Enam : Questions autour des listes additives
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La corruption et le trafic de places, dans l’opinion publique, ont fait leur lit au sein de cette prestigieuse école.

Le ton est directif, à titre exceptionnel et pour le compte de l'année académique 2019-2020, précise Joseph Le, le ministre de la Fonction publique, dans un communiqué publié avant-hier mercredi, on apprend que le Premier ministre a autorisé le recrutement de 119 candidats supplémentaires au concours d'entrée à l'Ecole nationale d'administration et de magistrature, sous réserve du remplissage effectif de tous les critères d'admission prévus par la réglementation en vigueur. Sont concernés par cette mesure, précise le communiqué, "ceux des candidats déclarés admissibles ayant pris part aux épreuves orales desdits concours et ayant obtenu le total des points requis pour être reçu, mais non retenus en raison du nombre restreint de places initialement ouvertes."

On apprend que cette mesure spéciale s'inscrit en droite ligne de la volonté du chef de l'État "qui prête une oreille attentive aux préoccupations de ses jeunes compatriotes en butte à de nombreuses difficultés, et qui frappent massivement aux portes de la Fonction publique, pour apporter à travers leur carrière, une contribution significative à l'édification de notre nation." Mais que cache en réalité cette sortie du ministre de la Fonction publique ? En fait, les arrêtés qu'il a signés portant admission des candidats aux derniers différents concours d'entrée à l'Enam n'ont pas dérogé à la règle de tripatouillages. Toute la presse s'en est fait l'écho, le nom du major s'est tout bonnement retrouvé dans la liste d'attente. Et ce n'est pas tout, dans les colonnes de votre journal, un magistrat en fonction au parquet général près la cour d'Appel du Sud, formateur des candidats à ce concours, René Francis Bayong s'est fendu d'une lettre explosive au chef de l'Etat pour dénoncer avec véhémence une corruption à large échelle dans l'admission à cette école prestigieuse.

12 millions pour le cycle A

Extraits : "Les pratiques qui suivent ont été instituées par certaines personnalités, membres de votre équipe qui semblent courir avec le temps et veulent à tout prix caser leurs progénitures quel que soit le moyen utilisé et dont les plus usuelles sont l'achat des concours et le trafic d'influence. Les prix d'achat souvent très élevés varient de 5 à 8 millions pour le cycle B (niveau Baccalauréat) et de 7 à 12 millions pour le cycle A (niveau licence et Magistrature). Le trafic d'influence est souvent très évident, lorsqu'à la lecture des admissions au concours de la magistrature, on dirait l'énumération des hauts magistrats de la République." Le portail des camerounais de Belgique. Le magistrat ne se prive pas de détails pour décrire une pieuvre qui étend inlassablement ses tentacules : "Pour preuve, souligne-t-il, les microfinances abondent des comptes joints ouverts par les candidats et les responsables en charge de l'organisation du concours, les études de Notaire signent des dépôts de séquestre, des actes de cession des terrains sont signés, etc. Je vous épargne, par pudeur et par respect, de nombreux actes pernicieux qui conditionnent aussi souvent l'accès à notre fonction publique et plus précisément à notre prestigieuse école qu'est L'Enam."

La corruption et le trafic de places, dans l’opinion publique, ont fait leur lit au sein de cette prestigieuse école. Comme un mauvais sort au fil des années, quasiment tous les concours sont entachés de scandales. En 2017, le candidat Ndjomo Milsaints Claude déclaré admis, est décédé le 09 octobre 2017 avant les épreuves orales. Son nom est parmi les 283 candidats, mieux, il figure en tête de liste (major) des personnes définitivement admises après les épreuves orales du Cycle A en Administration des Affaires sociales. Il n’a pourtant pas pris part aux épreuves orales.

Admissibilités

Au mois de mars 2013, un concours d’entrée à l’Enam est lancé. En avril de la même année, le jeune Hamidou Amadou, né le 22/09/1987 à Mindif, compose un dossier pour le concours d’entrée dans la division administrative, section administration générale. Il reçoit un récépissé de dépôt, dont le numéro d’identification est 5886, correspondant au dossier n° M275 daté du 08 avril 2013. Après la première phase du concours dite écrite, le jeune homme est bien déclaré admissible, comme en témoigne la rubrique annonces, page 20 du quotidien gouvernemental Cameroon-tribune du mardi 30 juillet 2013. Sur la liste des personnes déclarées admissibles affichée à cet effet, il occupe la 42ème place. Il est autorisé à passer les épreuves orales d’admission le samedi 03 août 2013. Curieusement, à la lecture de l’arrêté du 07 août 2013 du ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative portant publication des résultats d’admission au cycle « A » des divisions administratives et des régies financières de l’Enam, le candidat dit avoir « suivi » son nom. Mais, « Comme il faut toujours se rassurer, je décide de me rendre à l’Enam pour vérifier par moi-même.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me rends compte que le nom inscrit sur la liste n’est pas le mien ! Pourtant, je n’ai eu aucun homonyme sur la liste des admissibilités », se plaint-t-il. En effet, sur ladite liste, on peut lire à la 27ème place : « Hamidou Hamadou né(e) le 29/03/1987 ». Chose curieuse en effet, car le jeune homme jure ne pas avoir eu d’homonyme, depuis l’affichage des premières listes au sujet des personnes censées présenter le concours dans cette section. Comment se fait-il alors que subitement, au moment de la publication des listes définitives « portant admission des élèves en 1ère année du cycle « A » des divisions administratives et des régies financières de l’Enam », son nom connaît l’ajout d’un « h » supplémentaire, et même que, la date de naissance est précisée, chose qui n’a jamais été faite depuis le début. Or, « lorsque sur une même liste de concours, on a 2 noms similaires, on précise les dates de naissance pour éviter toute confusion à la fin. Mais cela est fait dès le début, pas au cours du déroulement de l’examen, encore moins à la fin », éclaire un expert.

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