PROLONGATIONS DE LA PRÉSIDENTIELLE : Le poker menteur de Kamto
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Dans une lettre adressée à ses co-détenus, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) voudrait donner de lui l’image de légaliste et de républicain. Ses actions antérieures discréditent cette démarche.

La signature à la base du document manuscrit de Maurice Kamto est révélatrice de sa prise de conscience. Alors que ses militants et sympathisants l’ont toujours désigné comme « le président élu » de son propre fait, le président du MRC ne s’affuble plus ce titre. C’est qu’en réalité, face certainement à l’âpreté de la vie carcérale, M. Kamto a dû faire son introspection. Pour constater dans son for intérieur qu’il n’a jamais gagné l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 au Cameroun. A sa charge, l’absence de toute preuve de sa victoire. Jusqu’ici, le MRC n’a jamais mis sur la place publique les procès-verbaux sur lesquels il se base pour soutenir la victoire de son candidat.

L’agrégé de droit s’est lui-même mis dans les problèmes à travers ce qu’il a intitulé « le programme de résistance nationale au hold-up électoral dans la perspective de la prestation de serment de M. Biya en novembre », rendu public le 25 octobre 2018. Quelques jours après la proclamation de sa victoire à Yaoundé dès le 8 octobre 2018. Puis, Maurice Kamto organisait l’opération « 5min pour faire fuir le voleur » suivie de « 10 minutes d’inactivité » qui consistait « à produire du bruit à l’aide des klaxons, des tam-tams, des sifflets, bref, tout ce qui peut produire du vacarme, dans les villes de Yaoundé, Douala et Bafoussam ». Après, il s’est agi du « port du blanc par tous les partisans du MRC le jour de la prestation de serment du président Paul Biya ».

Ce 6 novembre 2018 en effet, outre le blanc, Maurice Kamto s’est produit au rondpoint Nlongkak au cours de ce que ses affidés présentaient comme sa prestation de serment. Au cours d’un point de presse le vendredi 26 octobre 2018 à Yaoundé, Paul Atanga Nji, en dénonçant ce que les partisans du MRC ont toujours dénommé « le chassement » dans les réseaux sociaux, indiquait que « toutes les tentatives de trouble à l'ordre public seront traitées avec la plus grande fermeté. Les auteurs, comme ceux qui les y auront incités, auront à répondre devant les instances judiciaires compétentes. La qualité d'ancien candidat à l'élection présidentielle ou membre d'un parti politique ne confère aucune immunité ». Paul Atanga Nji avertissait en guise de conclusion : « Tous ceux qui seraient tentés de violer les lois de la République auront à en répondre devant les instances appropriées et subiront toute la rigueur de ces mêmes lois ».

PREUVES ACCABLANTES

« Tontinards du monde entier, disons bonjour à notre président. Le valeureux combattant, Kamto Maurice ». C’est le post publié le 1er février 2019 aux aurores par Boris Berthold sur son mur Facebook. Cet appel à soutenir « le président des Tontinards », par ailleurs président du MRC, montre bien qu’il existe des atomes crochus entre ce mouvement obscur et Maurice Kamto. Bien plus, comme une branche, sinon armée, du moins radicale, du MRC et des « Tontinards », un groupe dénommé « brigade anti-Sardinards (BAS) », né au plus fort de la contestation post-électorale menée par l’ancien candidat du MRC à l’élection présidentielle, prend d’assaut les ambassades du Cameroun à Paris et Berlin le samedi 26 janvier 2019. A Paris, sur des vidéos publiées dans les réseaux sociaux, on peut voir plusieurs éléments de cette « soldatesque » déchirant des effigies du chef de l’Etat qu’ils remplacent par celles du « président élu », Maurice Kamto. « Je viens de parler au président Kamto pour lui rendre compte du travail effectué et il vous félicite tous », peut-on entendre dire un personnage en tenue militaire, assis dans un fauteuil, pieds croisés sur le bureau, avec au-dessus de lui, collée au mur, une de ces effigies. Suffisant pour corroborer la thèse d’accointances entre le président du MRC et ce groupe de radicaux. Même si le concerné a toujours nié ses accointances avec les influenceurs web et ce groupuscule. Tout comme il voudrait prendre des distances vis-à-vis de leurs actes par leur condamnation du bout des lèvres.

Le 28 janvier 2019 à Douala, la machine judiciaire enclenchée met la main sur Maurice Kamto, Albert Ndzongang, Christian Penda Ekoka, l’artiste Valsero entre autres et environ 160 « marcheurs ». Ils sont inculpés pour « attroupement, rébellion en groupe, insurrection, hostilité contre la patrie, association de malfaiteurs, complicité et trouble à l'ordre public ».

LUCIDITE RETROUVEE

Le 15 mars 2019, Me Éric Dupont Moretti, longtemps annoncé comme un renfort de poids pour le collège des avocats de Maurice Kamto, arrive au Cameroun. Alors qu’on s’attend qu’il démonte point par point les chefs d’accusation portés contre son client, Me Moretti rend plutôt publique « la volonté de Maurice Kamto de rencontrer « le président » Paul Biya pour discuter ». Au-delà de la surprise de cette information, on note alors un revirement dans la volonté du prisonnier de contester le statut de « président » de Paul Biya. Même si l’avocat français réajuste : « Il est tout à fait normal que quelqu’un qui revendique sa victoire entame une discussion avec celui qui la conteste ». « Sauf que Paul Biya n’a jamais contesté « la victoire de Kamto » en ce qu’il ne l’a jamais évoquée », soutient le clan Biya. « J’ai fait savoir, à travers nos avocats, ma disponibilité à discuter avec M. Biya pour solder le passif du scrutin présidentiel du 7 octobre 2018 et jeter des bases sérieuses et crédibles d’un nouveau départ politique dans notre pays », écrit Maurice Kamto dans sa lettre du 14 avril 2019. Qui poursuit en abordant la résolution de la crise anglophone.

Dans une correspondance qui, en réalité, incite ses « chers camarades et amis politiques » à continuer la résistance, l’on entrevoit que Maurice Kamto comprend très bien la posture [inconfortable] dans laquelle il se trouve et l’impasse qu’il a créée en tournant le dos au respect des lois camerounaises. Et tente d’en sortir par des subterfuges. Or, l’agrégé de droit sait bien ce qu’il a à faire pour cela : son mea culpa.

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