Décryptage : Jean Nkuété fait-il de la navigation à vue à l’Ouest ?
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La décapitation du groupe des hommes d’affaires du Gs 30 et l’éradication définitive de l’influence des leaders embastillés à l’instar d’Alphonse Siyam Siéwé et d’Yves Michel Fotso feraient partie de son agenda caché.

I-Une litanie innopérationnelle et inefficace

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ne se porte guère bien dans l’arrondissement de Penka-Michel. Unité administrative dans laquelle se trouve Balessing, le village d’origine de Jean Nkuété, secrétaire général du comité central du parti de Paul Biya. Lors de la dernière élection présidentielle, le parti au pouvoir, le parti de celui que Jean Nkuété aime appeler « le grand patron », a perdu dans la majorité des commune du département de la Menoua, y compris dans celle à laquelle appartient le secrétaire général du comité central du Rdpc. Alors, la voix de celui-ci peut-elle être audible quand il prend son bâton de pèlerin pour aller faire des leçons aux électeurs et militants du parti des flambeaux ardents à Bafang et à Bafoussam ? « Chaque fois, Jean Nkuété vient à Bafang. Il prononce les mêmes discours faces aux mêmes problèmes, devant les mêmes protagonistes, et s’en va. Et il revient quelques temps après, avec les mêmes recettes inefficaces.»

Avec ce constat établi par un militant du Rdpc du Haut-Nkam, comment Jean Nkuété peut-il convaincre les Rdpecistes de Bafang qui continuent de pleurer l’absence d’Alphonse Siyam Siéwé, ancien ministre et ancien directeur général du Port autonome de Douala embastillé dans le cadre de l’opération Epervier depuis plus d’une dizaine d’années ? « Ici dans le Haut-Nkam, les militants et cadres du Rdpc sont globalisés frustrés. Depuis l’éjection de Michael Ngako Tomdio du gouvernement, nous avons de leader capable de mobiliser. Nous cotisons chaque fois pour le parti, mais cela ne permet pas un réel décollage. Juimo Monthé ne dispose plus des ressources financières fortes. Sa gestion du peu que nous cotisons suscite des interrogations », analyse un militant du parti des flambeaux ardents. Sa complainte est autant forte que les trois députés du département du Haut-Nkam, élus en 2013, ne sont pas très visibles sur le terrain de la mobilisation. A l’exception de Lucien Wantou Siantou présents à travers l’organisation de la fête de l’excellence scolaire où des bourses scolaires sont offertes aux meilleurs bacheliers du département, Abdoulaye Ndengué et Claude Juimo Monthé ne disposent pas des faits d’armes en terme de générosité à l’endroit des militants et sympathisants du Rdpc.

Députée suppléante et ne disposant pas contrairement aux autres, des ressources allouées dans le cadre des microprojets parlementaires, Hortense Kamanké, s’est démarquée, ces derniers années, comme l’une des têtes fortes du Rdpc dans le Haut-Nkam grâce à sa présence et ses divers appuis aux communautés villageoises en matière de santé et d’éducation. Il en est de même du duo prince Roger Tchoula Motho et Joseph Nguessieuk. Très entreprenant et hyper créatif, ce dernier suit valablement les pas du premier. Ayant maintenu l’organisation du tournoi de football de l’unité, ce jeune se démarque par des dons dans les maternités. Et ne manque d’appeler les Haut-nkamois à s’aligner le Rdpc et Paul Biya. Que dire des multiples efforts de Barthélemy Djimgou qui, à travers le projet de l’acquisition d’une foreuse au bénéfice du syndicat des communes du Haut-Nkam dont il est le président et engagé à offrir de l’eau potable en abondance aux populations, a voulu donner un souffle fort au parti de Paul Biya dans ce département ?

Malgré cette affirmation de loyauté et de fidélité affichée par les uns et les autres, l’électorat du Rdpc est en voie d’effritement dans le département du Haut-Nkam. La présence de l’Union des mouvements socialistes (Ums) de Pierre Kwemo qui contrôle la commune de Bafang constitue un indice fort. Et le mauvais score de Paul Biya dans le Haut-Nkam lors de l’élection présidentielle de 2018 rentre dans cette logique. A l’heure actuelle, le cœur de la majorité des Haut-Nkamois balance incontestablement pour Maurice Kamto et le Mrc ou pour Pierre Kwemo et l’Ums.

