Le problème bëti-bamiléké au Cameroun
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Le problème bëti-bamiléké au Cameroun :: CAMEROON

Beti, Bamiléké et leurs pendants péjoratifs « Nkwa1 », « Belobelobo2 »sont des éléments d’une litanie à laquelle nous sommes habitués depuis notre tendre enfance, au point où l’on ne distingue plus s’il s’agit de mots simples ou des réalités factuelles. La récurrence de ces attributs exotiques dans la communication entre Camerounais et leur impact dans l’imaginaire collectif commande de s’interroger sur leur véritable statut : sont-ce les caractéristiques des identités particulières éprouvées ou les produits d’une classification sociale ? Lorsque des individus d’un groupe social sont « réputés » forts, travailleurs, intègres, courageux ou fainéants, sournois, rusés, ces qualificatifs rendent-ils compte d’expériences existentielles irréductibles de ces groupes sociaux ou déterminent-ils des personnalités les plus représentatives comme autant de traits de caractères distinctifs du groupe ? Plus systématiquement, qu’est-ce qu’une ethnie, une tribu ? Est-ce une donnée conventionnelle ou entité naturelle en l’homme ? Serait-ce un capital mémoriel ou la résultant de frustrations et de préjugés indécrottables ? Peut-on s’y soustraire ou est-on rivé originellement à en assumer la fatalité ?

Actuellement nos spécialistes du discours, nos politiciens et nos hauts gradés de l’armée de l’intelligence facultaire ne s’encombrent pas de ces questions déroutantes : ils assument leurs identités décrétées avec les vertus humaines et avantages matériels qui y sont attachés, en entretenant une rhétorique réactionnairepropres aux privilégiéset lesvertus de la force du Décret. La paresse intellectuelle qui couve même au plus haut sommet de l’édifice universitaire dans notre pays commande d’ailleurs une attitude de déni : il est convenu – pensée unique des Professeurs oblige – que les ethnies et les tribus sont des réalités qui s’imposent désormais ; que chacun porte en lui les gènes du tribalisme (on l’est d’une façon ou d’une autre, qu’on le veuille ou pas…). Aussi les Owona, les Essomba, les Beyala et autres Onana, extasiés de leur fierté consacrée par l’ethnologie et l’anthropologie, croient-ils qu’ils sont des substances nobles, d’une nature étrangère aux identités viciées de l’Ouest. Leur respectabilité dominicale immaculée est établie ; ils sont fiers et altiers comme des pointes Toc : ils frappent ! Pour eux, les mots sont des choses, et plus exactement des cacatovrhétoriques imparables, des cocktails nauséabonds made in Yaoundé ; leur poids vindicatif hypostasie l’altérité et la module suivant les rayures de leur rancœur, l’intensité de la haine qu’ils nourrissent et la densité de leur agressivité inepte : ils croient cracher les bamiléké de leur bouche comme Jésus sortait les démons de la Sienne sous forme de petits porcelets turbulents. De leur côté,les autres ont du répondant : Tchami, Tchakunté, Ndogmo et autres Nganang, ivres de leur réputation d’Harpagons nègres, renonçant à s’interroger sur leur patronyme à connotation basa’a et bëti, croient exclusivement en la légende vaudevillesque qui fait d’eux des rats palmistes-nés et des possédés de l’avarice.Et ils appréhendent leur décentrement comme une élection divine : ils sont une essence pétrifiée qui doit féconder le pays tout entier.

Il faut pourtant qu’on entreprenne de répondre vigoureusement aux interrogations qui importent, pour éviter de créer des fictions pernicieuses comme le repli identitaire, l’ethnicisme ou le tribalisme et qu’on se prémunisse surtout du déshonneur qu’un grand peuple comme le nôtre cultive les plus méprisantes hérésies, celle par exemple qui consisterait à légiférer sur le tribalisme. Il importe donc de savoir si l’appartenance tribale est une option politique ou un atavisme. Le « Beti » ou le « Bamiléké » est-il une race du passé ou un peuple à venir ? Lorsqu’on dit de moi que je suis un « beti », caractérise-t-on ma personnalité, ma culture ou ma destination générique en tant qu’homme ? En quoi cette particularité peut-elle contribuer à l’édification d’une République stable et prospère où la préservation de la diversité culturelle prévaudrait comme enjeu de toute politique publique ? Je tâcherai d’y réfléchir d’un double point de vue : une analyse des manifestations des segmentations, rapprochements ou exclusions impliqués dans le processus d’identification tribale qui constitue ces particularismes (le point de vue phénoménologique) et la critique éthique qui s’impose en conséquence.

