Jean de Dieu Momo : Ministre de la controverse ethnique
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Issue plutôt favorable pour le ressortissant de Bafou, dans la Menoua, voué aux gémonies depuis peu, à cause de ses surprenantes prises de position anti-tribales.

La distance prise par rapport à ses compagnons du « G20 », du nom de ce regroupement d’anciens opposants ayant décidé, à la surprise de leurs partisans, de supporter la candidature de Paul Biya à la dernière élection présidentielle, se justifie désormais. Aux aboyeurs qui le sont restés, Jean de Dieu Momo avait indiqué que l’élection était terminée et qu’il pensait avoir accompli sa mission. Résultat des courses, l’homme - sans doute le plus caricaturé de 2018 – devient ministre délégué auprès du Ministre d’Etat chargé de la justice, garde des sceaux.

Poste technique et de souveraineté s’il en faut, qui n’expose pas son titulaire à la vindicte populaire et contraste avec l’image que beaucoup ont projeté sur cet avocat atypique, depuis qu’il avait choisi, avec ce naturel qui le caractérise de jouer les trouble-fêtes, allant jusqu’à se mettre à dos les Bamilékés les plus tolérants, avec des déclarations fracassantes sur leur supposée nature. Depuis lors, on a tout lu et tout vu sur l’homme et les photomontages aidant, une campagne de déconstruction du personnage suit son cours qui n’est pas prête de s’arrêter. Paroles désobligeantes, photographies suggestives, etc.

Observateur électoral ces jours en République démocratique du Congo, certains y ont vu les premiers signes de la récompense dans un État caractérisé par la distribution des prébendes. Né le 24 janvier 1960, JDD Momo a étudié le droit à l’Université de Yaoundé. C’est en 1992 qu’il entre au barreau. Marié à deux femmes et père d’une dizaine d’enfants, il est le Président du Paddec (les Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun), parti politique créé en mars 2010. Sa notoriété s’est affinée lors de l’affaire dite des « neuf disparus de Bépanda », un quartier de Douala, où il avait eu le courage d’attaquer publiquement la violation des droits de l’homme en 2001. Il sera candidat à l’élection présidentielle de 2011. Dans un style singulier, il dénonce les tares du système gouvernant. Il commet même des chansons pour accompagner sa perception du mal. Il surprend en 2018, en se faisant porte-parole du G20, un groupement hétéroclite autour de la candidature de Paul Biya.

Momo remplace Kamto

Pour comprendre le rejet que sa nomination développe chez certains, il faut rappeler que de nombreux Bamiléké n’apprécient pas la manière caricaturale dont leur communauté est dessinée sous le Renouveau. Comme ministre délégué auprès du garde des Sceaux, il remplace un frère du village, Jean Pierre Fogui, enseignant connu des étudiants de droit, qui s’est battu comme il pouvait dans la Menoua pour la reconduction du candidat du Rdpc. Ce dernier avait déjà remplacé Maurice Kamto, brillant universitaire et avocat aristocrate qui, à la tête du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), a challengé Paul Biya lors de cette élection. « Un Bamiléké vaut un autre », semble indiquer le vainqueur du jeu. Paradoxe du jeu, les félicitations n’affluent pas. Jusque dans la confrérie des avocats, à qui il sera plus qu’utile, les marques de satisfaction sont rares. « Manquement au devoir de confraternité », signe qu’il lui faudra du temps pour s’imposer.

« Quand bien même certains "félicitaient" le promu, il y avait toujours comme une odeur de sarcasme en arrière-plan. Dans un ton goguenard, on semblait questionner le choix de ce confrère par le prince comme si le pouvoir discrétionnaire devrait revêtir l'assentiment populaire pour produire ses effets », dénonce un avocat. L'info claire et nette. Le vin est tiré, il faut le boire. « Jean de Dieu Momo n'est peut être pas aussi brillant que ces grands agrégés de droit public et de sciences politiques qui ont fait des plateaux de télévision leur présentoir et quelque part désacralisé, j'allais dire prostitué la science par leurs analyses partisanes, mais il vient de nous administrer une leçon de " real politique". Et ceux qui ont la prétention de s'aventurer dans ce terrain glissant de la politique politicienne devraient en dépit de leur bagage intellectuel, avoir l'humilité d'aller à son école », prévient un jeune confrère.

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