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© Le Jour : Propos Recueillis Par Haman Mana
- 13 Jul 2016 07:30:38
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CAMEROUN :: Grégoire Owona : “Le Président Paul Biya a répondu à une demande de pardon” :: CAMEROON
Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Secrétaire général adjoint du Comité central du Rdpc réagit à la libération de Me Lydienne Eyoum, la situation des autres prisonniers de l'opération Épervier, la nomination d’Aminatou Ahidjo et à d’autres sujets de l’actualité.
Monsieur le ministre, Aminatou Ahidjo, dont vous avez pris la défense dans un courrier des lecteurs au Jour, vient d’être nommée Pca du Palais des congrès : Enfin « quelque chose » pour la fille de l’ancien chef d’Etat, et néo membre du Rdpc ?
Rappelons pour les lecteurs qu’il s’agissait précisément d’un appel à un peu d’élégance visà- vis de cette concitoyenne et camarade du Rdpc. Je dénonçais la virulence des mots choisis dans votre éditorial suite au ralliement de Madame Aminatou Ahidjo au Rdpc. L’image utilisée « une femme nue que vous avez habillée au pagne de votre parti », m’avait particulièrement semblé et c’est encore le cas, un peu violente et forte pour ne pas redire injurieuse. Ma conviction en tant que homme politique est que nous devons garder une courtoisie républicaine certaine et rendre convivial le monde politique.
A ma connaissance, Mme Ahidjo est revenue au Cameroun et a adhéré au Rdpc parce qu’elle croit en la vision de développement du Président Paul Biya pour ce pays qui est le sien, autant qu’il est le vôtre et le mien. Pour reprendre votre expression, je crois savoir qu’elle a toujours eu quelque chose avec son pays, ne seraitce que par son destin de fille de Chef d’Etat. Cette nomination est non pas « enfin quelque chose » mais désormais une « fonction publique » sous le Renouveau. Il y a un début à tout, c’est le début d’une nouvelle expérience administrative et socio-politique. Enfin, l’illustration que ce n’est pas seulement « quelque chose » c’est cette déclaration du nouveau Pca : « ce lieu a été inauguré par son Excellence Ahmadou Ahidjo, mon père, le 12 mai 1982. J’y reviens. J’ai été nommée par son Excellence Monsieur le Président Paul Biya; donc l’émotion…vraiment tout y est». Il y’a là un engagement et un attachement personnels.
A son âge, par ses origines familiales, compte tenu de l’éducation reçue, de l’environnement dans lequel elle vit et a vécu jusqu’ici, elle a l’expérience et les atouts humains et intellectuels pour se mettre, à travers cette opportunité au service de son pays. Contrairement à certains de ses compatriotes, elle ne demande qu’à rendre à son pays ce que son pays lui a donné.
Comment le parti compte-t-il utiliser ce nouveau membre de « poids » ?
Comme il utilise tous ses membres, comme une militante ayant des droits et des obligations au regard des statuts de notre Parti. Merci de reconnaitre que c’est un membre de poids et notez que le Rdpc compte sur elle pour servir partout et en tout temps de vecteur de la politique de Rigueur et de Moralisation de son Président fondateur. Il appartient pour le reste, aux instances dirigeantes du Parti et au Président national, de faire appel aux talents et aptitudes de Mme Ahidjo pour des missions qu’ils voudront bien lui confier. Elle a des talents et des atouts à mettre à la disposition de son parti. Ce qu’elle faisait déjà et maintenant elle pourra faire de même pour son pays.
Depuis la libération de Lydienne Eyoum, un vif débat oppose les Camerounais sur les pressions de la France, ou alors un acte souverain du chef de l’Etat, Paul Biya. Quelle lecture faites-vous de cette mise en liberté ?
Je salue le Président Paul Biya pour le pardon, donc la mise en liberté de Me Lydienne Eyoum, mais je salue aussi la France pour la détermination affichée dans la protection de ses citoyens. Rappelez-vous de la visite du Président Hollande il y’a un an : les Camerounais de bonne volonté à l’époque avaient apprécié cette attitude du Chef de l’Etat et s’étaient déjà mis à suggérer que Me Lydienne Eyoum devait dans tous les cas rembourser le milliard détourné. Je me réjouissais déjà alors, de cette disponibilité à accorder le pardon lorsqu’on le demanderait.
