Guerre contre Boko Haram : La France au banc des accusés
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Paris a toujours démenti tout lien avec la secte terroriste, alors que le sentiment anti-français gagne du terrain.

Le président français, François Hollande, est annoncé en visite officielle le 3 juillet prochain à Yaoundé. Cette visite intervient au moment où l’image de la France est écornée par des accusations de complicité avec la secte terroriste Boko Haram, à qui le chef de l’Etat camerounais a déclaré la guerre le 17 mai 2014. Paul Biya avait fait cette annonce à l’issue du sommet de Paris pour la sécurité au Nigeria. En effet, depuis le début de cette guerre, la France a, plus d’une fois, été accusée de soutenir en douce les terroristes dans le but de déstabiliser le pouvoir de Yaoundé. Lors de la «grande marche patriotique» du 28 février dernier au Boulevard du 20 mai, l’ambassadrice de France au Cameroun, Christine Robichon, avait été huée par des hordes de jeunes.  Cet «incident diplomatique» avait pris au dépourvu les organisateurs ainsi que les membres du gouvernement présents dans les rangs des manifestants.

L’occasion faisant le larron, ces jeunes avaient profité de cette marche de soutien à l’armée camerounaise et aux victimes des exactions de Boko Haram, dans l’Extrême-Nord du pays, pour scander des slogans hostiles contre l’Hexagone : «Non à la guerre ! Non à Boko Haram ! Non à la France.» Certains médias audiovisuels n’ont pas manqué de relayer ce sentiment antifrançais. Lequel s’est également déporté dans les discussions sur les réseaux sociaux. En réaction, la France a toujours rejeté tout lien avec la secte terroriste qui a déjà causé la mort de plus de 3.600 personnes depuis 2009. En septembre 2014, l’ambassade de France au Cameroun a publié un communiqué sur son site web dans lequel elle nie toute activité secrète liée contre le Cameroun dans la guerre contre cette nébuleuse. Christine Robichon ne rate par ailleurs aucune occasion pour rassurer les populations camerounaises et les autorités publiques quant au soutien de son pays dans cette lutte contre les terroristes.

Blason

La diplomate avait profité de la signature d’une convention entre la Croix-Rouge camerounaise et française en vue de l’accès aux services de santé des femmes et enfants de moins de  5 ans issus des populations réfugiées, déplacées internes et populations hôtes dans l’Extrême Nord, le 23 avril dernier à Yaoundé, pour «présenter les condoléances de la France à toutes les familles camerounaises endeuillées par la violence terroriste.» Elle était allée sur les antennes de la chaîne de télévision à capitaux privés, Canal 2 international, le 19 février dernier – soit quelques jours avant la «grande marche patriotique» – pour démentir les accusations de complicité portées sur son pays. «La France ne soutient pas Boko Haram», a-t-elle dit en substance. Réaffirmant par là la position de son pays dans ce conflit. D’autres personnalités françaises ont, elles aussi, mêlé leur voix dans ce chapelet de dénégations. C’est le cas de Bernard Cazeneuve.

En visite au Cameroun en mai dernier, le ministre français de l’Intérieur avait annoncé un «soutien plus accru» de son pays au Cameroun dans cette guerre. Le ministre français des Affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius, avait lui aussi dénoncé les rumeurs de complicité de son pays avec Boko Haram, lors de son séjour en terre camerounaise en mars dernier. Il  avait également réaffirmé le soutien de son pays dans cette guerre. Avant lui, c’est le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui avait fait le déplacement de Yaoundé le 13 novembre 2014. Philippe Baumel, membre de la Commission des Affaires étrangères, et Philipe Lellouche, membre de l’Union pour un mouvement populaire (Ump), tous deux députés du pays de François Hollande, étaient également au Cameroun le 29 janvier 2015. Toutes ces visites, indique-t-on, visent à renforcer les intérêts économiques français au Cameroun. Pour plusieurs observateurs cependant, Paris tente par là de redorer son blason, sérieusement entaché par ces accusations.

© Mutations : Patricia Ngo Ngouem

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