Fractures, alliances politiques, ambitions et ressentiments dans la perspective de la présidentielle
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CAMEROUN :: Fractures, alliances politiques, ambitions et ressentiments dans la perspective de la présidentielle :: CAMEROON

Bis repetita. Dans vingt et un mois, le Cameroun va repasser les plats de la célèbre « télénovela » électorale présidentielle qui, à l’instar d’un feuilleton à épisodes sans suspens, ni rebondissements, est diffusée depuis plus de quarante ans. Une longévité qui n’a d’égal qu’un seul exemple dans les annales du Guinness Word Records. Aucun doute, que cette fois encore dans ce pays, la ritournelle de la fièvre et de l’agitation électorale qui sept fois de suite s'est déjà emparée, l’espace de cinq, puis de sept ans, pendant quarante-deux ans, va consacrer le temps de la reconduction du même homme : l’inamovible M. Paul Biya. 

En rapport donc avec ce qui va se passer dans exactement moins de deux ans désormais, si le calendrier électoral est respecté bien évidemment, pour comprendre en général le mercato politique en cours en ce moment dans ce pays du golfe de Guinée, il faut nécessairement, n’en déplaise à d’aucuns, faire dans la dialectique politique. Il faut en effet sortir des sentiers battus du simple manège des questions/réponses alambiquées et lapidaires, de l'observation dissipée et distraite de la scène politique en sourde transe un peu comme si elle était sous l’emprise de la plante hallucinogène iboga, et entrer résolument dans le sérieux et la méthode de la rigueur d’une réflexion et analyse politique profondes et froides. Dans la perspective des élections présidentielles de 2025, il y a actuellement en effet au Cameroun trois offres d'alliances politiques qui entonnent le credo de rassembler pour mettre en ordre de bataille les forces qui souhaitent voir bouger la donne politique interminablement figée depuis 1960. Un changement qui pourrait alors, soit se faire dans le cadre de ce qui a été à dessein mis en place au moment où ce pays a accédé à ce que certains, les partisans du statu quo, considèrent comme l'indépendance, soit aboutir à la remise en cause totale de ce que d'autres, les patriotes authentiques, ne voient que comme ayant été un habile recyclage de la pratique colonialiste directe. Dans le premier cas, il serait alors question d'une alternance politique dont le but serait simplement de procéder à une sorte de jeu de chaises musicales, une sorte de « on bouge tout mais on ne change rien au fond », et dans le deuxième, il s’agirait d'une alternative politique qui trancherait dans le vif, sans recourir à la force armée patriotique, nationaliste et panafricaniste à la manière de ce qui se passe actuellement dans l’Alliance des Etats du Sahel (AES), au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le cordon ombilical qui continue depuis plus de 60 ans au détriment des intérêts des nationaux, par le truchement de réseaux néo-coloniaux opaques, complexes et multiples, à mettre subtilement le Cameroun au bénéfice de la France, en coupes réglées. 

Dans leur ordre de création, il y a en premier, l'offre du Cadre Citoyen de Concertation (C3) dont nous sommes personnellement membre, tout comme le sont aussi le Pr Olivier Bilé et le Docteur Louis-Marie Kakdeu. Une plateforme proposée depuis quelques années déjà par le président Djeukam Tchameni, un vieux routier prolixe et stratège politique dont les préférences sont toujours allées depuis plus de trente ans à la révolution et aux intérêts nationaux et panafricanistes, et qui est aussi à la manœuvre pour un Front des Progressistes du Cameroun (FPC) qui regrouperait les souverainistes, les socialistes et les panafricanistes, et dans la structuration duquel le Docteur Louis-Marie Kakdeu, devenu l’un des vices-présidents du Social Democratic Front (SDF), joue un rôle central. 

Il y a ensuite l'Alliance Politique pour le Changement (APC), une offre du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun qui a reçu pendant la Convention de ce parti qui a reconduit à sa tête le Pr Maurice Kamto, un soutien appuyé de l’honorable Jean Michel Nintcheu, un ancien héraut du SDF. Et, il y a pour clore cette liste, l'Alliance pour la Transition Politique au Cameroun (ATPC), du Pr Olivier Bilé, l’un des leaders qui milite pour la sacralisation et le retour aux fondamentaux politiques et moraux, dans l’action politique au Cameroun. Une alliance pour laquelle penche plutôt l’honorable Cabral Liibi Li Ngue qui d’une certaine manière, dit aussi ainsi non à l’appel de l’APC qui aurait voulu à tout le moins le compter parmi ses soutiens, à défaut d’en être un membre.

