Comment les diasporas attendent le double scrutin
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Les expatriés du triangle national, du vieux continent, attendent impatiemment les élections couplées de ce dimanche, 9 février, pour tirer les conclusions s'imposent. Même s'ils ont l'impression que tout est déjà joué...

Nos compatriotes, en exil, en Europe, suivent la vie quotidienne politique au pays avec beaucoup d'intérêt. Non seulement parce qu'ils ont généralement des membres de leurs familles et des amis qui sont restés là-bas. Mais aussi parce qu'ils espèrent toujours que ces attaches familiales, amicales et culturelles, en fait ces racines qui, telle la sève d'un arbre, les lie à jamais au triangle national, favorisent les conditions d'un bien-être partagé par tous.

Or, cette quiétude n'est possible que si les élus ont une écoute attentive quant aux préoccupations de leurs administrés y compris ceux des fils et filles du quartier, village ou la commune partis à l'étranger pour chercher un mieux vivre.

« La décentralisation en toile de fond »

Honoré Bitnkeu, Rdpc Seine et Marne : « En tant que Camerounais de la diaspora, je pense que les prochains mandats électifs, municipal et législatif, ne sont pas comme les précédentes. On a au cœur le grand souffle de la décentralisation et l'implication réelle de la jeunesse dans la vie politique de notre pays. Le grand architecte de cette vision est le président de la République, son Excellence Paul Biya.

Maintenant, en tant que président de la sous-section Rdpc de la Seine et Marne, j'ai organisé une réunion pour demander à nos compatriotes de sensibiliser ceux qui sont au pays, notamment les jeunes d'aller voter pour les listes du Rdpc. C'est ce que nous avons appelé « l'Appel de Paris » de la sous-section Seine et Marne. Il est donc question que nous puissions donner une majorité parlementaire au président Paul Biya afin de lui permettre de parachever l'œuvre entreprise. A la jeunesse de saisir cette occasion du mandat de grandes opportunités ».

Une jeunesse qui n'est pas vraiment réputée pour se déplacer massivement lors des échéances électorales alors que les moins de 25 ans représentent plus de 60% de la population totale du pays. Si on y adjoint les chiffres de la participation à la présidentielle de 2018 dans les régions du Sud-Ouest (15%) et Nord-Ouest (5%), il y a lieu d'appréhender la mobilisation aux élections couplées de ce dimanche.

« Une moquerie pour les morts du NoSo et les déplacés »

L'écrivaine, Marie Lissouck, auteur d'une quinzaine de titres aussi connus les uns que les autres, et dont la sympathie avec le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) est assumée, ne partage évidemment pas l'optimisme de son compatriote Rdpéciste. On peut même dire qu'elle a une opinion pour le moins opposée. « Cette double consultation du 9 février est une comédie sans nom. Une vraie moquerie pour les 3.000 et plus de morts et de déplacés de la crise dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. C'est une équation perverse et assassine », pense-t-elle, avant de marteler en faisant référence au dramaturge et poète Français du XVIIè siècle, Pierre Corneille, dans le Cid: « A vaincre sans péril on finit par triompher sans gloire ».

L'activiste El Che Nous, que l'on surnomme « Général » dans les milieux radicaux des diasporas camerounaises, et qui vit en Allemagne, était de passage à Paris, le 1er février, pour le grand meeting du Mrc, Place de la République. Il a bien voulu nous confier son sentiment par rapport aux élections municipales et législatives du 9 février 2020 au Cameroun. « Organiser des élections dans le contexte dans lequel se trouve le Cameroun, depuis plusieurs mois voire plusieurs années maintenant, relève de l'irresponsabilité ou de la mesquinerie. Je crois que le pouvoir de Yaoundé veut tout simplement amuser la galerie, se donner une image aux yeux de la communauté internationale. Mais personne n'est dupe. On ne peut donner aucune légitimité à une pseudo concertation organisée alors qu'une partie du territoire national est à feu et à sang, une partie des citoyens vivant dans une insécurité totale », soutient-il.

C'est aussi ce que semble penser le journaliste du journal en ligne Camer.be, Hugues Seumo, expatrié camerounais domicilié à Bruxelles, la capitale européenne. Pour lui, « Le double scrutin du 9 février prochain est un peu prématuré car, je m'attendais à la mise en place d’un dispositif législatif électoral qui garantisse des élections libres et transparentes au Cameroun. Je me demande comment un élu local pourra accomplir son devoir citoyen dans un climat d'insécurité dans les régions en conflit », note-t- il. L'observateur de la vie quotidienne ne cache pas ses craintes quant aux conséquences redoutables que ce double scrutin pourrait causer. « Ces consultations populaires viendront plutôt envenimer la situation de crise actuelle. Le vote communautaire a pris de l'aile. Le mépris et la haine ont divisé les Camerounais. Faute de choisir des personnes ou des programmes, les électeurs sont capturés par des entreprises de mobilisations ethno-régionales. Ces élections auraient pu panser les plaies de la division si elles étaient réellement libres, transparentes avec des résultats incontestables et agréés par tous.»

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