Les Bamiléké, les Bëti et les autres : le mensonge de l’identité tribale

Dans la lutte nationale des composantes sociologiques pour la conquête du pouvoir et la répartition des richesses, les bamiléké sont réputés affables, avares, mesquins, cupides, en somme des êtres invivables, « sans personnalité » et dangereux dont il faut en permanence se méfier : « un Bamiléké te tue en riant », « avec ces gens-là, il faut toujours avoir un œil ouvert », ai-je coutume d’entendre, même de la part des personnes les plus respectables et les plus insoupçonnées. Tels sont les clichés. Ces « vérités » sont d’ailleurs attestées par les écritures. Dans son roman En attendant le vote des bêtes sauvage, Ahmadou Kourouma se fait l’écho de ces préjugés à travers son personnage Maclédio, dans ses aventures en pays bamiléké : « À pied d’œuvre au Cameroun, Maclédio eut à se choisir un petit boy parmi les travailleurs forcés […]. La préférence de Maclédio se porta sur le jeune Gaston d’ethnie bamiléké. Gaston était plus fidèle qu’un chiot et plus silencieux que le cache-sexe d’une vierge. […] Je connaissais et admirais les Bamilékés pour leur cupidité et leur affairisme. » (p. 135 et 139). Cette clameur de l’immoralité des bamiléké a donc dépassé les frontières nationales et les autres se gaussent de ces épanchements de la bêtise décrétée des populations du Grassland camerounais.

Or, la réalité est plus complexe. En voici deux illustrations : 1/ Dans les années 2000, un des miens, homme d’affaires monogame véreux ayant fait fortune grâce à l’exploitation cynique de ses ouvriers, réussit l’exploit de « faire entrer » à l’ENAM, le même jour, quatre lauréats : son fils, ses deux filles et son beau-fils ! 2/ Je connais un autre Eton qui a fait fortune dans le cacao. À vue d’œil, son visage et son sourire sont très avenants : il paraît calme, plein de sollicitude, presque empathique. En règle générale, les mercenaires et les kleptomanes impénitents qui pillent notre République en lambeaux cultivent l’ostentation, la veulerie, un luxe outrancier et un cortège d’imbécilités remarquable. Peu commodes, ils aiment à balader la solde de sang de leurs exactions dans leurs V8 rutilantes. Certes notre Eton ne déroge pas à cette règle non écrite. Mais il a néanmoins un plus qui le caractérise : son visage tempéré, passif, voire aimant, le rend presque inoffensif. Mais derrière ce masque de fée se dissimule une âme effroyable et carnivore. C’est une catastrophe vivante, une âme commerciale vorace et cynique, un monomaniaque hétérodoxe. Depuis un demi-siècle environ, il pille les cultivateurs et leur vole leur cacao, sans aucun scrupule. Il fait plus : il arrache les villages entiers et les intègre dans l’arrondissement biologique de ses méfaits. Dans ces deux précédentes illustrations, sont-ce les bamilékés à l’œuvre ? Non ! Ce sont des « bëti » qui incarnent à la perfection la cupidité, la sournoise, la ruse et la boulimie compulsive qui sont réservées à la « nature » des originaires des Grassfields. Dans tous les cas évoqués, en quoi les seconds se distinguent-ils des premiers ? Où est la noblesse à l’œuvre chez les uns et l’immoralisme exclusif des autres ?

Ethnie et tribu : deux inventions des sciences humaines

Revenons dans les livres. L’ethnie et la tribu désignent deux processus dynamiques de socialisation en vigueur dans les sociétés prémodernes ou émergentes. De manière technique, lorsqu’on parle d’ethnie ou de tribu, on considère un ensemble d’éléments historiques, généalogiques, anthropo-sociologiques et/ou ethnographiques caractéristiques d’un groupe d’individus dans les sociétés préindustrielles – quoiqu’il arrive qu’on en trouve des reliques dans les sociétés industrielles. Les deux caractéristiques communes principales que les notions d’ethnie et de tribu ont en partage, ce sont la communauté de langue et la proximité des cultures (par exemple les croyances religieuses). Ce qui les distingue, c’est que la « conscience de groupe » est davantage ancrée dans l’ethnie, alors que la revendication identitaire « d’une même souche » sous-tend l’appartenance à la tribu. En revanche, le paramètre politique est plus représentatif dans la constitution de la tribu dans la mesure où, ici, la socialisation est fondée sur un système politique commun. Ainsi, alors que l’ethnie repose essentiellement sur une conscience d’être ensemble avec, la tribu s’impose comme réquisition des membres en tant qu’ils sont, de facto, atomes d’un système hiérarchisé qui leur préexiste. En ce sens, l’appartenance ethnique est dynamique, voire sentimentale et l’appartenance tribale est mécanique et quasi biologique, puisqu’elle passe par l’identification des « traits » psychosomatiques spécifiques à la communauté dont on revendique l’appartenance.

