La « Kamtosphère » et le pouvoir d’État comme fake news
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CAMEROUN :: La « Kamtosphère » et le pouvoir d’État comme fake news :: CAMEROON

L’auteur de ces lignes n’est ni un « Kamtophile» (celui qui aime ou idolâtre Kamto) ni un « Kamtophobe » (celui qui déteste sans raison Kamto). Il est un esprit libre qui pense que son travail est de construire par le doute et l’interrogation l’avènement d’une société camerounaise/africaine critique préférant le débat aux idoles, la contradiction à l’unanimité et le doute cartésien à la caporalisation de la raison par des figures éponymes. La question qu’il pose est celle-ci : Quel est, concernant l’association MRC-BAS, le type de pouvoir d’État que met en forme la stratégie de propagation de fausses nouvelles et de pollution de la toile par le dénigrement permanent du Cameroun et du régime en place ? Quel rôle y jouent les fake-news ?

À l’âge de la société de l’information, la bataille pour le vrai, le faux et même pour le physique et la métaphysique est un aspect crucial depuis que les nouvelles technologies brouillent la frontière entre le réel et l’irréel, l’expert et le non-expert puis le possible et l’impossible. Des politiques comme Trump ont pris le pas sur de nombreux candidats à la présidentielle américaine en orchestrant une véritable armée virtuelle de désinformation, de négation de vérités scientifiquement établies et de diffusion de fake news au sens de « vérités alternatives » sans fondements mais dont le rôle est de formater une opinion avide de sensations fortes, du tous pourris et des théories du complot. L’opposition politique, avec la prégnance des nouvelles technologies dans le quotidien des sociétés au XXIème siècle est désormais aussi une ingénierie de désinformation, de diffusion de la violence, de falsification et du dénigrement de ses adversaires ainsi que le démontre la campagne mensongère menée par les promoteurs du Brexit en Europe. Dans cet ordre des choses, la « Kamtosphère », dimension virtuelle du « Kamtoland » est très performante. Ses dégâts doivent inspirer la reconstruction et la déconstruction du pouvoir d’État camerounais par l’invention d’une régulation des nouvelles technologies de façon à les mettre au service de la démocratie sans détruire le capital sympathie entre ses citoyens. Dans la bataille virtuelle et sans merci pour le pouvoir d’État camerounais, il est à remarquer que la « Kamptophilie » domine aujourd’hui la toile au sens où « le venin » qu’elle injecte sur le « Biyaïsme » se transforme en pestilence numérique de nature virale dont le but est de liquéfier les articulations majeures du pouvoir d’État en place. Les noms d’oiseaux dont cette armée virtuelle affuble le régime camerounais et la souillure abjecte qu’elle déverse sur son pouvoir, ses emblèmes, ses représentations et sur quiconque critique Maurice Kamto et le MRC-BAS, installent la dictature du « Kamtoland virtuel » ou, suivant Garga Haman Adji, du Président de Facebook. Ce travail de destruction symbolique, de chosification et de dénigrement vise la création d’un « Cameroun virtuel en mode paradis terrestre » dont Maurice Kamto serait l’inspirateur, en opposition à « un Cameroun en mode enfer terrestre » dont Paul Biya serait le créateur. Il s’agit dont d’utiliser, au-delà de la critique objective, le paradigme des fake news pour détruire le pouvoir d’État réel en place à Yaoundé, ses symboles représentatifs et ses soutiens afin qu’un pouvoir d’État virtuel incarné par Maurice de Kamto, « Président élu » d’après ses partisans, apparaisse comme la seule alternative crédible pouvant permettre de passer des « braises du Cameroun en mode enfer » au miel et au lait du « Cameroun en mode paradis » sous l’égide du MRC-BAS.

La stratégie du fake News est bien connue à travers le monde. Son but est de mettre en place le paradigme de la post-vérité en présentant des vérités éprouvées comme du mensonge et des argumentations alternatives fallacieuses comme des vérités au bénéfice d’un camp particulier de l’échiquier politique. Dès lors, la mise en scène d’une victoire de Kamto à la présidentielle sans aucune preuve, la problématique du hold-up électoral, l’usage du concept « président élu », la simulation d’un attentat, l’affirmation de la mort de Paul Biya et

l’ultimatum au même président mort, sont des fake news dont l’objectif est de créer un pouvoir d’Etat virtuel qu’on veut rendre réel par la manipulation des consciences et de l’opinion publique camerounaise, africaine et mondiale.

En conséquence, le « Kamtoïsme », au sens de technique de conquête du pouvoir de Kamto et du rêve qu’il vend pour y parvenir, est aussi, en dehors d’une politique de la terre brûlée, de violence et de la lutte armée que préconise la BAS, une ingénierie de fake news devant fonder le pouvoir d’État dont Maurice Kamto serait le vrai détenteur comme en témoigne l’expression « Président élu » utilisée par le MRC, la BAS et leurs militants/sympathisants. Le pouvoir d’État comme fake news met ainsi en lumière une double réalité : Premièrement, créer, grâce au fake news, au dénigrement, à la suspicion, et à l’injure sans limite, un pouvoir d’État virtuel et bien faisant dont Maurice Kamto est le détenteur. Deuxièmement, faire du pouvoir d’État réel détenu par Paul Biya, un faux pouvoir d’État de façon à ce que le pouvoir d’État réel (celui de Paul Biya) mais illégitime suivant le MRC-BAS, devienne une fake-news et le pouvoir d’État virtuel (celui de Kamto) le vrai pouvoir d’État.

Il apparait ainsi l’ambivalence des nouvelles technologies par rapport à l’idéal démocratique. Elles sont à la fois libératrices des opinions et des armes de destruction massive de tous les garde-fous et les interdits qui permettent de protéger une société contre des opinions qui divisent et lui font perdre son unité. De nombreuses sociétés occidentales ont déjà mis en place à la fois des dispositifs informatiques chargés d’expulser les fake news de la toile et des pénalités lourdes qui frappent ceux qui sont reconnus comme auteurs et diffuseurs de fake news. Le Cameroun et les pays africains doivent y réfléchir car on ne peut poursuivre sereinement l’idéal démocratique sans éthique de la parole publique.

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