Le Chef de l’Etat avait en effet promis que si la concernée en faisait la demande, il pourrait utiliser les pouvoirs que lui confèrent la Constitution pour examiner ce dossier. Connaissant sa sagesse très appréciée même au-delà de nos frontières et son caractère légaliste, il faut être de mauvaise foi pour prétendre qu’il n’a pas agi de manière souveraine et sereine, conformément à la loi. Cette remise de peine présidentielle est un acte légal. En déplaçant si facilement le sujet sur le terrain politique, il est normal qu’on s’égare en conjectures et je ne voudrais pas m’égarer. Le Président Paul Biya a utilisé ses prérogatives constitutionnelles de Chef de l’Etat. Je suis convaincu qu’il est disposé à les utiliser pour d’autres Camerounais, mais ceux-ci ont-ils l’humilité ou le courage de reconnaitre leurs fautes, de demander pardon ?... Il y’a des procédures à respecter pour bénéficier d’une telle mesure!
Au-delà, ne pensez-vous pas que Paul Biya se doit de trouver une solution globale aux prisonniers de « l’opération Epervier », dont la détention longue et contestée commence à faire des vagues y compris sur le plan de la réputation internationale du Cameroun ? (Affaire Marafa, Mebara…)
La responsabilité du Président est connue, en ce sens qu’il a pris l’engagement politique de ne pas laisser des « voleurs à cols blanc » détourner et abuser de la fortune publique. Il appartient à la Justice et aux magistrats en charge de ces dossiers de parfaire cette mission qui est déjà bien entamée par ces derniers. La Justice doit poursuivre cette mission délicate et difficile qui l’expose à diverses pressions, on ne peut le nier, il y a des pressions. Mais le Président Biya reste sur sa trajectoire : gérer le Cameroun dans la légalité et la justice sociale.
Rappelez-vous de la ferveur et de l’adhésion qui a secoué favorablement tous les Camerounais lorsque le Président Paul Biya a déclaré au sein d’un Congrès du Rdpc la lutte contre les « voleurs à cols blancs »… rappelez-vous de tous les appels venant du pays profond contre la corruption, contre les détourneurs de deniers publics. La presse elle-même titre à longueur de semaines et de mois sur les prévaricateurs supposés de la fortune publique… Voulons- nous une chose et son contraire ? Evidemment personne ne savait qui allait passer à la trappe ! Maintenant qu’on a des visages en face de nous, vous trouvez les détentions longues et contestées, et ceux-là même qui revendiquaient souhaitent l’abandon des poursuites…
Comme disent les juristes, « Dura lex sed lex ». Personnellement je suggèrerai deux choses : pour les cas de corruption ou de détournements, que les coupables reconnaissent leurs fautes, demandent pardon et restituent si c’est encore possible le corps du délit. Mais je constate, pour le déplorer que personne ne reconnait aucune faute et renvoie toute la responsabilité sur le politique, sur le système… même si le système a sa part de responsabilité. Nous avons dépassé et perdu le sens de la mesure et ayons l’honnêteté et le courage de nous poser certaines questions: comment un fonctionnaire de catégorie A2 avec moins de huit ans de carrière ou Ministre depuis moins de dix ans peut-il avoir de nombreuses propriétés au Cameroun et à l’étranger ? Avoir 10 voitures dans le même parking ?
Entretenir cinq, six ou sept ménages, quand ce n’est pas plus ? Voyez-vous, on pourrait demander que la loi soit moins dure, il appartient aux magistrats d’apprécier et alors nous pourrions envisager même la révision des lois actuelles. Lorsque le Président Biya a engagé ce combat par ses déclarations claires à l’époque, je savais que cela allait s’avérer très impopulaire et pas facile à accepter, car mon expérience professionnelle dans le privé puis dans le public me permettait une assez bonne connaissance de l’environnement dans lequel se retrouvent ceux qui sont perçus comme corrupteurs et de ceux qui sont perçus comme corrompus. Ce qui est grave est que les gens n’acceptent plus cette lutte contre ces maux et continuent dans notre Administration à détourner et à fonctionner dans un laxisme préjudiciable à notre réputation internationale comme vous dites : lorsque les plaignants écrivent à l’Onu, cette dernière consulte notre Administration : leur donne-t-elle les bons éléments d’appréciation de la situation ?
L’Onu a-t-elle vraiment toutes les informations pour prendre position ? J’ai des frères et des amis parmi ces citoyens privés de liberté, il y a des familles qui en souffrent. La justice a dit le droit et pouvonsnous sans qu’ils ne demandent pardon, sans qu’ils ne reconnaissent leurs fautes, sans raisons ou preuve contraire irréfutable exiger leur liberté ou jeter notre magistrature en pâture ?
