Filière avicole: Une économie plombée depuis quatre ans
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Au moins 200 milliards perdus par an, plus de 22 mille personnes sans emplois depuis trois ans, impossibilités d’aller à la conquête des marchés traditionnels, la facture de la filière sur l’économie nationale est loin d’être exhaustive.

Les restrictions formulées par le gouvernement, dans le cadre de la crise aviaire, ont le même âge que la crise sécuritaire qui secoue le Cameroun. A l’observation, les conséquences sont les mêmes. Une économie à bout de souffle que l’on soit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest que dans le reste du pays. Une économie exsangue, selon une terminologie assez usité, sans que les barrières issues de cette période soient levées, malgré quelques annonces souvent faites. Du coup, les opérateurs de la filière ne peuvent aller à la conquête des marchés au-delà des frontières camerounaises. Question d’aller à la conquête des capitaux des marchés Nigérian, tchadien, soudanais, congolais, angolais et gabonais qui faisaient le gros de leurs chiffres d’affaire.

Au sein de la filière, il reste difficile de quantifier les pertes enregistrées avec exactitude. La plupart des données évoquées sont issues de l’année 2016. Au cours de cette période, la filière apportait une contribution équivalente à un point du Produit intérieur brut (Pib) national. Depuis lors, ni le gouvernement ni les acteurs de la filière, eux-mêmes, n’ont pu produire le moindre indice.

Les opérateurs du secteur pensent néanmoins que l’impact de la filière œufs de consommation et poulets de chair peut être apprécié à l’aune de l’annuaire statistique du Cameroun. Le document publié en 2017 indique que près de 81 millions de poulets et un million et demi d’œufs de consommation ont été régulièrement produits au cours de l’exercice 2016. Le même document que la production de poulet dans les régions de l’Ouest, du Littoral, du Centre, du Nord-Ouest et du Sud-ouest représentait 39% de la fourniture nationale en viande diverses.

Le rapport indique aussi que la crise que vit le secteur a impacté sur les investissements dans la filière. Soit un peu plus de trois milliards et demi de Francs Cfa par an et pendant trois ans déjà. Des sommes souvent consacrées à la construction des bâtiments de ponte et aux infrastructures et équipements d’élevage. Des rubriques qui ne représentent qu’un tiers des investissements de la filière. Comme l’indique le président national de l’Ipavic, François Djonou Au total, les investissements nécessaires à la pratique de l’élevage des poules représentaient plus de 14 milliards de Francs Cfa par an.

Impact multisectoriel

Exit les charges de mise en production des poules estimées à 24 milliards de Francs Cfa par an, le chiffre d’affaire lié à la production des œufs de consommation évalué à 72, 524 milliards de Francs Cfa, lui aussi, rentre dans la rubrique des pertes que connait la filière depuis trois ans. «Si l’on considère qu’une personne s’occupe d’une moyenne de mille poules pondeuses par jour sans repos pendant 30 jours, on peut estimer que 5 mille jeunes étaient employés en 2016.» Des emplois directs auxquels s’ajoutent l’impact de la crise sur l’agriculture, la transformation alimentaire, l’industrie pharmaceutique et les transports entre autres.

L’Inter profession avicole du Cameroun soutient que plus de 22 mille emplois indirects ont été perdu depuis le déclenchement de la crise en 2016. Dans cette perspective, toutes les régions du Cameroun

ont été touchées. En effet, la crise touche aussi les secteurs du coton, du palmier à huile, de l’arachide et du soja qui rentre dans la fabrication de l’aliment. Des raisons et bien d’autres qui fondent les acteurs de la filière à interpeller le gouvernement dans l’optique de la relance du secteur avicole.

Contexte:Les aviculteurs exclus de l’aide gouvernementale

La filière est soumise au paiement des taxes mais elle ne bénéficie pas de leurs répartitions.

Alors que l’importance de la filière est reconnue pour son apport dans les recettes économiques et la sécurité alimentaire, les éleveurs ne bénéficie pas des programmes d’aides gouvernementales existants. Le Programme de sécurisation des recettes de l’élevage et des pêches (Psrep) adopté en juin 2000 prévoit que les acteurs de la filière sont soumis aux paiements des taxes d’exploitation ; d’inspection sanitaire vétérinaire sur le commerce local et internationale ; d’inspection sanitaire vétérinaire de production. Les taxes d’inspection sanitaire vétérinaire de la circulation ainsi que les recettes liées à la location des engins et camions ainsi que les frais de prestations des cliniques et de vaccination.

Passé le recouvrement des taxes, le décret signé par le président de la République le 8 décembre 2000 ne bénéficie pas à la filière avicole. La répartition des taxes recouvrées par le Ministère des finances, celui des pêches et des industries animales et les administrations fiscales indiquent que 30% du produit du Psrep sont imputés dans les comptes budgétaires tandis que 70% sont reversés au profit des caisses de développement de l’élevage ou de la pêche maritime.

Seulement dans les faits, le Programme de sécurisation des recettes de l’élevage et des pêches finance exclusivement la Caisse de développement de la pêche maritime (Cdpm). Un programme qui appuie la pêche maritime artisanale dans le Littoral ; La Caisse de développement de l’élevage du Nord (Cden), en charge des activités dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord ainsi que la Caisse de développement de l’élevage du Nord-Ouest (Cdeno) pour l’élevage dans la région du Nord-Ouest.

Oubliée de cet appui du gouvernement, la filière avicole est aussi ignorée dans les processus portés par les principaux groupes interpatronaux (Gicam, Ecam, Mecam etc.) Des organisations qui ne prennent pas en compte les impacts économiques et sociaux de la crise aviaire puis des conséquences de la pandémie Coronavirus sur les filières avicole et agricole.

Pourtant dans les filières avicole et agricole, les acteurs soutiennent que le soutient à ces secteurs garantissent la sécurité et l’indépendance alimentaire du Cameroun.

L’ingénieur agronome, Emmanuel Nghenzeko explique que «en soutenant les filières avicole et agricole en terme de développement des Petites et moyennes entreprises liées au secteur avicole et la production du maïs, du soja, des poulets, des œufs et des produits dérivés, le Cameroun peut, sur cinq ans relancer son économie.» Une option qui, selon la même source, permettra au Cameroun de créer des millions d’emploi.

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