Ce parallèle s’impose au départ de cette réflexion ; ethnie et tribu sont les produits de l’édifice des sciences de l’homme, de la déconstruction des rapports de l’Occident avec le reste du monde. Car, si l’on admet que l’ethnie et la tribu sont des références anthropologiques, ethnographiques ou sociologiques fonctionnelles et scientifiquement attestées, les réalités historiques et politiques auxquelles elles se rapportent le sont moins. Mieux, du point de vue de l’analyse phénoménologique et esthético-éthique où nous nous situons, ces indications terminologiques aident peu à exposer les ressorts des phénomènes d’aliénation, de mal gouvernance et de criminalité endémique dont notre environnement politique est systématiquement impacté.

Le mythe des bëti et des bamiléké : retour sur la construction d’identités impossibles

Batié, Bafang, Bafoussam, Batcham, Mbouda, Dschang, tous les groupes sociologiques de l’Ouest-Cameroun ont de si frappantes différences de langues, de coutumes, que personne de rationnel ne peut leur reconnaître une souche commune qui serait le « bamiléké », qui n’existe donc pas en soi. Et l’étroite proximité que l’on s’empresse de reconnaître entre leur cinq sous-groupes dialectaux (le Ghom’a-lah, le Medumba, le Fè-fèè, le Yemba et le Ngomba) est scientifiquement peu convainquante. De manière générale, on entend par « Bëti » un ensemble disparate de peuplades d’Afrique centrale (Cameroun et Gabon, Guinée équatoriale principalement). La légende dit qu’ils seraient venus du Nord et se seraient dispersés dans les régions du Centre et du Sud et au-delà sur le dos d’un grand serpent ; et qu’à l’origine, ils parlaient tous une langue : l’« ati ». Dans Initiations et sociétés secrètes au Cameroun : Essai sur la religion beti : Les mystères de la nuit, Philippe Laburthe-Tolra observe : « Par sa langue et sa culture, ce groupe constitue un élément de l'ensemble "Pahouin" qui inclut les Boulou et les Fang du Cameroun méridional, de la Guinée Equatoriale et du Gabon. » De cette présentation on comprend donc, très distinctement, que ce grand groupe comprend trois composantes : les beti, les bulu et les Fang. Autrement dit, beti n’inclut point le bulu et vice-versa. Parlant des beti, l’auteur utilise invariablement « société » ou « groupe ». Mais les groupes ethniques beti sont plus composés. Les spécialistes y incluent : Eton (Ìton), Ewondo (kóló), Bene, Fong, Bulu, Mvan, Ntumu, Manguissa, Etenga, Mvele, Maka, les Fang (ou M’fang) qui sont les habitants du sud du Nyong. Certains y ajoutent les yezum et les Baaba.

De l’inexistence des tribus « bëti » et « bamiléké » (pages supprimées)

Le bëti est un concept opératoire impraticable

Insistons sur le cas des Bëti. Un concept scientifique réorganise les éléments divers, les objets épars pour en faire une unité de sens et suivants une classification ou une normativité adossée à des critères rigoureux et intangibles. Le concept « bëti » fait plutôt éclater ses contenus et les fait vaciller dans les approximations da la saisie – irréductible, – du fait humain. Être bëti est une référence anthropologique, géographique ; ce n’est point la matière d’une identité tribale imparable. Le bëti n’existe pas ; seuls existent les Eton, les Bulu, les Manguissa, les Ewondo, les Bene, les Mvele et les autres groupes sociaux qui constituent le chapelet de la nation camerounaise. Cette classification est basée sur les observations des colons, taxinomie qui, certes, se voulait scientifique, mais dont on ne peut garantir une objectivité absolue. Bien au contraire, en certaines circonstances on peut réellement remettre en question ces présupposés archéologiques, ethnographiques et anthropologiques. On dit qu’ils sont bëti, pas parce qu’ils parlent la langue bëti qui n’existe plus, mais parce qu’il y a un certain esprit qui les habite.Où les explorateurs ont vu juste, c’est que l’esprit des plateaux n’est pas celui de la forêt. Et Montesquieu l’avait établi avant eux : l’environnement et le contexte font l’homme. Ceux qui circonscrivent leur historique à la lisière du vécu tribal se condamnent à ne pas évoluer. La tribu est un élément exotique qui persévère pour garantir le goût d’une civilisation donnée qui évolue en se démarquant de tous les particularismes.

De l’esprit « bëti »

Le « bëti » est donc plus exactement un certain esprit qu’on cultive. Comme tout esprit, l’esprit bëti ne connaît pas les frontières du sang ; il se répand et possède les hommes et les femmes de valeur. C’est à Félix-RlandMoumié, à Ernest Ouandié, ces Hommes des Plateaux, que les Eton, les Bulu, les Ewondo et les Fang, bref tous les peuples de la forêt camerounaise, doivent maintenant apprendre ce qu’ils doivent être fondamentalement, des aspirants à la dignité, des manœuvres de la liberté, des Seigneurs exemplaires de l’Afrique.

