La Camtel que laisse Nkoto Emane
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Au moment où le chef de l’Etat vient de rendre public le décret ouvrant le capital de cette entreprise aux investisseurs publics et privés, Repères interroge tant ses capacités financières que managériales.

Le 28 mai 2019, le président de la République signait le décret n°2019/263 portant réorganisation de la société Cameroon Telecommunications (Camtel). En son article 2, alinéa 2, ce décret donne la possibilité à la Camtel d’ouvrir son capital social aux entités publiques mais aussi aux investisseurs privés selon des mécanismes prévus par les statuts de l’opérateur historique de télécommunications au Cameroun. L’occasion est ainsi donnée aux autres opérateurs de télécoms de faire partie des actionnaires de la Camtel. Et de mettre fin au monopole de cette entreprise publique sur le secteur de la téléphonie au Cameroun.

L’ouverture du capital social de Camtel n’est pas la première qu’autorise le chef de l’Etat. En effet, Paul Biya l’a déjà fait dans le secteur des hydrocarbures. Ainsi, l’on observe que des marketeurs privés ont effectué des prises de participation au capital de la Société nationale de raffinerie (Sonara), l’unique du pays, et à celui de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP). L'info claire et nette. Seulement, au sein de l’opinion publique nationale, des questions sont soulevées sur la capacité de la Camtel à résister aux appétits financiers de ses potentiels actionnaires, surtout privés. Réagissant à un article paru à propos sur le site spécialisé , un internaute indique que « C'est la fin de Camtel ». David G. propose « la restructuration de l’entreprise et sa répartition en deux entités s’occupant l’une de la téléphonie et l’autre de l’internet ». Il assoit ses convictions sur le fait que « la pression que les opérateurs privés, soucieux uniquement de la rentabilité de leurs investissements, pourraient mettre sur le gouvernement ». L’auteur des propos que nous rapportons craint « une augmentation des tarifs aux particuliers et aux entreprises face à la volonté des multinationales de privatiser les besoins élémentaires des consommateurs pour faire leurs chiffres d’affaires sur la masse en arguant une augmentation du marché injustifiable ». KLF, un autre Camerounais, estime que « c'est bien de faire participer les privés au capital de la Camtel. mais pour plus de transparence, on aurait dû lancer un appel public et demander même aux individus de participer ».

600 MILIARDS DE FCFA DE DETTES

Le 21 mars 2019, Ondoua Ella Godfroid, se présentant comme « ingénieur principal des travaux des télécommunications », saisit le procureur général près le tribunal criminel spécial (PG/TCS). Dans un réquisitoire à charge sur la gestion de la Camtel, l’auteur passe en revue les aspects financiers et managériaux de cette entreprise publique. Dans le pamphlet de M. Ondoua, il est indiqué que « David Nkoto Emane à son départ laisse ainsi, sauf miracle, une dette astronomique qui devrait s’élever à plus de 600 milliards de FCFA sur la période 2014-2016 ». La Camtel est de ce fait la deuxième entreprise la plus endettée (juste derrière la Sonara, 607, 354 milliards, et Camwater, 297 408 milliards) sur les 26 répertoriées au cours de la même période. Sa dette représente le quart du total de ces entreprises publiques. Dans le détail, à la fin de 2016, la dette financière contractée auprès des banques, et dont la majeure partie auprès de la Exim Bank of China, s’élève à 462,279 milliards de FCFA.

Elle est la plus élevée de la rubrique. Dans le même temps, Camwater doit à ses fournisseurs locaux la rondelette somme de 41,132 milliards de FCFA. Les impôts et les douanes réclament à la Camtel de David Nkoto Emane 64,171 milliards de FCFA. Le document mis à la disposition du TCS indique que les retenues opérées mensuellement sur les salaires du personnel ne sont pas reversées. Le portail des camerounais de Belgique. Tout comme les cotisations sociales à reverser à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et les impayés de divers ordres envers le personnel de l’entreprise qui se chiffrent à 20,805 milliards de FCFA. Dans la rubrique « autres dettes », la Camtel accuse un retard à l’allumage de 2,784 milliards de FCFA à fin 2016. Le tableau qui rend compte du classement des sociétés qui ont le plus reçu de subventions de la part de l’Etat entre 2014 et 2016 indique que la Camtel n’a reversé aucun dividende. Le même tableau informe que « l’Etat a accumulé des impayés de près de 24 milliards de FCFA envers Camtel, certainement après compensations, soit une moyenne annuelle de 8 milliards de FCFA, compris, eux, dans les plus de 35% des recettes annuelles non recouvrées ».

La scène se déroule à Kribi le 22 mai 2018 lors de la cérémonie officielle de lancement de la pose de la fibre optique entre le Cameroun et le Brésil. Elle est significative du système de [mal]gouvernance en vigueur à la Cameroon Telecommunications (Camtel). Sur le montant du financement allouée à cette activité, le directeur général (DG) indique que « nul n’est besoin de le divulguer ici. Nous allons donner ce chiffre à Mme le ministre en séance de travail ». Cette tentative d’entourloupe de David Nkoto Emane est rattrapée par Minette Libong Li Likeng : « M. le DG, nous devons appliquer les instructions du chef de l’Etat sur la transparence dans la gestion de la chose publique ».

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