Des fractures …

La première observation qu'il faut faire dans cette étude porte sur le relatif confusionnisme que favorise l’objet de ces regroupements qui ne facilite pas la lecture ni de la situation, ni de la direction politique que pourraient prendre les choses, aux non-initiés de la chose politique camerounaise, mais entretient même plutôt le mélange des genres sur ce plan-là puisque tous disent d’une part concourir, au rassemblement, et, d'autre part, contribuer à la nécessité de faire échec au Parti État, le RDPC lors de la prochaine élection présidentielle prévue constitutionnellement en octobre 2025. Au-delà des affichages, des symboles et des promesses qui très souvent en politique sous les tropiques et même en dehors de ceux-ci, sont à dessein trompeurs, la deuxième observation qu’il faut absolument faire toujours pour la bonne compréhension des choses, est celle de l’importance qu’il y a à bien définir le concept de « parti d’opposition ». Il faut nécessairement en effet, commencer par expliciter ce que signifie en général, d'une part, être un parti d'opposition, au sens noble de la formule, et, d'autre part, en particulier, ce que veut dire être un parti d'opposition au Cameroun. Il faut absolument le faire avant d’envisager la suite que l’on entend donner aux événements et actes politiques que les uns et les autres entendent poser tout le long du processus électoral, dans l’action politique et militante dans notre pays. En politique l’usage des mots fourre-tout et chauves-souris dans les définitions, est cause de beaucoup de malentendus et de nombreuses et fâcheuses méprises sociales et organisationnelles. 

Et, la troisième observation qu’il faut faire ici, est celle du sens politique réel qu’on devrait être amené à donner aux résultats des compétions électorales dans un pays où le RDPC, le Parti-Etat, est à la fois juge et partie. Un juge qui instruit, administre et sanctionne, alors qu’il est lui-même en lice pour la même compétition électorale à l’issue de laquelle on doit déterminer la détention et la dévolution du pouvoir politique qui est l’ultime déterrent dans la société. Et ceci soit directement, soit indirectement par le truchement de ses partis satellites qui ont voix au chapitre dans tout ce qui se fait dans la nébuleuse de l'opposition. Et pour étayer notre propos très concrètement sur ce point, en effet, c’est lui qui a décidé arbitrairement et de manière discrétionnaire à l’issue de la présidentielle de 2018, du classement que l'on veut absolument aujourd'hui nous amener à considérer comme le principal indicateur du choix du candidat de l'opposition lors de la prochaine élection présidentielle de 2025. La logique et l’honnêteté intellectuelle voudraient que si on l'accuse donc a raison le pouvoir RDPC d'avoir infiltré l'opposition et d'en tirer les ficelles, qu’on reconnaisse aussi objectivement dans la même veine, qu'il est celui qui a fait cavalièrement de Paul Biya, de Maurice Kamto, de Cabral Liibi Li Ngue, et de Joshua Osih, le 1er, le 2eme, le 3eme et le 4eme dans l'ordre d'arrivée à l’issue du même scrutin. Rien ne l’empêchait ou ne lui interdisait d’inverser cet ordre, et de faire de Joshua Osih, le 2ème, du Pr Maurice Kamto le 3ème, et de l’honorable Cabral Liibi Li Ngue le 4ème, puisque selon l’adage et le bon sens pratique des choses, qui peut beaucoup faire, n’a aucun mal à faire peu ou bien moins. 

Dans les attendus de la démarche en cours pour la prochaine échéance électorale, au regard de ce qui s'est passé en 2018 et de ce que l'on propose pour 2025, il y a donc objectivement comme une sorte de parallélisme des formes. Dans les faits, le RDPC est toujours à la fois le juge du siège, de l’instruction et du parquet. Dans la configuration actuelle des choses, il est en somme le maître absolu de tous les processus électoraux au Cameroun. On ne peut pas sérieusement le sanctifier en lui donnant le bon dieu sans confession dans la présidentielle de 2018, et le diaboliser en l'envoyant en enfer dans celle qui se prépare pour 2025. Il y a incohérence politique et maldonne puisque, d'une part, dans les deux cas, c'est lui qui est le maître d'ouvrage, et d'autre part, c'est lui qui distribue les cartes du jeu. Logiquement, dans un cas comme dans l’autre, on est dans un jeu de dupes à somme nulle dont on ne saurait sérieusement se prévaloir dans une saine compétition politique dans un pays démocratique.

