Livre: EZAZU EST ACCUEILLIE PAR LES DETTES DE SA MERE …
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Chapitre 4...La danse avait pris fin bien au-delà de minuit. Les gens avaient bu jusqu’à tomber ivres-morts. Il y en avait qui s’étaient mis à s’insulter copieusement, pendant que d’autres, après d’interminables engueulades, se cravataient et étaient séparés par ceux qui étaient demeurés un peu plus lucides.
Quand tout le monde fut parti, Adeda et ses enfants fermèrent les portes et les fenêtres de la maison. Ezazù prit la parole :
— Apportez-moi mes valises, que je remette à chacun ce que je lui ai gardé.
Ses sœurs coururent en se bousculant dans la chambre où elles les avaient amenées et les ramenèrent.
— Maman, c’est toi qui m’as mise au monde, ouvre les valises, dit Ezazù.
Adeda se leva :
— Je te remercie de l’honneur que tu me fais.
Elle se leva et tira vers elle la première valise, puis l’ouvrit. Les yeux de tout le monde se mirent à briller tout émerveillés par son contenu.
— Cette valise, est celle des femmes, poursuivit Ezazù. Il s’y trouve les vêtements que j’ai achetés pour elles. Maman, je t’y ai gardé quatre robes, tu les trouveras, elles sont emballées dans le sachet en plastique sur lequel est écrit : « Mammouth écrase les prix ». Les autres robes sont destinées aux autres personnes.
Aussitôt, Adeda fourra ses mains dans la valise, et rapidement, elle trouva le sac, l’en retira et l’ouvrit. Elle y découvrit quatre belles robes en popeline qu’elle étala sur le canapé. Elle en fut si ravie qu’elle se leva et alla embrasser Ezazù. Elle revint à sa place, prit une des robes, la porta à sa poitrine, sourit, la déposa sur le canapé, prit une seconde robe, la porta également à sa poitrine, sourit de nouveau, la déposa également sur le canapé à côté de la première. Elle fit de même pour la troisième et la quatrième robe. Elle remercia alors de tout cœur sa fille.
— Oh ! Ma chère Ezazù, qu’est-ce que tu m’as gâtée ! Je suis très contente de toi. Grand merci, ma fille, grand merci, que Dieu te bénisse.

