Fadimatou Mpabe à Paul Biya: " je suis capable d'assurer le poste de SG/Pr ou de Première ministre"
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FADIMATOU MPABE est communicante du Rassemblement  démocratique du peuple camerounais ( Rdpc), parti au pouvoir au Cameroun . Elle est  par ailleurs Représentante de la Direction Générale des Impôts (DGI), au Centre de création des entreprises de Yaoundé. Nous sommes allé à sa rencontre, au vu de ses actions sur le terrain en faveur du développement de la femme et de la jeune fille... et vu son dynamisme  pour le Rdpc. 

Madame Fadimatou, est-ce qu'on peut estimer que vous êtes   feministe ?

A cette question, je dirai oui et non. Oui dans la mesure où la femme doit être émancipée. Je pense humblement que la femme a son droit dans la société, et elle doit pleinement participer à la vie  éducative, économique  et sociale  tout comme l'homme. Il n'y a aucune raison qu'elle soit en marge de celle-ci, vu qu'elle a les capacités  pour cela, et  n'est aucunement  inférieure  à   l'homme quant  à ce qui est des aptitudes intellectuelles ou managériales. Cela me permet de dire que la femme a un grand rôle à jouer dans la société. Quand je parle de la parité, il ne  s'agit  pas de  l'effort que la femme doit fournir pour être au dessus de l'homme, mais plutôt  pour que lui soit reconnu le mérite auquel elle a pleinement droit dans la société. Je  n'appréhende  donc  pas la parité et l'émancipation de la femme comme une concurrence ou une défiance envers qui que ce soit. J'estime tout simplement que seule  la validation des compétences devrait prévaloir dans la nomination aux  hautes fonctions, et non le sexe. Il est évident que la  société, notamment politique, voire économique,  traine encore certains préjugés ou stéréotypes qui ne donnent pas à voir toute l'étendue de la compétence des femmes. Cela est malheureusement déplorable.  De ce qui précède, je suis féministe.

Ne pensez- vous pas que votre thèse  vous laisserait  passer pour une femme révoltée ou rebelle ? 

Pas du tout. Je ne suis pas une féministe fanatique qui n'a aucun recul et ne discerne rien. Je pense par exemple que certaines femmes exagèrent dans leur apeception de la notion de féminisme, croyant qu'il s'agit d'une guerre contre les hommes. Elles pensent malheureusement qu'être féministe  c'est être  au-dessus de l'homme. Le féminisme en tant que doctrine ne prône pas la domination de la femme sur l'homme, mais la reconnaissance de la femme, avec d'égales chances, aux côtés de l'homme. Il ne s'agit pas de se mesurer à  l'homme, en oubliant ses  devoirs , dont celui de soumission.  à  son conjoint. Dans son féminisme, la femme ne doit pas oublier son rôle primordial qui est d'éduquer la société, parce que la femme n'éduque  pas seulement les enfants, mais elle éduque aussi la société. La femme est  donc le socle de la société. Je suis donc contre toute forme de féminisme qui tenterait d'exonérer la femme de ses obligations, pour plutôt  l'incliner à combattre les hommes pour les dominer. Je ne suis pas nécessairement d''accord avec un concept qui insidieusement,  veut maintenir la femme en arrière. C'est le concept de " le sexe faible ". L'adjectif qualificatif accolé à ce mot est péjoratif. Ma préférence irait volontiers vers  la femme comme genre  délicat et diligent. Il ne fait jamais beau de porter l'identité de faible. Ce sont des concepts anodins, mais qu  agissent négativement  dans le subconscient de la gent féminine .La femme est plus  forte dans l'ombre, mais pas dans l'éteignoir. C'est cela même l'essence de notre tradition.

Est-ce qu'on peut donc dire que vous vous insurgez contre cette conception de la bonne au foyer, sans autre ambition, notamment politique ?

