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© Correspondance : Joselin Paulin Ouambo Ouambo
- 28 Jul 2021 13:30:15
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CAMEROUN :: Participer c’est exister ! :: CAMEROON
En sciences politiques, la participation est un terme général recouvrant les différents moyens par lesquels les citoyens peuvent contribuer aux décisions politiques. Dans la pratique politique institutionnelle démocratique que le système a imposé à la majorité, participer au jeu démocratique revient à aller mettre son bulletin dans une urne après cinq ans, après sept ans cela dépend de l’élection. Mais en ce temps ou de par le monde les citoyens et les jeunes en particulier expriment de forte manière leur désintérêt pour les scrutins démocratiques, il me semble utopique de penser que le citoyen Camerounais doit continuer de se contenter de voter. D’un autre côté, La participation est là également pour montrer la nécessité pour les citoyens de ne pas se laisser endormir par les charmes de la démocratie représentative et l’illusion qu’elle donne de pouvoir abandonner le système à lui-même et vaquer à ses occupations qui par ailleurs sont importantes.
Pierre Rosanvallon a écrit avec raison que « la démocratie ne peut plus s’envisager à travers la seule activité électorale, elle doit aussi bien assurer la participation de tous ceux qui sont concernés par les conséquences de l’action publique que promouvoir un contrôle impartial des activités, de gouverner à travers des institutions de surveillance adaptées ». Il est donc impératif d’impliquer les citoyens dans la prise de décision publique et dans la mise en œuvre des grands projets structurels afin de réduire les possibilités de résistances et anticiper les mouvements de contestations.
C’est dans ce cadre général que j’inscris les mouvements de protestations de la diasporas Camerounaise et plusieurs mouvements d’humeur de certains groupes sociaux au Cameroun, ce sont des nouvelles formes de participation politique. L’évidence nous rappelle que c’est aussi le rapport que les individus ont au politique qui permet de comprendre la nature et l’orientation des modes de participation car la participation politique est au fond largement fonction de la nature de l’état ; ainsi, le citoyen ne se comportera pas de la même manière s’il a en face de lui un gouvernement compétent, responsable, sensible aux demandes sociales que s’il a en face l’opposé de celui-ci.
Il ne me vient pas à l’esprit ici de lister les différentes formes de participation politique « cela fera l’objet d’un autre texte) le constat étant fait que la forme traditionnelle de participation politique prête à débat, je souhaite au vue de l’actualité au Cameroun approfondir le débat sur la participation politique que j’inscris dans un processus avec des étapes plus ou moins identifiées.
A un moment chacun doit devoir prendre position.
Il y a quelques jours le lanceur d’alerte Boris Berthol dans une de ces nombreuses publications intitulée « ces députés femmes et influenceuses nous servent à quoi ? » s’étonnait du fait que devant les multiples violences sur les femmes ces derniers temps au Cameroun on n’ait pas entendu ou pas suffisamment les femmes leaders (députées, influenceuses) et à mon tour de m’étonner qu’il le soit car, à la vérité en général les Camerounais ne prennent position sur rien du tout, qu’il soit une personnalité publique (homme ou femme) ou un citoyen ordinaire, s’il fallait s’en tenir à cette parole de Martin Luther King « Un Homme meurt lorsqu’il refuse de défendre ce qui est juste. Un Homme meurt lorsqu’il refuse de se battre pour la justice. Un Homme meurt lorsqu’il refuse de prendre position pour ce qui est vrai », je serais tenté de dire que bien qu’ils soient vivants l’immense majorité des Camerounais sont déjà morts. Ils n’existent donc pas ! Au Cameroun combien sont-ils devant les faits marquants de la société ou devant des situations criardes d’injustices qui sont pourtant monnaies courantes à dire tout simplement ce qu’ils pensent ou mieux prendre position de manière net et clair dans le sens de la justice!
Pour illustrer mes propos je prendrai un seul exemple, juste un seul qui a lui tout seul suffit à montrer l’état comateux dans lequel se trouve l’immense majorité de nos compatriotes. Au moment où j’écris ce texte, le Cameroun mène une guerre fratricide en zones Anglophones depuis cinq ans, cette guerre choisie et responsable de milliers de morts et de l’exode de plus d’un million de réfugiés, combien sommes-nous à demander que cette guerre cesse ! au plus prendre position ! ceux qui ont essayé croupissent dans les geôles du tyran sous l’indifférence de la masse. Ce qui partout ailleurs aurait provoqué une levée de boucliers du peuple sous l’égide de ses stars politiques, sportifs, musiciens… chez nous laisse libre cours à l’amusement.
En occident, ils sont très peu de vedettes à ne pas être porteurs d’une cause humanitaire, aussi en Afrique il y a des exemples qui forcent l’admiration, face à la violence policière au Nigéria il y a moins d’un an on a vu des artistes se mobiliser (Wizkid, Davido) en Côte-d’Ivoire dernièrement face à la volonté du président Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat, on a vu les artistes comme Meiway se prononcer de façon ferme. Il est donc possible de faire autrement, c’est une autre forme de participation politique.
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