CAN 2019 retirée au Cameroun : « La messe était dite il y a bien longtemps »
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CAN 2019 retirée au Cameroun : « La messe était dite il y a bien longtemps » :: CAMEROON

« La honte ! », « Le Cameroun ne mérite pas ça », « Les responsables doivent rendre gorge »… À Yaoundé, au lendemain de l'annonce du retrait de la CAN 2019 au Cameroun, la triste nouvelle fait des gorges chaudes. Les gens ne comprennent pas comment le pays des Lions indomptables – nom de baptême de la sélection nationale senior –, cinq fois champions d'Afrique, premier pays du continent à atteindre les quarts de finale de Coupe du monde en 1990, ne peut accueillir une Coupe d'Afrique des nations. Dans les rues de Yaoundé, le débat s'est vite politisé et personne ne se cache pour pointer du doigt de premiers « responsables » du « drame ». Parmi les noms qui reviennent, il y a bien celui de Paul Biya, le président de la République, lui qui a fait de la CAN 2019 un élément majeur de sa dernière campagne à l'élection présidentielle du 7 octobre dernier, mais aussi le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui avait la responsabilité d'octroyer les marchés de la construction d'infrastructures devant accueillir la compétition.

Sans surprise pour la presse

« Lorsqu'il fallait octroyer les marchés publics de construction des travaux infrastructures, les uns et les autres recherchaient leur part sur les budgets. Et voilà le pays de Roger Milla, Samuel Eto'o humilié aux yeux du monde », rumine un journaliste sportif. Dans un café de Yaoundé, ils sont trois responsables de la presse nationale à commenter cette actualité, comme tous les Camerounais d'ailleurs. « Quand un pays est sous pilotage automatique, on ne peut que vivre des scènes pareilles. Comment, en quatre ans, nous n'avons pas pu construire et réhabiliter les infrastructures nécessaires ? » s'interroge l'un d'eux. « À la lecture des propos tenus par Ahmad Ahmad après l'audience que Paul Biya lui a accordée il y a quelques semaines à Yaoundé, j'ai eu comme l'impression que quelque chose se tramait. C'est pourquoi nous avions titré : Session de rattrapage en cas d'échec en 2019. Les faits semblent nous avoir donné raison », commente Georges Alain Boyomo, directeur de publication du quotidien privé Mutations, pour qui la messe était dite il y a bien longtemps.

Délire sur la Toile

C'est sur les réseaux sociaux que le sujet fait couler beaucoup plus d'encre. « Quelle déception ! » lance Cabral Libii, candidat à la présidentielle d'octobre 2018, sur sa page Facebook. Avant d'ajouter : « Je suis déçu de l'incompétence de ceux qui nous dirigent. Ceux-ci sont incapables d'organiser, plus de quarante années après, une compétition de football. » Pour rappel, le Cameroun a accueilli sa première et dernière CAN en 1972. Comme Cabral Libii, de nombreux Camerounais ont exprimé leur mécontentement. L'ancienne gloire du football Patrick Mboma a déclaré : « Je me sens abattu, je suis en colère et à la fois... honteux ! » « Notre honneur est bafoué, notre fierté vendue par des dirigeants qui n'ont pour seuls maîtres que l'argent et la prédation », a déclaré Jean Lambert Nang, journaliste commentateur sportif. Et d'accuser : « Ils (les ministres, NDLR) sont incapables de dire la vérité au président de la République parce que leurs ambitions est de durer au pouvoir et de durer encore. »

Une injustice, selon le gouvernement

Samedi 1er décembre 2018, face à la presse, le ministre de la Communication a réagi à l'annonce du retrait de la CAN au Cameroun la veille. Issa Tchiroma Bakary, qui rapportait la réaction de l'État du Cameroun, a pris acte de la décision du comité exécutif de la CAF, qualifiant d'injuste l'annonce du retrait de cette compétition continentale au pays des Lions indomptables. Pour lui, le gouvernement a pris connaissance de cette décision avec consternation. « Cette décision, étonnante à plus d'un titre, ne rend assurément pas justice aux investissements colossaux consentis par notre pays et qui se traduisent aujourd'hui par de belles infrastructures modernes visibles de tous », a déclaré le Mincom, au cours d'une déclaration à la presse dans l'immeuble abritant ses services.

« Que les chantiers se poursuivent... »

C'est le dénominateur commun de toutes les discussions autour de cette annonce à Yaoundé : « Que les chantiers se poursuivent... » Les Camerounais espèrent qu'au regard des moyens consentis aux infrastructures devant accueillir la CAN les chantiers pourront se poursuivre. « Le Cameroun le prouvera à la face du monde en poursuivant avec la même détermination la construction de ces belles infrastructures qui appartiennent au peuple camerounais et en les achevant à bonne date, ainsi que s'y est engagé le chef de l'État », a indiqué Issa Tchiroma Bakary. « Nous n'étions vraiment pas prêts », a lancé Richard T, haut cadre de l'administration. « Nous devrions, au lieu de nous attarder à contre-attaquer, comme j'entends là, nous mettre au travail », ajoute-t-il. En attendant, le Cameroun est dans l'expectative. Même si beaucoup sont sceptiques quant à la sérénité sur les chantiers après ce « revers ».

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