Cameroun: Grandes réalisations
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En faisant la zapette l’autre jour, je suis tombé sur le journal de Télé Sahel, la première chaîne de télévision de l’Office de radiodiffusion télévision du Niger (Ortn). Un gros plan y a été consacré à deux évènements marquants de la vie de ce pays d’Afrique de l’Ouest, parmi les plus pauvres au monde. L’inauguration de l’aéroport international « modernisé » Diori Hamani de Niamey et celle de l’hôtel cinq étoiles Radisson Blu par le président Mahamadou Issoufou.

Le charme des deux ouvrages exécutés par l’entreprise turque Summa, dans le cadre d’un partenariat public-privé, en prélude au sommet de l’Union africaine qu’abrite le Niger en juillet prochain, force l’admiration. Un régal pour le téléspectateur.

Particulièrement heureux, le président Issoufou a déclaré que ces infrastructures, qui viennent s’ajouter à d’autres, réalisées ou en cours de réalisation, renforcent la capacité de la ville de Niamey à accueillir les évènements internationaux. Et d’indiquer : « les investissements réalisés dans le cadre de ces deux projets n’ont entraîné aucun endettement de l’Etat. La totalité de leur financement ont été assurés par l’entreprise Summa ». Il faut préciser qu’en compensation, pour ce qui est de l’aéroport rénové, la société turque se verra offerte l’exploitation des infrastructures pour une durée de 30 ans, selon les termes du contrat.

Au-delà de la qualité présentée à l’écran, ce qui frappe le téléspectateur, c’est la durée des travaux. 11 mois pour les deux ouvrages ! Cela ne peut qu’interroger lorsqu’on transpose cette performance à la réalité camerounaise.

En effet, la liste des projets qui traînent à être bouclés sur des années est longue chez nous, comme un jour sans pain. Entre la maturation des projets, les procédures administratives interminables, l’engrenage des indemnisations des riverains, le choix du maître d’œuvre, le paiement tatillon des prestataires, les grèves à répétition, etc., de longs mois s’écoulent généralement sans que les ouvrages censés booster le développement du pays et procurer le bien-être aux populations ne soient livrés. Quand bien même ces projets viennent à être bouclés relativement dans les délais contractuels, leur qualité laisse très souvent à désirer.

A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler les doigts. C’est ainsi que le Cameroun a été brutalement rattrapé par son amateurisme le 30 novembre 2018 lorsque le comité exécutif de la Confédération africaine de football (Caf) a décidé de lui retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019. Pourtant, c’est en septembre 2014, soit cinq ans plus tôt, que le pays s’est vu attribuer l’organisation de cette compétition continentale.

Après ce cuisant échec, les autorités camerounaises semblent continuer à danser au bord du précipice. A défaut d’être à l’arrêt, les chantiers d’infrastructures sportives, à l’exception notable du Stade de Japoma, tournent au ralenti. Or, le championnat d’Afrique des nations (Chan), prévu en 2020 et même la Can 2021, c’est demain. Si l’on n’y prend garde, les mêmes causes produiront inévitablement les mêmes effets. Pour ce qu’il représente (ou a représenté), l’honneur du Cameroun ne mérite pas d’être ainsi bazardé.

Au demeurant, avec la floraison et la démocratisation des chaînes satellitaires, sans oublier la déferlante des réseaux sociaux, les Camerounais, même vivant dans des zones reculées, ont des éléments pour faire des comparaisons entre ce qui se fait ailleurs et dans leur pays. Du coup, le discours officiel qui tend à leur vendre d’illusoires « grandes réalisations » sera de plus en plus inopérant.

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