Il convient de le dire tout haut : la femme n'est pas faite que pour le foyer, mais pour être épanouie dans sa totalité, y compris sur les  plans  politique et économique. Il est indéniable que la femme est d'abord mère au foyer, mais elle est aussi multi tâche. C'est-à-dire peut  faire des maternités, tenir sa maison, et aller travailler pour son gagne - pain. Elle s'épanouit ainsi dans la société. C'est ce que nous autres essayons de faire tous les jours. Nous pensons que la femme joue parfaitement ce rôle. A contrario, l'homme me semble diminué parce qu'il n'est pas multi tâche. Généralement, l'homme ne sait s'adonner qu'à une chose, jusqu'à ce qu'elle soit achevée, avant de passer à l'autre. Ce qui est tout le contraire de la femme : en même  temps elle peut aller  à l'école , allaiter son bébé, faire la cuisine, se rendre à  son lieu de service, pour s'acquitter de ses obligations professionnelles, elle éduque  la société. Ce sont ces développements argumentatifs qui nous font dire que la femme est une multi tâche. Il n'est  donc pas indiqué de réduire la vie de la femme au foyer conjugal. En tant que femme, pour  être respectée dans cette société déjà dominée par les hommes,  il faut  pouvoir se prendre soi-même en charge.  C'est aussi cela qui donne droit à la parole. Payer ses factures par soi-même, donne certainement plus de poids  a la  femme. L'autonomie financière est donc un ingrédient de l'épanouissement de la femme. Elle peut à tout le moins se battre pour avoir cette autonomie financière, à  défaut de l'indépendance financière. L'autonomie professionnelle n'est pas négligeable dans cette thérapie de la femme émancipée qui nous anime. 

On vous voit assez active dans plusieurs activités touchant au développement de la femme. Quelles sont effectivement vos actions, et quels  sont selon vous, les obstacles  rencontrés ?

Pour le moment, nous  mettons l'accent sur la femme rurale, parce que c'est celle- là qui en particulier, se contente d'être femme au foyer. Si elle fait beaucoup, cela ne va pas plus loin que son petit commerce, avant de rentrer vaquer à ses occupations familiales. Aussi notre modeste ambition est-elle  de faire de ces femmes rurales, des personnes autonomes sur plusieurs plans : social, politique, économique. Aujourd'hui la femme rurale peut se projeter avec succès au- delà de son foyer. Elle peut être consultante, elle peut travailler dans une ONG. Elle a un vécu et une expérience pour se faire valoriser. Et elles sont de plus nombreuses à être perçues au sein des organismes privés. Je pense que c'est sur la femme rurale que pèse encore plus le joug de ces a priori qui les confinent au foyer. Elles subissent stoïquement, et nous voulons leur dire qu'elles sont intelligentes, mais il faut qu'elles apprennent  à  s'exprimer. Toute femme est intelligente et  peut faire plusieurs choses à la fois. Il y va même de son épanouissement. Et en cela, nous femmes urbaines, pouvons appuyer nos congénères des zones rurales, en allant vers elles, histoire de les révéler  à   elles-mêmes. C'est ce que j'essaie modestement de faire, en leur montrant la force qu'il y a de concilier  l'école classique  à  l'expérience de la vie quotidienne.

Et sur le plan politique, quel discours tenez- vous  aux femmes ?

Je leur montre la force qui réside dans le grand nombre , la majorité que nous constituons. Les femmes sont plus nombreuses. Il faut de mon humble avis, utiliser ce potentiel pour nous imposer politiquement.  Si nous sommes plus nombreuses, alors nous pouvons dicter la politique de la Nation. Pendant longtemps, la politique était restée la chasse gardée des hommes, mais cela n'est plus le cas de nos jours. 

 Cette implication ou intégration des femmes en politique est-elle une réalité dans le RDPC, le parti au pouvoir dont vous êtes militante ?     

Les circulaires du parti recommande toujours de prendre 30% des femmes pour  différentes investitures. C'est une intention  d'équilibre ou d'équité si vous voulez.. Ce n'est pas mal, mais nous voulons mieux, 40 % par exemple, et pourquoi pas 50%, et donc une parité d'ici 2025. 

Quel regard portez-vous sur le mariage précoce, une pratique considérée comme une atteinte grave aux droits de la jeune fille ?

