Crise sociopolitique : les médias et les Ong à sacrifier
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La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui est encore et toujours, malgré les avancées technologiques, les développements industriels et les soi-disant améliorations des vies des hommes, étrangement semblable à la société d’il y a plus de 300 ans. Cette société et ces modes anciennes nous sont souvent rappelés à travers les livres d’histoire et de littérature, et les descriptions qui en sont faites laissent croire qu’il s’agit des faits et évènements vécus au quotidien de nos jours. Une illustration pour mieux comprendre, c’est l’une des œuvres écrites par l’un des spécialistes de la peinture de la société que le monde a connu au 17 eme siècle, l’écrivain et poète Jean de la Fontaine, auteur des célèbres fables.

L’une de ces fables écrite entre 1678 et 1679 est intitulée « les animaux malades de la peste.» Le résumé de l’œuvre est proposé par le critique littéraire Antoine Decrouy dans le site education.toutcomment.com, en ces termes « un mal innommable à demi-mot frappe les animaux de la forêt, une maladie connue pour décimer les populations d’êtres vivants, la peste s’est abattue sur le royaume du lion. En réaction à cette hécatombe, le lion convoque la totalité de ses sujets et leur explique que Dieu est surement fâché d’eux pour les punir avec cette maladie.

La recherche du sacrifié

Le roi de la forêt propose donc de sacrifier le sujet qui a le plus péché. Afin de montrer l’exemple, il raconte son tort le plus grave, il admet avoir mangé à répétition des moutons et un berger qui ne l’avaient nullement offensé, se disant prêt à se sacrifier pour la communauté si il est jugé le plus coupable entre tous. Le renard aussi malin que lui-même, s’engage dans la défense de son bon roi, plaidant que le lion n’a rien fait de mal et qu’il est bien bon de songer à se sacrifier ainsi. Le renard flatte l’ego des puissants de la forêt dont fait partie le lion en expliquant qu’en dévorant ces animaux le lion les avait honoré.

De la même façon l’éponge est passée sur les exactions et les crimes des animaux les plus forts, les plus violents, tels que les ours ou encore les tigres et bien d’autres encore. Vient le tour d’un petit âne candide. Sincère, il conte sa plus mauvaise action qui, face au meurtre des lions, des tigres et des ours n’est vraiment pas comparable. Il dit avoir un jour mangé l’intégralité de l’herbe d’un champ qui n’était pas le sien, “un loup quelque peu clerc” insista pour que le petit âne soit sacrifié afin de guérir la peste car son péché était innommable, manger l’herbe d’un autre ? Quelle barbarie ! Face au jugement populaire, le candide petit âne se vit sacrifié. Voici l’intégralité de la fable :

Les animaux malades de la Peste

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger. Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
– Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir

Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! Quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables, 1678-1679.

La justice entre les mains des « puissants »

Toujours d’après le l’analyste littéraire, dans la fable, Le lion représente le roi, le renard qui défend museau et griffes son roi afin de garder sa place peut être associé au ministre, l’ours et le tigre représentent d’autres courtisans, le loup “quelque peu clerc” représente le clergé, et le candide âne représente un homme de basse noblesse et qui ne courtise pas le pouvoir. Le poète exprime l’oppression d’ordre religieuse, morale et politique qu’exerçaient les gens de pouvoir sur le peuple. Le thème principal retrouvé est donc la justice et la culpabilité. Quant à la morale, il ressort d’après l’analyste « que c’est le plus faible qu’on punit parce que les puissants ont la force de pouvoir le faire. Jean de la Fontaine dénonce l’hypocrisie de la justice qui n’est juste que pour les puissants mais qui suinte d’injustice pour les plus faibles. Car le renard dans cette fable plaide en faveur des puissants qui ont mangé des moutons mais diabolise un honnête âne qui a mangé de l’herbe.»

En rappel, il s’agit là d’une fable écrite il y a exactement 341 ans, qui n’est que de la pure fiction. Les personnages qui y sont décrits sont purement imaginaires, et toute ressemblance avec des personnes réelles ne serait que pure coïncidence

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