II-La farce cachée des missions répétitives

Autre élément qui traduit le caractère suspect de la mission conduite par Jean Nkuété est lié au fait que moins de deux semaines avant lui dans le cadre de l’académie régionale du Rdpc, le sénateur Ibrahim Mbombo Njoya, sultan Roi des Bamoun et chef de la délégation régionale permanente du comité central du Rdpc à l’Ouest a organisé une réunion à la Maison du parti de Bafoussam avec les mêmes objectifs. En fait, le respect de la discipline du parti et le renforcement de la cohésion interne du parti au pouvoir pendant les échéances électorales résument ces objectifs officiels. Les chefs de délégation permanente avaient donc la responsabilité d’organiser au niveau local un séminaire de restitution. Mais Claude Juimo Monthé ne l’a pas encore fait à Bafang. Jean Nkuété serait-il donc venu en appui à ce leader local qui semble ne plus jouit de la crédibilité de ces camardes ? Si on peut répondre par l’affirmative , une autre interrogation surgit. Pourquoi le secrétaire général du comité central du Rdpc s’est rendu le lendemain à Bafoussam où quelques jours avant une réunion de restitution avait été organisée par le sénateur Sylvestre Ngouchinghé, chef politique local ? Certains pensent que Jean Nkuété est engagé à saboter les membres du groupe de solidarité du 30. Une groupe de tontine dans lequel se trouve Sylvestre Ngouchinghé, Paul Fokam Kamogné , Lucas Djemmo et bon nombre d’opérateur économique accusé d’avoir financé la campagne de l’opposition lors de l’élection présidentielle du 07 octobre dernier. L’acharnement de la brigade des contrôleurs de prix du ministère du Commerce qui a scellé, il y a une semaine, un dépôt de Congelcam à Yaoundé ou une agence de Sorepco dans la même ville donnent quelques sueurs froides aux membres de cette tontine. Une autre question qui taraude les esprits. Jean Nkuété, veut-il montrer à Paul Biya qu’il est plus mobile et efficace que Marcel Niat Njifendji et le sultan Ibrahim Mbombo Njoya ?

En rappel, ces deux derniers n’ont pas été présents sur le terrain de la campagne électorale en septembre et octobre pour des raisons de santé. Ce qui fait que la commune de Bangangté est restée dans le giron du parti au pouvoir avec un score au-dessus de la moyenne nationale-environ 71 %-grâce aux efforts déployés par Célestine Courtes Kéctha, promue ministre du Développement urbain et de l’habitat dans le gouvernement du 04 janvier dernier.

III-Des luttes pour le positionnement communautaire ou personnel

Que l’on soit pro-Rdpc ou pas, il faut le reconnaitre, avec le système électoral et constitutionnel actuel au Cameroun, le parti de Paul Biya pourra encore occuper pour de nombreuses années, la posture de parti politique dominant sur la scène politique. Que l’opposition ait une majorité sociologiques surtout dans les grandes métropoles que sont Douala, Yaoundé, Edéa et Bafoussam, il faut l’admettre, celle-ci est difficilement transformable en majorité politique.

Ainsi donc, les élites qui se battent au sein du Rdpc dans une spirale autoanthropophagqiue, se bagarrent pour la quête des positions de pouvoir ou d’argent au sein du sérail gouvernemental. Des appels à la réconciliation lancés par Jean Nkuété durant son périple ne vont pas prospérer chaque fois qu’il n’y aura une répartition équitable des fruits de la victoire ou de l’engagement partisan. C’est la loi du clientélisme politique.

A Bafoussam par exemple, une bonne partie de l’élite politique estime quel le sénateur Sylvestre Ngouchinghé est combattu et même cannibalisé par ses camardes du Rdpc des sept autres départements de la région de l’Ouest et de la Mifi parce, vu son âge et le nombre de ses années de militantisme actif au sein du Rdpc, il occupe déjà une position de « faiseurs des rois locaux » à l’instar de Victor Fotso à Bandjoun. Ses adversaires redoutent bien que son influence puisse connaitre une croissance dans les prochains mois. Surtout qu’après avoir conduit la liste du Rdpc pour les sénatoriales de février 2018 marquée par la victoire du Rdpc sur le Sdf, l’Ums, l’Undp et l’Udc, il a voulu occuper un poste dans le bureau de l’auguste chambre. Un peu comme Adolphe Patchong, ce fils Bafoussam désigné vice-président de l’Assemblée nationale à l’aube de l’indépendance du Cameroun. Et depuis lors rien pour les enfants de la Mifi Au sein des instances du parlement. Un seul exploit politique au niveau du gouvernement : le poste de ministre, secrétaire général adjoint des services du Premier ministre occupé par le Pr Pascal Nguihé Kanté, promu dans le gouvernement du 02 octobre 2015.

Et pourtant, sur place, on estime que, en soutien au Dr Louis Paul Aujoulat, Ahidjio et autres tenants de la légalité républicaine face à la rébellion de l’Union des populations du Cameroun (Upc), un certain Kué Dado (originaire de Baleng) et son compagnon Tatientse (originaire de Bafoussam) se sont investis pour l’éradication du maquis et le rétablissement de l’ordre républicain dans ce qui était appelé la subdivision de Bafoussam avant le transfert de la capitale régionale de l’Ouest de Dschang à Bafoussam en 1963.

Le sénateur Sylvestre Ngouchinghé serait-il donc-sournoisement combattu- parce qu’il se trouve dans la dynamique de vouloir réhabiliter les natifs de Bafoussam, Baleng et Bamougoum au sein du landerneau politique régionale et nationale ? Le Pdg de Congelcam Sa serait-il de ceux qui pensent que la Mifi

actuel ne doit pas être politiquement phagocytée par les originaires des départements du Haut-plateau et du Koung-Khi, deux départements qui appartenaient à la grande Mifi, avant les décrets de 1992 ? Tient-il donc fortement à l’affirmation politique des intérêts de la Mifi dans sa configuration actuelle ? Autant de questions dont les réponses peuvent jaillir à l’observation des joutes de façades ou les manœuvres de coulisses qui ponctuent, ces derniers temps, la vie politique au sein du Rdpc dans la Mifi en particulier et dans la région de l’Ouest en général.

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