Port autonome de Douala : la grève des dockers tourne au drame
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Alors que les dockers manifestaient pacifiquement ce vendredi 22 juin 2018, les forces de maintien de l’ordre ont répondu par des rafales de balles. Plusieurs blessés dénombrés.

C’est un vendredi 22 juin 2018 hautement agité qu’ont vécu les commerçants et autres riverains du Port autonome de Douala. Les dockers arrivent très tôt, vers 4h, pour observer leur grève pacifique. Président national des dockers et activités connexe, Jean Pierre Voundi Ebale est à la tête du mouvement. Son groupe est notamment constitué de quatorze délégués du personnel.  Ils érigent un passage pour bloquer tout passage. La Sécurité publique, ensuite le Groupement mobile d’intervention numéro 2 (Gmi) descendent sur les lieux. Pour disperser les grévistes, ils lancent des gaz lacrymogène, tirent des balles à blanc en l’air. L’arrivée du préfet Joseph Bertrand Mache Njouonwet va accélérer les choses.

«Quand le préfet arrive, je me dirige vers lui et directement il verse dans menaces. ‘‘Vous exigez que ce soit à moi de venir vous rencontrer ? Vous êtes au Port, est-ce que vous travaillez ici ?’’ Je lui ai dit qu’il n’est pas venu intimider les travailleurs. J’ai été élu délégué du personnel le 1er mars 2018 pour un mandat de deux ans. J’ai un plan d’action que j’ai promis aux 3025 dockers de Douala», narre Jean Pierre Voundi Ebale. Les échanges entre les deux hommes se corsent. «Le préfet me fait comprendre que le ministre des transports est à Douala.

Il a commencé le travail hier et il doit être au Port aujourd’hui. Il est hors de question que j’entre au Port pour saboter son travail. Tirez sur eux.» Sur ces injonctions, les forces de maintien de l’ordre ouvrent le feu, cette fois sur les manifestants. Plusieurs dockers que nous avons rencontrés ont été blessés. Le plus malchanceux d’entre eux a été Sébastien Saba. En voulant rejeter sur la police une grenade déjà dégoupillée, il s’est fait sauter l’avant-bras droit. Il a été conduit au Groupement professionnel des acconiers du Cameroun.

«Mon camarade a perdu son avant-bras sous mes yeux. Comprenant le risque encouru par les dockers, j’ai demandé qu’ils sortent du Port», argue Jean Pierre Voundi Ebale. Qui promet un retour en force. 

«On va revenir au Port pour que le chef de l’Etat sache que les droits des dockers sont menacés. Je suis un capitaine de bateau. J’ai fait un an au Ghana, ce n’est pas du chocolat. Nous avions déposé le préavis d’une grève pacifique chez le Président de la République le 8 juin 2018, avec ampliation à ses ministres. Le préavis de huit jours a expiré lundi 18 juin 2018, sans qu’aucune autorité ne tente le dialogue. Je me suis rendu à Yaoundé pour déposer la date du début de la grève au port, qui était prévu hier le 21 juin. Mais comme je suis arrivé à Douala tard dans la nuit, on a renvoyé la grève à ce vendredi.»

Le mécontentement des dockers a commencé le 12 mai 2017. Parmi les revendications : établissement d’un contrat d’assurance, résolution des états généraux des dockers, répartition équitable du travail, application des conventions et accords, fixation d’un salaire de base, revalorisation du taux honoraire, prise en charge de la famille du docker, paiement du 13ème mois, délivrance d’une carte unique pour les travailleurs dockers.

Depuis un an que le mouvement a commencé, les dockers broient du noir. «J’ai six mois d’arriérés de loyer à payer. Je sors de l’hôpital avec mon épouse et j’ai sa facture de 75.000 Fcfa à payer. Comme c’est difficile, j’ai envoyé trois de mes enfants au village. Je suis resté avec les plus jeunes», déplore Olivier Mouchairou Sango, Matricule 13665.

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