongruités.

Les thèses qui confirment bien, l’hypothèse d’un malaise sont légion, il n’y a qu’à constater qu’avant que la Conac n’annonce la tenue de la cérémonie de présentation de son rapport, bien d’autres institutions qui oeuvrent dans la protection de la fortune publique ont reçu le quitus d’Etoudi pour rendre public leur rapport. Il s’agit notamment de la Chambre des comptes dont le rapport a été rendu public au mois de décembre 2014.

La descente aux enfers

Après les classements controversés de l’Ong transparency international faisant du Cameroun le pays le plus corrompu au monde, le président de la République, dans sa volonté de mettre un terme à ce fléau, a mis sur pied la Conac, par décret signé en 2006. Ce n’est finalement qu’en 2010 que la structure commence à fonctionner. Dans sa mission, en tant que bras séculier de l’Etat, la Conac devait contribuer de manière significative à la lutte contre la corruption avec à la fin de chaque année la publication d’un rapport. On en a connu trois qui n’ont pas fait l’unanimité au sein de l’opinion publique. Les observateurs avertis et bien d’autres spécialistes des questions de contrôle et de protection de la fortune publique s’accordaient à reconnaitre que la Conac dans son déploiement manque de méthode.

A ceci venait s’ajouter de nombreuses récriminations des populations qui mettaient en lumière des actes d’arnaque, de corruption et de chantage dont certains membres de la Conac sont passés maîtres. En effet, le directeur de la Société de recouvrement des créances publiques mettait à nu, l’année dernière, les actions de deux membres de la Conac qui voulaient se prévaloir de leur statut qui n’accorde pourtant aucune immunité pour se livrer à des actes de chantage. Brandissant à tout bout de chant les menaces d’initier des missions de contrôle contre certaines personnalités qui ne veulent pas céder.

Les raisons du blocage du rapport

Le rapport est jusqu’au moment où nous écrivions ces lignes à la présidence de la République, selon des sources crédibles. Il est reproché aux rédacteurs de ce rapport leur esprit partisan, le fait que certains se servent de leur position de membre de la Conac pour régler leur compte à leurs adversaires. A inscrire sur le registre de récrimination, le traitement princier des cadres qui n’empêche malheureusement pas à ces derniers de plonger dans les travers de la corruption. On se souvient que trois semaines après la publication du rapport 2011, l’ancien ministre de l’Administration territoriale, actuellement incarcéré à la prison secondaire du Sed, démontait une à une les accusations portées contre lui par la Conac, sous la plume de Garga Haman Adji, un de ses membres les plus influents. Marafa Hamidou Yaya s’indignait de l’amateurisme de la Conac et invitait à l’ouverture d’un débat sain sur sa compétence et l’impartialité de ses dirigeants.

Le même constat a été fait par Bernard Messengue Avom, ancien ministre des Travaux publics, qui a défait les arguments présentés par la Conac pour justifier la thèse d’un détournement de fonds dans le cadre du marché de construction de la route Ayos-Bonis. Messengue Avom reprochait à Garga Haman Adji (encore lui !) d’avoir manqué au principe de la démarche contradictoire, en ne lui donnant pas au moment de son enquête la possibilité de donner sa version des faits. Cet ensemble de chose est, sans doute, à l’origine du dernier passage des fins limiers du Contrôle supérieur de l’Etat à la Conac. Une mission dont la fin a coïncidé avec la suspension des salaires des membres de la Conac.

Certains n’ont pas manqué d’établir un lien entre la suspension de salaire et le rapport du Consupe, qui est sur la table du président de la République. L’avenir est donc incertain pour ces hommes et femmes pour qui la mise en place de la Conac a été une aubaine pour rompre avec la pauvreté. Publiera, ne publiera pas ? Difficile de le savoir pour le moment. Mais toujours est-il que la situation actuelle appelle à des changements notables au sein de la Conac.

© L'Epervier : Alex Zambo

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