La gestion de ces affaires, pour vous n’est-elle pas un caillou dans la chaussure du régime en place ?
Non. La gestion de ces dossiers connait quelques évolutions surprenantes mais le régime n’a pas à rougir d’être en train de mener une campagne de salubrité publique pour le bénéfice du Cameroun. Une fois encore, et malgré tout ce qui peut nous être affiché pour montrer quelque injonction de l’Exécutif, il s’agit à mon avis d’une mauvaise interprétation de l’expression de la volonté politique qui vise à ne protéger aucun citoyen fut-il ministre. Les magistrats au Cameroun sont libres, selon le principe de séparation du pouvoir, d’agir selon leur compétence technique sur tous les dossiers même dans le cadre de ces « affaires ».
Il y a quelque temps, vous étiez, l’une des rares voix de la hiérarchie Rdpciste à marquer votre étonnement, dans la vague des « appels » à une élection anticipée…À ce jour, quel commentaire pouvezvous faire de l’évolution de ce dossier dans l’appareil du parti ?
Je n’avais pas seulement marqué mon étonnement face à l’élection présidentielle anticipée réclamée, j’avais exprimé ma réserve pour ne pas dire plus. Pourquoi faire une élection anticipée alors que le Président Biya déroule un brillant septennat ? On n’a pas pu me donner une réponse claire et convaincante à cette question. Ma conviction est quecette histoire d’élection anticipée cacherait une vraie et dangereuse déstabilisation sur laquelle je me permettrai peut-être, si Dieu m’en donne l’opportunité de revenir abondamment. J’y travaille car il y a des choses très originales à faire découvrir aux Camerounais…
Je ne ferai donc pas de commentaire mais un rappel. L’élection présidentielle prochaine est prévue pour 2018 et en attendant de savoir quelles sont les raisons pour lesquelles certains en appellent à une anticipation, je pense qu’il ne faut pas y aller avant. Quant à l’évolution de ce dossier dans l’appareil du Parti, je ne sais pas si l’anticipation d’une élection présidentielle est une affaire du Parti. Elle est du ressort de l’Exécutif (certes incarné par le Président National du Rdpc) et c’est à l’Exécutif de se prononcer sur cette question si cela est nécessaire. Toutefois, les militants du Rdpc sont, comme des boyscouts, « toujours prêts » et attendent seulement en sachant qu’au plus tard c’est en octobre 2018. Ils sont tous mobilisés et le Secrétaire général, Jean Nkuete poursuit quotidiennement sa mission de mobilisation et d’animation avec toute son équipe afin que le Rdpc confirme sa place de parti leader.
Le Ministre du Travail pense-t-il que les nouvelles dispositions du Code pénal protègent le travail, les travailleurs et la Justice Sociale dans notre pays ?
Le travail et les travailleurs sont protégés par la Constitution et le Code du travail en vigueur puisqu’il dispose en son article 171 que « les dispositions du Code pénal sont applicables : à ceux qui se rendent coupables d’actes de résistance, d’outrage et de violences contre les inspecteurs du Travail et les médecins inspecteurs du Travail. C’est cette institution, l’Inspection du Travail, qui garantit, vous l’aurez compris, la protection du travail et du travailleur… C’est pour cela que depuis quelques mois, j’en appelle à une nouvelle inspection du Travail. Qui doit de manière offensive aller dans les entreprises et s’assurer que les droits des travailleurs y sont respectés.
Ces travailleurs bénéficient aussi d’une protection qui leur est garantie par les conventions et normes internationales. Cette protection va davantage être renforcée dans le nouveau Code pénal adopté par les deux chambres qui prévoit la criminalisation de la non-exécution du contrat de Travail. Le nouveau texte adopté par les deux chambres du Parlement a en effet introduit des pénalisations de comportements par exemple la veuve concernée dans les dispositions qui condamnent les personnes (qui ne sont pas les époux) responsables de l’expulsion d’un conjoint du domicile conjugal.
Pour le plus grand nombre de citoyens des villes en particulier, on sera obligé d’enregistrer par exemple les contrats de bail et de matérialiser les paiements, ce qui va accroitre quelque peu les ressources pour notre développement. Nous trichons trop et il est souhaitable de corriger nos comportements. Ces nouvelles dispositions du Code pénal devraient nous y aider.
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