… des contradictions
 
Dans ce qui depuis plus de 60 ans défie toutes les lois de la pesanteur en politique, le poids du subjectivisme dans l’équation électorale est tel que si l'on veut vraiment comprendre les remous de surface, que suscite en ce moment au Cameroun la problématique de la candidature unique de l'opposition, il y a objectivement trois considérants qu'il faut absolument prendre en compte. Il y a d'abord celui du contexte dans lequel cette opération intervient. Il y a ensuite la particularité de l’homme qui en a lancé l'idée en ce moment précis. Et il y a enfin les motivations profondes de cette opération dont pratiquement tous les indices et les faisceaux montrent plutôt le caractère politicien et démobilisateur, qu’une plus-value politique de rassemblement. 

Sur le premier de ces trois considérants donc, il faut souligner que cette affaire intervient comme par hasard immédiatement dans la foulée de la crise que connaît le SDF, et qui s’est soldée par l’exclusion d’un certain nombre de ses militants les plus en vue au nombre desquels figure, le remuant et trublion député Jean Michel Nintcheu. Même si l’on s’en défend, ce qui est compréhensible puisque nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, l’annonce de cette alliance a donc forcément une odeur de soufre et charrie de loin des effluves de ressentiment et de besoin de faire payer à des rivaux le prix de l’affront que l’on a subi et que l’on veut laver. Dans le cas où cette affaire ne serait donc motivée que par le besoin de nuire ou de se venger, il ne serait pas honnête politiquement parlant dans ce contexte pré-électoral qui engage l’avenir du Cameroun, de la créditer d’une quelconque vertu politique. 

Pour ce qui est de la personnalité de son principal officier traitant, à savoir l’honorable Jean Michel Nintcheu, il est difficile de chercher à masquer l’intérêt réel qu’il aurait d’affaiblir d’avantage ses anciens camarades du SDF, et tout aussi difficile de maquiller le profit que devraient en tirer ses nouveaux alliés du MRC dont il a flatté habilement en plus l’ego en s’érigeant en ardent agent promotionnel de la candidature unique à la présidentielle de Maurice Kamto en pleine Convention qui a reconduit l’homme dans ses fonctions de président du parti. 

Quant aux motivations profondes de cette opération, elles ont plus l’air d’une démarche politicienne que d’une véritable stratégie politique dont le but serait de faire mordre effectivement la poussière au candidat du RDPC quel qu’il soit, lors des joutes de 2025. En effet, ce n’est pas en opérant des scissiparités dans une nébuleuse qui a déjà objectivement du mal à se retrouver, mais en regroupant les éléments divisés et éparpillés du nécessaire puzzle de l’opposition, que l’on pourrait donner à cette dernière une chance de faire vaciller le mammouth RDPC qui sait tout ce qu’il a à perdre si jamais il venait à mordre la poussière en 2025.
Avec cet éclairage sur ces trois aspects de la problématique, on comprend aisément que le scrutin de 2025 n'a en réalité absolument rien à voir avec cette affaire de candidature unique de l’opposition, mais qu’il est plus un leurre dont on se sert pour atteindre des objectifs qui n'ont absolument rien à faire, ni de la triste réalité dans laquelle baigne malheureusement notre pays depuis plus de 60 ans, ni de la nécessité de changer la donne politique qui la sous-tend. Il ne faut surtout jamais perdre de vue qu’au Cameroun, un train en cache toujours un autre. Et on peut aisément le démontrer en donnant entre autres deux exemples à ce sujet. Personne de sérieux ne doute plus aujourd’hui que le train « des très hautes instructions » masque le train de l'âge du capitaine qui objectivement n’est plus en capacité de tenir lui-même constamment et correctement le gouvernail du navire Cameroun. La planète entière s’en était déjà rendu compte en mondovision lors de son dernier voyage aux USA. Et le train de la récente débâcle footballistique que les Lions indomptables, notre équipe fanion vient d’essuyer en Côte d'Ivoire, cache le train de l'irrationalité et de l'inefficience de la gouvernance actuelle du pays tout entier qui profite à un petit groupe qui aimerait pouvoir suspendre le temps, et renvoyer l’échéance fatidique de 2025 qui est pour eux pleine d’incertitudes et source d’angoisse, aux calendes… camerounaises, s’il en avait la réelle possibilité. Et on peut allonger à l'infini cette liste.

Dans les années 1990, alors que le vent du renouveau politique soufflait partout en Afrique et était plutôt figé dans notre pays, certains étaient allés jusqu’à dire que le Cameroun avait l'opposition la plus bête d'Afrique.

