Cameroun: Dr Mpouma Jean Emmanuel « Les pays développés provoquent des guerres pour vendre leurs armes »
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Cameroun: Dr Mpouma Jean Emmanuel « Les pays développés provoquent des guerres pour vendre leurs armes » :: CAMEROON

Mpouma Emmanuel est un homme politique doublé d’un économiste de haut vol. Depuis 25 ans, il roule sa bosse dans les arcanes de l’économie en France et au Cameroun. C’est un homme averti que nous avons rencontré dans le cadre de l’entretien de camer.be. Membre du bureau politique du MANIDEM, le politique passe au crible les acteurs nationaux et internationaux qui empêchent le Cameroun de se réaliser comme société émergente. En guise de thérapie, l’ancien étudiant de la Sorbonne nous a trainés dans les méandres et les concepts qui conduisent à une variable émergence économique. Avec une incursion vers l’économie militaire.

On parle de l’émergence économique du Cameroun en 2035

C’est un concept que chacun n’a pris la peine d’expliquer. Emergence vient du latin qui veut dire sortir de l’eau. Tout dépend de quel niveau on se trouve. Le monde est dialectique mouvant et pluriel cela revient à se demander comment se comportent les autres états. En réalité, on émerge par rapport à un environnement. Est-ce que les pays développés seront stationnaires pendant que nous allons émerger ? A quel rythme évolue les autres pays en voie d’émergence ? Quelles sont les garanties que les objectifs seront atteints à terme ? Autant de questions qu’on ne s’est pas posé. On nous fait miroiter qu’en 2035 tout ira bien.

Quel est le fond de cette conception

Depuis 2008, le monde traverse une crise structurelle de la même nature et la même profondeur que celle de 1929. À la seule différence que les gouvernants des pays développés, étant avertis par cette expérience ont su réagir pour amortir les effets. Mais comme c’est une crise structurelle, les effets persistent avec des taux de croissance de moins de 1 pour cent ils ne s’en sortent pas. Il y a donc plusieurs façons de résorber cette crise. Une formule que les pays capitalistes développés utilisent et qui est le plus courant et le plus mauvaise pour nous c’est la guerre.

On est en plein dans l’économie militaire

L’économie militaire est une économie destinée à revaloriser le capital. C'est-à-dire on investir dans une entreprise qui ne produit pas de biens ou qui n’améliore pas les conditions de vie des populations mais qui fait rentabiliser le capital. Quelle est donc la meilleure manière de rentabiliser le capital ? C’est investir dans les instruments de guerre et s’en servir et on s’en sert en provocant des guerres par ci par là. Vous allez constater que lorsqu’il y a des confrontations, c’est le même fournisseur d’armes qui livre le coté A et le coté B à la fois. Il faut fructifier le capital. Le coté le plus doux de l’affaire, c’est qu’il faut trouver qui va supporter le cout de cette crise et d’une manière générale il s’agit des plus faibles.

Il y a eu des mesures d’urgence pour éviter cette situation.

Il s’agit pour les pays développés de faire supporter aux pays sous développés les effets de la crise. On est passé par les ajustements structurels, les dévaluations aujourd’hui on nous fait miroiter autre chose en faisant comprendre qu’on peut créer un marché commun entre pays développés et pays sous développés et qui sera bénéfique pour tout le monde. Ce qui est impossible. Il a fallu 25 ans pour que l’Union économique Européenne se constitue. Pour qu’il y ait un marché commun entre pays développés et sous développés, les conditions sont encore inégales. Nous entrons dans une perspective ou nous acceptons d’ouvrir nos produits au marché étranger qui viendront concurrencer une entreprise naissante et sans moyens. On aurait il y a 30 ou 40 ans avoir pour objectif l’industrialisation de notre économie. Nous sommes entrain de vouloir nous adapter à une situation, ce n’est pas comme cela qu’on conçoit le développement.

Les projets structurants ont été conçus pour booster l’économie.

Pourquoi ce n’est qu’aujourd’hui qu’on entend cette avalanche d’émergence des économies des pays Africains ? C’est parce que les pays développés qui font de la prospective parce qu’ils sont capables d’analyser l’évolution de l’économie mondiale dans 20 ans savent que les principaux débouchés seront chez nous. Ils savent que les prochaines délocalisations de leurs entreprises sera faite en direction des pays Africains. Leur préoccupation est donc comment créer des conditions « cout de main d’œuvre, conditions fiscales et autres » pour l’extension des Investissements Directs Etrangers « IDE ». Il y a un marché potentiel, il faut créer des conditions d’accueil de ces entreprises. On veut structurer notre économie pour qu’elle offre aux entreprises étrangères leurs conditions d’arrivée. Pour accueillir ces entreprises étrangères il faut avoir une infrastitures adéquates, c’est ce qu’on appelle projets structurants.

Quelles sont pour vous, les conditions d’une véritable émergence ?

Si on considère qu’il n y a pas de véritable émergence sans industrialisation, Il faut se fixer des objectifs dans les secteurs de l’économie. Le micro nationalisme ne paye pas. L’émergence ne peut être conçue qu’au niveau régional. L’Afrique centrale par Exemple doit constituer un seul Etat. Les différents pays doivent être des pôles de développement en fonction de leurs potentialités économiques. Le marché c’est l’Afrique centrale et non le Cameroun.

© Camer.be : Entretien avec BERNARD BATANA

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