Les cultures sont différentes. Nous n'allons pas distribuer de bons ou de mauvais points, mais nous pensons qu'il est bon que les parents envoient tous leurs enfants à l' école, y compris les filles, et leur donnent  des  chances égales. Dans une acception qui date, dans certaines cultures, l'on  estimait que la jeune fille n'était faite que pour le foyer, mais force a été de constater que les filles sont même plus appliquées que leurs frères, et lorsqu'elles ne réussissent pas, elles se concentrent sur leur  éducation. Dans certaines cultures, les filles sont parfois contraintes d'aller en mariage entre 13 et 15 ans, mais c'est une donnée qui régresse progressivement,  avec le modernisme ambiant.  Avec les TIC, la jeune fille voit ce qui se fait ailleurs, et est de moins en moins encline  à aller en mariage étant enfant - fille ou adolescente. 

Il y a le phénomène des féminicides qui prend des proportions inquiétantes. Quel est votre avis sur le sujet ? 

C'est malheureusement un phénomène qui date de Mathusalem. Avec le boom des réseaux sociaux, il donne l'impression de gagner en proportion. Cela est moins évident. Il se trouve tout simplement que les réseaux sociaux ont facilité la circulation de l'information, ainsi que les dénonciations. A poser un acte de violence, on n'est pas à l'abri d'un téléphone androïde qui filme et balance sur la toile. Déjà  enfants, nous assistions malheureusement  à  ces violences  des hommes exercées sur leurs femmes. Nous disons aujourd'hui qu'il  faut que cela cesse, et que les femmes apprennent  à dénoncer. Et lorsque ces violences entraînent la mort, il n'y a pas de mots assez forts pour le condamner. Cela doit cesser ! Ces violences sont  aussi exercées sur les hommes par des femmes, mais dans des cas très rares. Les femmes  doivent rompre ce silence qui les conduit parfois à la mort, pour dénoncer ces  violences abjectes et avilissantes dont elles sont victimes. Et pour cela, il y a plusieurs ONG  pour les écouter. La peur  pour les femmes sans sécurité sociale  de se retrouver dans la rue, est  aussi un frein  à la  dénonciation. Les familles ne sont pas en reste, en répondant chaque fois  " que c'est ainsi dans tous les foyers ", comme si une chose anormale devenait normale parce qu'elle est pratiquée ! Les parents vont perdre leur fille, tandis que l'homme va poursuivre sa vie. La violence commence toujours par une gifle, jusqu'à ce qu'elle conduise un jour à des voies de faits entraînant la  mort. 

La Journée internationale des droits de la femme est annoncée pour le 08 Mars. En serions- nous encore et toujours au pagne, victuailles et autres orgies au Cameroun ?

Je m'inscris déjà en faux contre ce tableau dépeint. Depuis plusieurs années, le ministère de la Promotion de la Femme et de Famille abat un travail remarquable, pour que la Journée du 08 Mars ne soit  plus  circonscrite au port du pagne. En prélude  à  cette journée, plusieurs activités telles que  des causeries éducatives, des conférences,  des tables - rondes, des ateliers de formation sont organisées au bénéfice des femmes, pour les éduquer. D'année en année, les pouvoirs publics travaillent   à  rendre le 08 Mars moins folklorique. Les femmes, les jeunes filles comprennent déjà que c'est de leurs droits qu'il s'agit. La prise de conscience se fait de plus en plus sentir. Bien évidemment, le côté festif n'est pas une infraction. Il a sa place, pourvu que tout se passe dans la dignité, la décence et la morale. 

Madame Fadimatou espère - t- elle voir une femme nommée Première ministre au Cameroun ?     

Pourquoi pas ? Et même une femme secrétaire générale de la présidence de la République,  ministre de la Défense,  ministre d'État,  gouverneure et autres.  La compétence ne fait pas défaut aux femmes pour occuper ces très hautes fonctions stratégiques . Et d'ailleurs, je pus vous dire que les choses marchent mieux avec les femmes. Notre souhait est de voir le président de la République, Son Excellence Paul BIYA, nommer  40 % des membres du gouvernement  parmi les femmes. J'aimerais modestement dire au président de la République une chose : essayer aussi avec une femme Première ministre  ou secrétaire générale de la présidence de la République. Ce d'autant plus que la gestion de la femme est généralement meilleure que celle des hommes. Et en cela, je vois plusieurs potentialités en les femmes. Et moi - même je me sens absolument  capable d'exercer de hautes fonctions gouvernementales.

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