* *
*

Lorsque la distribution des cadeaux fut achevée, Ezazù se retira dans la chambre qui lui avait été aménagée. Sa mère la suivit. Toutes deux s’assirent côte à côte sur le lit.
— Ma fille, cela tombe bien comme tu es arrivée, cela tombe vraiment bien. Tu es venue me trouver, moi ta mère, endettée jusqu’au cou (elle lia le geste à la parole en portant sa main à son cou), je t’assure, jusqu’au cou, ma fille. La vie est devenue extrêmement dure ici, crois-moi, extrêmement dure. Elle a empiré depuis que tu es partie. Les gens ne savent plus quoi faire pour simplement manger. C’est terrible. Cette nourriture et cette boisson que j’ai offertes à toutes ces personnes, ma fille, par exemple, je l’ai prise à crédit. Ce sont des dettes qu’il me faut à présent payer. Je n’avais pas de choix, ma fille, je n’en avais pas. Tu ne pouvais guère revenir d’Europe sans que je n’offre un petit repas à tes frères, à tes sœurs, à mes cousines, à mes amis. Non. C’est une question de dignité. Je suis certes pauvre, mais ma dignité avant tout. Je ne transige pas avec elle. Aussi, ma fille, au lever jour, je t’en prie, il faudrait que tu m’offres un peu d’argent afin que je puisse payer cette nourriture et cette boisson. Ce n’est guère grand-chose, tout juste vingt mille francs, rien que cela.
Ezazù acquiesça.
— J’ai compris, maman, je vais te les donner.
Adeda en joie.
— Oh merci ma fille, grand merci, elle se pencha vers Ezazù et l’étreignit.
— Le matin, j’irai changer la monnaie à la banque, je n’ai que des euros. Il me faudra des francs CFA.
— Grand merci, ma fille, grand merci, euh … j’ai également une autre dette pressante.
Ezazù releva la tête, et se mit à dévisager sa mère. Adeda sourit.
— Oh, ce n’est rien ma fille, ce n’est rien. J’ai été obligé d’emprunter tout juste un peu d’argent pour régler mon loyer. Je n’en pouvais plus avec les injures de ma bailleresse. Tous les matins, avant de se rendre à son travail, elle venait se tenir devant ma porte, m’abreuvait copieusement d’injures et menaçait de me jeter, moi, mes enfants et mes « petites affaires », comme elle disait avec tellement de mépris, dans la rue.
— Combien as-tu emprunté ?
— Euh … pas grand-chose, ma fille, pas grand-chose, tout juste de quoi payer trois mois de loyer sur les neuf que je lui dois.
— Combien as-tu emprunté, maman ?
— Euh … seulement quatre-vingt-dix mille francs, tu sais que cette cabane me coûte en loyer trente mille francs par mois, trente mille pour une baraque comme celle-ci, à la toiture trouée à un point tel que lorsqu’il pleut, tout est mouillé ici, mais, ai-je le choix ?
—Quatre-vingt-dix mille francs, tu dis bien, n’est-ce pas ?
— Oui, ma fille, rien que ça, c’était juste pour réduire un peu ma dette auprès d’elle. Tu ne la connais pas, cette mégère, tu ne la connais pas. Elle dispose dans sa bouche d’une collection d’injures abominables. Elle en a pour toutes les parties du corps, de la tête aux pieds. Elle peut se mettre à t’insulter ainsi pendant toute une journée, du lever du soleil à la tombée de la nuit. C’est une querelleuse chevronnée. Pire encore si elle a bu. Là alors, c’est la fin des patates, ma fille, la fin des patates. Elle invente alors de nouvelles et terribles injures. Ah là là là ! Le jour où je quitterai ce trou à rats, ô mon Dieu !
— T’en fais pas, maman, t’en fais pas, le matin, après le petit déjeuner, tu m’accompagneras à la banque et nous viendrons régler toutes ces factures.
— Euh … ma fille ….
— Oui, maman, quoi encore ?
— Euh … j’ai emprunté cet argent … euh … avec intérêt … je veux dire ….
— Oui …
— Je veux dire que j’ai emprunté cet argent au taux de 30% le mois … et cela fait déjà deux mois …
Ezazù poussa un soupir d’agacement.
— Alors, maman ?
— je lui dois déjà soixante mille francs d’intérêts … c’est ça, deux mois fois … euh … trente mille égale soixante mille francs ...
— Ok, ça fait que tu dois actuellement à ton prêteur soixante mille francs plus quatre-vingt-dix mille francs égale cent cinquante mille francs, n’est-ce pas maman ?
— Oui, ma fille, c’est exact, ma fille, c’est exact.
— Plus les vingt mille francs de boisson et de nourriture, égale cent soixante-dix mille francs, n’est-ce pas maman ?
— Oui, ma fille, oui, c’est exact, c’est le total de mes dettes, en tout cas les plus grosses … je laisse de côté les petits cinq mille, deux mille, cinq cents francs par ci par là, le pétrole à la boutique, le savon, la pâte dentifrice, etc., moi-même je vais les régler comme d’habitude … Euh … mais en même temps n’oublie pas, ainsi que tu l’as constaté toi-même de tes propres yeux, ta sœur cadette a sa grossesse à terme, elle va accoucher incessamment, et le petit bandit qui lui a fait ça a disparu ….
— Wêêêêêhhh maman, wêêêêêêêhhh ! Tu penses que je dispose d’un sac d’argent que j’ai amené avec moi, maman ? C’est trop ! C’est trop ! C’est beaucoup trop ! A peine arrivée, j’ai déjà à débourser pratiquement deux cents mille francs. Ah là là ! Ah là là ! Wêêêêêêêêêêêêêêhhh !!!!! Wêêêêêêêêêêêêêhhh ! Maman ! Tu es en train de vouloir me faire regretter d’être venue en vacances ici, franchement.

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Enoh Meyomesse

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