… des Alliances

Cette conclusion extrême ne voulait cependant pas dire qu'il n'y a pas d'alternative politique à la situation qui prévalait à l’époque depuis 1960 au Cameroun, mais elle voulait plutôt en filigrane dire que l’alternative politique y était possible, mais à condition d’en payer le prix et d’en être à la hauteur. La solution demande malheureusement de la part de l’ensemble des acteurs politiques camerounais une remise en cause profonde qui devrait entre autres choses se traduire par une permanente mise en œuvre de l'intelligence dans la politique. Une chose malheureusement dont-on a pas toujours fait preuve par le passé dans l’opposition. 
En effet, à l’issue d’une observation attentive des choses, l’on ne peut pas vraiment dire que le pouvoir RDPC est un inébranlable et invincible foudre de guerre qui n’offre aucune faille à ses adversaires. Ce qui est par contre certain et que l’histoire et les faits démontrent éloquemment et amplement, c’est que depuis le reflux des forces nationalistes, d’abord en 1960, à cause du rapport absolument déséquilibré des forces qui a fait pencher la balance en faveur des réactionnaires à cause de l'intervention armée directe de l’impérialisme français qui avait jeté toutes ses forces répressives dans la bataille qu’il ne fallait absolument pas qu’elle perde au Cameroun après l’Indochine et l’Afrique du Nord (Algérie), puis en 1990, à la suite des erreurs commises en interne par l’UPC qui n'avait pas encore terminée la phase de reconstruction que le Cdt Kissamba avait engagée avec le lancement du Manifeste national pour l'instauration de la Démocratie (Manidem) en 1973, après l'assassinat du président Ernest Ouandié le 15 janvier 1971 à Bafoussam, le pouvoir de Yaoundé n’a plus en face de lui une opposition politique déterminée et conséquente. L'on ne peut pas à raison, d'une part, décrier le caractère anti démocratique d'un régime politique, et, d'autre part, légitimer sa gouvernance. Il y a incohérence politique dans une telle pratique. Et une telle incohérence se paye toujours cash et durablement dans la libération véritable d’un pays.

… et des ambitions et des ressentiments

Dans l'auberge de la politique, le ressentiment et l'ambition sont toujours voisins de chambre. Ils sont extrêmement liés mais ne peuvent jamais faire chambre commune. Et lorsque l'on transpose leur histoire sur le plan de la numismatique, sans le vouloir, ils sont souvent les deux faces d'une même médaille. Et à ce sujet nous sommes bien placés pour en parler car en 1990, le hasard dont l'histoire a le secret de fabrication nous a placé au coeur de la démission du Cdt Kissamba de toutes les fonctions qu'il occupait à la direction de l'UPC. Au centre parce que bien que n'étant pas officiellement membre des instances dirigeantes du parti, nous étions un intime et un proche collaborateur de son principal responsable. Et, voire même d'une certaine manière et sans aucune exagération, de son unique chef dont nous étions les bras, les yeux et les oreilles politiques en France.  Et c'est à ce titre-là que la lettre de démission faite à Luanda en Angola est passé par nous pour parvenir aux membres officiels et statutaires de la direction. Une lettre dont la non transmission à ses destinataires aurait probablement peut-être pu changer le cours de l'histoire de l'UPC et du Cameroun. Et, pourquoi justement je n'ai pas pris la décision de bloquer cette lettre de démission ? Pour trois raisons au moins. Premièrement, je n'avais pas le recul que la distance avec l'événement me donne aujourd'hui. Et je crois que si c'était à refaire maintenant, c'est l'option de la rétention du document qui aurait pris le dessus. J'aurai demandé à K. de ne pas démissionner et d'accepter de porter la croix de jeunes loups ambitieux auxquels la formation en cours, n'avaient malheureusement pas encore permis de comprendre deux choses pourtant essentielles dans l’action politique conséquente sur le plan du savoir-faire organisationnel, et consciente sur le plan d’une claire vision des enjeux politiques globaux : un, que la révolution en Afrique noire, n'avait absolument rien avoir avec les Assemblées générales (AG) que les étudiants gauchistes tiennent sans discontinuité à la Sorbonne, dans les amphithéâtres ; deux, que la révolution au Cameroun était une chose tellement sérieuse qu’il fallait absolument en laisser la direction à ceux qui avaient blanchi sous le harnais, si l’on voulait la voir prospérer et engranger des succès. 

