Présidentielle 2018 : Ce que proposent les candidats en matière de sécurité (Acte 1)
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CAMEROUN :: Présidentielle 2018 : Ce que proposent les candidats en matière de sécurité (Acte 1) :: CAMEROON

En dehors du scrutin présidentiel de 1992 qui fut organisé dans le contexte tendu des « années de braise », le Cameroun tient pour la première fois cette année une élection, alors qu’une partie de son territoire est secouée par une crise sociopolitique sans précédent. Conscients de la menace qui pourrait conduire à l’implosion du pays, les neuf prétendants au fauteuil présidentiel retiennent, entre autres thèmes de campagne, des stratégies en vue d’un retour à la paix.

Paul Biya : A cheval entre l’option militaire et le dialogue
Présenté à l’occasion de la campagne présidentielle d’octobre 2011, son programme politique ne parle que trop peu des questions de sécurité. Tout juste souligne-t-il la nécessité pour le Cameroun de continuer à vivre en paix à l’intérieur de ses frontières comme avec ses voisins ; la paix étant « une condition indispensable du développement ». Bien plus, « la paix, l'unité et la solidarité sont des valeurs avec lesquelles nous ne transigeons pas », précise Paul Biya. Mais de toute évidence, dans un contexte où l’unité et l’intégrité territoriales du pays sont plus que jamais hypothéquées, l’un des axes majeurs de la campagne du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) pour le scrutin du 07 octobre prochain, sera la sécurité.

Le président sortant est particulièrement attendu sur les solutions envisagées pour la résolution de la crise sociopolitique en cours dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, le démantèlement des dernières cellules dormantes de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et la sécurisation de la frontière du Cameroun avec la République centrafricaine (Est). Face au corps diplomatique accrédité à Yaoundé le 05 janvier dernier, le chef de l’Etat a affirmé que l’armée avait réussi à écarter la menace Boko Haram, mais que la vigilance devait rester de mise. Pour ce qui est des velléités sécessionnistes, Paul Biya est ferme : le Cameroun restera « un pays un et indivisible, fier de sa diversité culturelle et jaloux de sa liberté ».

« Comme j’ai eu à le rappeler récemment, il est de mon devoir de veiller à l’ordre républicain, à la paix sociale, à l’unité de la nation et à l’intégrité du Cameroun […]. J’ai à cet égard, instruit que tous ceux qui ont pris les armes, qui exercent des violences ou qui incitent à la violence, soient combattus sans relâche et répondent de leurs crimes devant la justice […]. Les opérations de sécurisation engagées […] vont se poursuivre sans faiblesse, mais sans excès », avait-t-il poursuivi le 31 décembre 2017.

Toutefois, le candidat du Rdpc reste ouvert au dialogue qui, précise-t-il, « a toujours été et restera toujours pour moi, la voie privilégiée de résolution des problèmes, pour autant qu’il s’inscrive strictement dans le cadre de la légalité républicaine ». Paul Biya pense aussi que l’accélération promise de la décentralisation pourrait contribuer à apaiser les tensions dans les régions anglophones.

Maurice Kamto : La crise anglophone comme priorité
Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), avait vu venir le danger de loin. En 2012, lorsqu’il publie son programme de société, ce parti politique tirait déjà la sonnette d’alarme quant à la question anglophone. « Il est urgent de se pencher sérieusement sur ce problème et d’examiner avec la communauté anglophone, les voies et moyens les plus appropriés pour y apporter les réponses adéquates ». Six ans plus tard, à quelques jours du scrutin présidentiel du 07 octobre prochain, force est de constater que les mise-en-garde du Mrc sont tombées dans les oreilles de sourds. Le pays est déchiré par une sanglante crise sécessionniste qui a débuté par de simples revendications corporatistes.

Mais le parti de Maurice Kamto, qui a fait de ce problème une priorité, pense que tout est encore possible. S’il est élu au sortir de l’élection présidentielle à venir, « le tireur de pénalty » sait déjà comment remporter la victoire face à la crise sécuritaire qui embrase les régions du Nord- Ouest et du Sud-Ouest. Il s’agira d’ « imaginer les formes de dialogue politiquement les plus significatives impliquant tous les acteurs concernés sans exclusive et susceptibles de conduire à une nouvelle unité de la nation ». Dans son discours de politique générale d’avril dernier, Maurice Kamto estime par ailleurs qu’il est urgent « de se pencher sur les réformes politiques, institutionnelles et électorales, rendues incontournables par l’état général du pays ».

A ce jour, la crise anglophone n’est pas la seule menace. Le Mrc en est conscient. A l’Extrême-Nord, quoique fortement affaiblie par la vaillance de l’armée camerounaise, Boko Haram est bel et bien encore présent. Si la crise anglophone est une priorité, la guerre contre cette secte terroriste ne mérite pas moins d’attention. Enfin, le Mrc va également s’en doute inscrire dans son projet de société, en cours d’actualisation, l’épineux problème de la gestion des réfugiés issus de la crise centrafricaine.

Garga Haman Adji : Un Conseil d’Etat pour la résolution des conflits
Le programme politique de Garga Haman Adji avait été conçu en 2004. Mais il regorge d’idées sur les questions de sécurité, même si les stratégies en matière de lutte contre le terrorisme, les mouvements insurrectionnels, etc., n’y sont pas abordées. En effet, le candidat de l’Alliance pour la démocratie et développement (Add), était resté dans le schéma classique des services de police préventive en temps de paix : assurer le maintien permanent de la paix et la protection des citoyens, prévenir les infractions et sanctionner les contraventions.

L’armée, un corps de militaires d’élites de tous grades, croit Garga Haman Adji, est chargée de la conception technique, tactique et opérationnelle des moyens et des actions à combiner pour assurer la défense nationale et l’intégrité territoriale. « Celle-ci, explique-t-il, est un ensemble d’initiatives, de mesures et de stratégies, opportunément et intelligemment mises en œuvre dans le but de protéger les frontières contre toute velléité d’agression extérieure en violation du droit international et de faire face à toute forme d’invasion. En cas de guerre, la défense nationale est totale et met en mouvement toutes les potentialités humaines, matérielles, techniques, scientifiques et économiques. Elle est assurée, sous l’autorité du président de la République, par une ‘‘armée de métier’’ disposant de tous les moyens modernes de dissuasion ». Pour les crises sociopolitiques à l’instar de celle que traversent les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, Garga Haman Adji propose la mise sur pied d’un Conseil d’Etat. « La crise anglophone est arrivée, mais on n’a aucun recours auprès d’aucune institution qui irait parler aux gens. Le président lui-même est dépassé. Ailleurs, il y a des personnes qui sont là pour être des sortes de grands intermédiaires et qui sont très écoutées », relevait-il, lors d’un point de presse en août dernier.

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