Vie chère : « Les ingrédients de 2008 sont réunis »
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A un moins du début du Ramadan, la Fondation camerounaise des consommateurs met en garde contre la flambée des prix de certaines denrées alimentaires, dont le sucre.

Dans un mois et demi, les musulmans vont débuter le Ramadan, qui est un moment de privations et de jeun. C'est aussi la saison où l'on observe une très forte demande en sucre, tous genres et tout conditionnement confondus. Alors que l'échéance approche, les prix de certaines denrées alimentaires, dont le riz, le poisson et le sucre, explosent sur le marché, non sans impacter le panier de la ménagère. Dorcace, une ménagère basée à Douala, au quartier Ndogbong, affirme que les maquereaux de 1500F remplissent à peine sa petite marmite et ne peuvent satisfaire les besoins de son foyer de neuf bouches.

« En 2008, un paquet de sucre en carreau d'un kg coûtait 500F. Aujourd'hui il coûte 750F à Douala, 800F dans les grandes surfaces, 850F chez le petit boutiquier, 1000F à Bertoua et 1200F dans mon village Ntui, dans le Sud Cameroun », détaille, non sans le déplorer, Alphonse Ayissi Abena, le président de la Fondation camerounaise des consommateurs (Focaco), très remonté contre le gouvernement et son silence jugé complice. En effet, la demande annuelle en sucre oscille autour de 300 000 tonnes depuis dix ans. La Société sucrière du Cameroun (Sosucam), qui exerce un quasi-monopole sous le contrôle des pouvoirs publics, n'en produit que 130 000 tonnes par an, une capacité de loin inférieure à la demande. Les agglomérées (entreprises produisant le sucre en carreau) n'en produisent que 40 000 tonnes, ce qui porte la production nationale à environ 170 000 tonnes. Il y a donc un gap de 130 000 tonnes à combler chaque année.

Or, le principal producteur, qui rivalise parfois avec les importateurs nationaux, dont les quantités d'importation autorisées sont assez réduites, privilégie quelquefois le marché sous-régional ainsi que certaines entreprises locales, au détriment du petit consommateur camerounais, d'après la Focaco. La Fondation dit avoir déployé ses membres à Garoua et à Maroua pour constater les effets de la pénurie et de l'inflation dues au blocage des camions de sucre à Nkoteng et à Mbandjock. Une situation qui oblige les acteurs de la chaîne de distribution à répercuter les charges supplémentaires dans le panier du consommateur final, sous la forme de la spéculation.

8 millions de pauvres

L'absence de mesures palliatives explique que le sac du 50 kg de sucre soit passé de 22 000F à 23000 (quand le marché était ouvert), à près de 30 000F dans le sud du pays, et 35 000F dans le grand nord. Mais la flambée ne concerne pas que ce produit de grande consommation. Le prix du pack d'eau minérale a augmenté en 11 ans, même si la récente baisse par une société de la place, a contraint ses principaux concurrents à revoir leurs coûts. En 2008, le taxi était de 150F, aujourd'hui il est de 250F. La Focaco attire l'attention des dirigeants sur le fait que

« Nos besoins augmentent, mais les capacités de production stagnent ». D'après l'annonce faite l'année dernière (2018) par l'Institut national de la statistique (INS), le Cameroun compte 8 millions de pauvres (ceux qui vivent avec moins de 1000F par jour), soit 30 à 40% de la population.

« Nous sommes dans une situation socio-économique où le consommateur ne parvient plus à joindre les deux bouts. La Fondation est restée ferme sur ses positions au cours des concertations avec le ministère du Commerce. Le ministre se comporte comme si le Cameroun se résume à Douala et Yaoundé. Or dans l'arrière-pays, les gens sont extrêmement pauvres et démunis, leur pouvoir d'achat est très réduit. Tous les ingrédients de 2008 sont réunis actuellement en 2019 : les salaires sont restés les mêmes depuis la dernière baisse ; dans le secteur privé, on compte au bout des doigts les entreprises qui donnent un salaire décent à leurs employés ; le sous-emploi excède 60%. » La Focaco exhorte le gouvernement à lever la suspension de l'interdiction de l'importation du sucre, quitte à fixer les quotas d'importation.

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