Et, pour revenir au sujet du blocage de la lettre de démission, deuxièmement, je ne comprenais pas pourquoi les camarades pourtant membres cooptés à la direction par Woungly-Massaga, dans cette phase de reconstruction de l’UPC par le biais du Manidem, ne parvenaient pas à dépasser le prétendu sentiment de légitime ambition que n’importe qui peut naturellement avoir, mais qui ici doit nécessairement être contenue et bien maîtrisée pour cause de contexte pré révolutionnaire. J’avais du mal à comprendre pourquoi ils ne percevaient pas clairement le rôle pivot qui était historiquement celui de Woungly-Massaga qui sur le plan de la filiation politique révolutionnaire, dans l’ordre de succession des pères fondateurs de notre lutte, était historiquement l’homme-orchestre du moment. Comme cela devait malheureusement fatalement arriver à ce niveau-là hélas aussi pour moi, le ressentiment est intervenu et a lourdement pesé dans la balance de la décision. Et aujourd'hui, trente-quatre ans après, au regard des conséquences que nous avons tous sous nos yeux et qui dépassent tout ce qu’on aurait pu imaginer de négatif pour le Cameroun, nous pouvons dire que la colère provoquée par le ressentiment n'a absolument pas été bonne conseillère. En effet, les conséquences des événements de l’époque sont là terribles devant nous. Mais l'histoire ne repassera pas les plats pour que les mêmes fassent amende honorable et puissent les effacer. Et pour le grand dessein du Kamerun également, elle ne repassera pas non plus le plat de la qualité de leadership de Ruben Um Nyobe, Roland Félix Moumié, Ernest Ouandié, Abel Kingue, Ossende Afana, Woungly-Massaga. L’homme quelle que soit sa qualité intrinsèque, demeure hélas un matériau périssable (dixit Woungly-Massaga).

Alors, si trente-quatre ans après la démission du Cdt Kissamba, les lézardes béantes laissées par sa grave décision sont encore visibles et les conséquences incalculables et difficilement réparables, il n'y a pas objectivement de raison que le ressentiment généré par la récente crise du SDF qui s’est soldé par le départ de certains militants, et l’arrivée d’autres au sommet de sa direction, ne provoque pas des remous et n'entraîne pas une onde de choc qui ébranle le frêle édifice d'une opposition camerounaise dépourvue de véritable colonne vertébrale politique et organisationnelle depuis 1990.

L’œuvre de redressement de l’opposition politique considérée comme l’un des instruments politiques qui pourrait faire bouger les lignes au Cameroun, devrait stratégiquement être envisagée sur deux plans : premièrement sur le plan idéologique, et deuxièmement sur le plan politique pratique. 

Première hypothèse. Sur le plan idéologique, elle devrait commencer par le regroupement des forces qui regardent politiquement dans la même direction et qui préconisent une alternative politique. C’est de cela qu’il semble heureusement être aujourd’hui question dans la démarche du C3 du président Djeukam Tchaméni, de l’ATPC du Pr Olivier Bilé, et de l’APC du Docteur Louis-Marie Kakdeu.

L’intelligence politique dans cette démarche qui se renforcerait en prenant langue avec l’UPC-Manidem présidée par Albert Moutoudou, et, qui vise à structurer durablement l’opposition, doit regarder au-delà de 2025 et du microcosme socio-politique camerounais.

Pour les membres de ce cartel d’alliance, la politique au Cameroun doit désormais prendre de la hauteur et dépasser le mirage de l’horizon du palais d’Etoudi qui obstrue malheureusement la vue de beaucoup de candidats à l’élection présidentielle. Des candidats qui affichent ainsi sans le savoir, le vouloir et le dire, la myopie politique dont ils sont malheureusement gravement atteints et qui condamne le Cameroun à demeurer dans l’anachronisme.

Deuxième hypothèse. Sur le plan pratique des choses, une intelligence politique de situation pourrait amenée toutes les composantes de la nébuleuse de l’opposition indépendamment des considérations idéologiques, d’élaborer une plate-forme de travail dont le but à terme serait de parvenir à une alternance politique qui permettrait au Cameroun tout simplement d’entrer effectivement dans la modernité démocratique politique. 
Il y a un grand besoin d’envisager dans des conditions politiques objectives différentes, une autre perspective historique pour le Kamerun.

Jean-Pierre Djemba,
1er Vice-président du PSP/UPC, (nommé par l’émérite et regretté Ngouo Woungly-Massaga, Fondateur et président national), potentiel candidat par défaut où par dépit à l’élection présidentielle de 2025.

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