Dialogue national : l’introuvable formule
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Comprendre: contre tous les moulins à vent qui tournent dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, le chef de l’Etat lit son horoscope et attend que sonne son heure, pour une gestion imaginative et définitive de la crise.

Au grand bonheur de ceux qui lui attribue souvent la sagesse de Socrate, le président de la République attend «le bon moment» pour mettre en musique sa volonté de dialoguer. Et comme tous ceux qui parlent en son nom sur ce sujet, Chief Joseph Dion Ngute a eu quelque chose à vendre à l’opinion nationale. En recevant le cardinal Tumi à Yaoundé, le Premier ministre a dit qu’au niveau d’Etoudi, le patron met la dernière main sur les dossiers, en vue de la tenue imminente d’une session de dialogue. Et, en gage de bonne foi, il a annoncé que Paul Biya a déjà posé un sérieux diagnostic sur le problème et que les lugubres prophéties ne sont plus à l’ordre du jour. Le dialogue aura donc bel et bien lieu.

Sauf que, sur le format, le ministère de la parole tourne à vide. Depuis, les amis de Paul Biya s’emploient à construire autour de lui un culte de la personnalité affirmant que lui seul détient la bonne formule. A les écouter parfois, il est intéressant de constater que seule l’adulation s’exprime toujours et partout par les mêmes formules creuses et de la même manière. Malgré leur doigté en science politique, ceux-là se gardent de toute lecture, quand, devant micros et caméras, ils ne s’égarent pas dans une rhétorique onctueuse. Supposer que Paul Biya soit lui-même l’instigateur de ces vulgarités médiatiques serait, sans doute, injuste. Mais comment imaginer, en revanche, qu’il n’en ait pas connaissance ? Lui font-elles plaisir ? Pense-t-il qu’elles servent ses desseins politiques? La réponse à ces questions ne peut être, hélas !, qu’affirmative, tant il est vrai qu’il ne s’est jamais montré embarrassé par les flagorneries dont il est l’objet et n’a jamais exigé que leur soit mis fin.

Et en ce qui concerne la crise anglophone, ces images traînent et s’impriment. Leur premier mérite: avoir dévalué, au jour le jour, les promesses d’un «dialogue formel», avec des vices de forme qui risquent de nuire au fond. Second mérite: avoir permis à certaines «créatures» de se disputer les enchères de la loyauté à leur créateur. Dans la bande, il y a de gros malins. A l’entame, ils ont dit qu’il n’y a pas un problème anglophone au Cameroun. A l’aide de cette conclusion qu’ils ont dit tenir de l’Histoire du pays, ils ont réveillé un sécessionnisme larvaire qui n’attendait que cette aubaine.

Examinons le bilan !

En plus des drames médiatisés qui répandent des paniques, le pays vit un véritable déboulé historique. Esquisse de solution : on a lorgné vers une machinerie suisse avec un outillage camerounais. Pas facile ! Parce que le mal vient de plus loin, comme disent les lecteurs des tragédies raciniennes, où le dénouement fatal est inscrit dès la première scène. Et du coup, on se pose la question : quelle formule doit épouser le dialogue annoncé ? Personne ne le sait. Avec force et clarté, personne ne peut ou ne veut se prononcer. Entre temps, toute initiative qui n’émane pas d’Etoudi est accusée de multiples péchés. Entre temps aussi, tout ce que l’on veut faire savoir, c’est que la solution à la crise anglophone se trouve dans le cerveau d’un seul homme. Bien qu’il soit admis que dans une société extraordinairement complexe, le rôle du chef de l’État est d’impulser une ambition, promouvoir un état d’esprit, à travers la mobilisation de multiples acteurs et la volonté de promouvoir un travail d’équipe.

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