Ce que le « bëti » n’aurait jamais cessé d’être, c’est de traduire non pas l’identité d’un groupe ethnique, mais plutôt la trame de nos pensées et de notre praxis commune en tant que forçats d’un ethos noble qui nous caractérise et nous survit. Les ressorts du communautarisme bëti et bamiléké sont souvent pulvérisés par l’inscription de l’altérité tribale au cœur des traditions millénaires de solidarité qui régissent le vivre-ensemble. Il ne s’agit point d’un aveuglement des membres : c’est une nécessité qui participe d’une émulation indispensable à l’éclosion de l’unité nationale. Vivre, c’est assumer la dynamique singulière à travers laquelle on se détache et s’arrime avec les autres.

Être véritablement bëti n’est pas une identité exclusive ; c’est l’intention et le projet qui sous-tend le combat historique contre les ennemis du peuple, à savoir la paresse naturelle qui caractérise les lions, seigneurs de la forêt, et les ennemis de la nature – les Blancs, dans l’imaginaire de ces lions. Être bëti, c’est donc un certain esprit qui nous tire vers le haut, nous maintient au-dessus de l’ordure biologique et nous contraint de contempler au loin l’éclat des vertus et des valeurs les plus culminantes de notre horizon historique. Surtout, c’est accepter de se laisser impacter par cette auréole surhumaine dans la conduite de la vie personnelle et des charges publiques lorsqu’on est appelé à en exercer.

La génération du futur est notre tâche historique

Nous l’aurons compris, c’est la réputation qui crée la tribu et ses caractéristiques. Les détracteurs des citoyens originaires du Centre disent que les bëti sont des fainéants, des imposteurs, des prévaricateurs, bandits et des criminels attachés aux charges publiques par effraction, à cause d’une regrettable méprise historique. Ils ont raison de se tromper ainsi parce qu’ils ignorent que, fondamentalement, le « bëti » n’est pas un être en soi : « être béti », c’est le non-être qui fait que nous soyons capable d’entretenir un certain état d’esprit…. Le « bëti » existe comme le « bamiléké », le « nordiste », l’« anglophone », le « douala », etc. Ces substantifs sont sans substance en soi : ce sont des prédispositions qui déteignent plus ou moins sur des personnalités identifiables à partir de certaines caractéristiques falsifiables qui en incarnent avec bonheur l’idéal de tous ou en entretiennent les clichés.

Définitivement, être Bëti ou Bamiléké, c’est perpétuer une légende. Une légende vivante est l’intégration des contradictions du passé, la résorption des malentendus du présent, en somme la démystification des crimes et dérives diverses qui ont façonné une identité donnée. Mais il n’y a pas de vérité dans le cérémonial, dans l’arbitraire et dans l’usurpation, encore moins dans la forfaiture. La vulgarité, l’abjection et l’avilissement ne font pas partie des ingrédients de la recette divine qui nous a faits, chacun de nous, Bafoussam, Eton, Ewondo, Dschang, Bulu, Bororo, Peul, Pygmées, et tous les spécimens catalogués « ethnies ». Par conséquent, la banalisation de la dignité de l’être humain doit être notre hantise et toute hantise appelle une exorcisation : il faut se purger ! Autrement dit, il faut se priver de la reconnaissance surfaite dont les privilèges et les distinctions protocolaires sont assortis, pour se hisser de tout notre séant à la hauteur d’une fierté nationale. Il faut hâter et booster l’éclosion d’une conscience républicaine.

Convenons donc que prestance physique, éloquence, courage, générosité, sens du respect et humilité sont l’apanage de toutes les régions du Cameroun ; ce ne sont pas des qualités intrinsèques et immuables des membres d’une ethnie donnée. Le Cameroun actuel vit le temps des grands deuils, mais il est également l’horizon des grandes espérances et des grands devoirs. L’alternative du Camerounais qui cultive l’esprit républicain tient donc en ceci : soit se précipiter dans l’oubli des générations futures en se constituant dans le passé mémoriel des Camerounais sous le rapport d’une gangrène purulente de l’histoire de notre peuple, soit s’inscrire résolument dans la tâche historique de génération d’un futur commun conforme aux goût des gens dignes et nobles, et qui seule constitue le véritable héritage politique dont la postérité assure la pérennité.

1- Nkwaest un vocable utilisé par les populations de l’Ouest Cameroun pour désigner les personnes originaires du Centre-Sud. Littéralement Nkwa signifie « fou ». 2Belobelobo est un vocableau moyen duquel les populations du Centre tels que les Ewondo, les Eton, etc. désignent tous ceux dont ils ne comprennent pas la langue, à savoir les étrangers et tous les peuples de l’ouest, du Grand Nord ou leurs compatriotes originaires des régions dites anglophones

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