CRISE ANGLOPHONE : Atanga Nji met « les chefs de terre » au pas
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Le nouveau patron de la territoriale exige désormais deux bulletins de renseignement par jour, contre un par semaine tel que pratiqué jusqu’ici.

Bien que frappée du sceau « confidentiel », la correspondance du ministre de l’Administration territoriale (Minat), adressée aux gouverneurs de région, aux préfets et aux souspréfets s’est retrouvée - comme par hasard - sur les réseaux sociaux. Nouvellement porté à la tête de ce ministère sensible, Paul Atanga Nji réaménage dans cette correspondance, la périodicité de la « synthèse sur la situation sociopolitique et sécuritaire de [vos] circonscriptions respectives ». Le Minat demande ainsi à chaque patron d’unité administrative, de lui faire tenir par jour, deux bulletins de renseignement quotidien « en vue de disposer de données complètes et actualisées sur la situation sociopolitique et sécuritaire de [vos] unités de commandement pour la très haute information de monsieur le président de la République ».

Concrètement, Paul Atanga Nji instruit aux sous-préfets deux « comptes rendus » sécuritaires - 09h 30 minutes et 14h 30 minutes - adressés aux préfets. A leur tour, ces derniers président deux réunions - à 10h 30 minutes et 15h 30 minutes -, qu’ils font tenir aux gouverneurs ; à charge pour ceux-ci d’adresser leurs travaux - de 11h et 16h - au Minat. Cette nouvelle instruction vient mettre fin à une tradition. Jusqu’ici, ces autorités tenaient ces réunions une fois par semaine, le lundi pour les sous-préfets et le mardi pour les préfets ; et les gouverneurs les jours suivants. Prennent part à ces rencontres, le ou les commandant(s) de brigade de gendarmerie, les commissaires, les maires et d’autres patrons de  services administratifs.

Une autre grande réunion de ce type est présidée trimestriellement par les gouverneurs de région. Avec l’arrivée du nouveau Minat, la donne va visiblement changer. Car, c’est tout le style Atanga Nji, un homme «méthodique» selon un ancien collaborateur. Celui qui était encore il y a une semaine, ministre chargé de mission à la présidence de la République, est réputé pour être un « bosseur qui n’aime pas remettre à demain le travail qu’il peut faire aujourd’hui ». Un de ces proches rapporte que le nouveau Minat « dort peu ». « Il travaille jusqu’à tard. Il peut se mettre au lit à 03h du matin et être debout à 05h. Il fait la messe tous les matins après son réveil et ce, peu importe où il se trouve. Après, il reçoit et va au bureau ». Figure controversée de la crise anglophone, Paul Atanga Nji est un « boulimique » du renseignement.

Réseaux

C’est en effet de son bureau qu’il occupait depuis 2007 au bâtiment A de la présidence de la République, que ce natif de Bamenda dans la région du Nord-Ouest, a continué de développer ses réseaux de renseignement. Réseaux mis en place dès 1990 et le début des « années de braises » au cours desquelles il travaille de concert avec Jean Fochivé - le chef craint de la barbouzerie de l’époque - pour casser la fronde sociopolitique contre le président Paul Biya qui gagne le pays.

« C’est un homme droit mais dur, qui a une haute idée du  pouvoir de l’Etat », se souvient une ancienne collaboratrice qui n’est pas étonnée de cette correspondance adressée aux patrons d’unités administratives, qui tombe juste trois jours après sa prise de fonction. Ce qui laisse très peu de doute sur comment le nouveau chef de l’Administration territoriale, - l’un des ministères dotés d’un des plus grands réseaux d’information -, entend mener sa mission en cette année délicate qui doit connaître plusieurs scrutins, dont la très importante élection présidentielle.

Paul Atanga Nji s’est en effet illustré depuis fin 2016 par une position dure dans la crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Sur les antennes de la radio nationale, cet ancien financier, promoteur de l’ex-banque Afriland High Bank Corporation et secrétaire permanent du Conseil national de sécurité, déclarait avoir des informations sur les mouvements financiers entre l’étranger et les manifestants camerounais dans les régions anglophones. Ceci, pour justifier que le mouvement n’avait rien de revendications sociales et corporatistes, mais visait plutôt la partition du pays. Vomi par les partisans de la cause sécessionniste, « il continue de défendre qu’il n’y a pas de problème anglophone au Cameroun », déclare un de ses proches.

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