Cameroun - Société: Douala, la décrépitude qui laisse indifférent
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Cameroun - Société: Douala, la décrépitude qui laisse indifférent :: CAMEROON

Tas d´immondices, désordre urbain, nuisances sonores, inondation, insécurité ont longtemps fait leur lit à Douala, capitale économique du Cameroun, sans que personne ne s´en émeuve. C´est à se demander si ceux qui ont la charge de la gestion de cette grande ville, jadis belle et propre, ne voient pas cette ville se mourir?

Douala, c´est d´une part, la communauté urbaine créée le 24 septembre 1987 et dirigée par un délégué du gouvernement, nommé par décret présidentiel; d´autre part, c´est aussi six communes d´arrondissements (Douala I, II, III, IV, V, VI) dirigées par des maires élus.  Au total, Douala, c´est un conseil de la communauté composé de 37 membres, dont les 6 maires, 30 Grands conseillers et le délégué du gouvernement. Enfin, Douala c´est un budget en baisse de 52,620 milliards FCFA pour 2018, voté le 15 décembre 2017 par le conseil de la communauté.

Pourtant, parmi les missions de ce conseil, figurent l´Urbanisme et Aménagement urbain, Circulation et transport, la collecte, l`enlèvement et le traitement des ordures ménagères, Le nettoiement des voies est espaces publics communautaires, Hygiène et Salubrité, etc... 

Malgré six maires d´arrondissements, un délégué du gouvernement et un budget consistant la ville de Douala présente un pâle visage qui fait la honte de ses populations, même si elles-mêmes ne sont pas exemptes de tout reproche dans leur comportement de tous les jours. Elle fait aussi la honte de tout visiteur qui débarque. camer.be Malgré la mise sur pied d´une plateforme de lutte contre le désordre urbain présidé par le préfet du Wouri, autorité de tutelle, Douala donne l´image d´une ville abandonnée à elle-même où chacun fait comme bon lui semble: roule, construit, salit, abîme, dépose, s´arrête, gare impunément. Assurément que corruption et népotisme n´en sont pas éloignés.

La capitale économique du Cameroun est sale, désordonnée et bruyante à longueur de journée. Du vrombissement assourdissant des mototaxis et véhicules à la qualité technique douteuse en passant par des  routes abondamment crevassées, des trottoirs impunément occupés et négligemment jonchés de tas d´immondices qui laissent échapper des odeurs pestilentielles insupportables à vous donner des nausées.

Quel que soit le lieu où l´on se trouve à Douala, circuler dans la ville est un véritable parcours du combattant. De la douche municipale au marché Mboppi; du feu rouge Bessengue au rond point Deido; de l´Ecole Publique de Deido à Bonamoussadi ou du Carrefour Ndokoti à Makèpè, etc... il vous faut d´une part, avoir une forte dose de patience pour avancer et avoir assez de carburant malgré la présence d´un policier, volontaire, mais  débordé par des usagers de la route intentionnellement indisciplinés et d´autre part, vous boucher les narines pour éviter de respirer des odeurs intenables qui se dégagent des amas d´ordures qui se dressent à vous, tels des arrêts de bus. C´est le pauvre piéton qui trinque; sa vie est en danger à tout moment, à cause d´une circulation routière dangereuse. Il doit à la fois éviter les "benskineurs", les véhicules et les trottoirs dangereusement occupés et contourner les nombreuses poubelles. Au final, l´Autorité semble avoir foutu le camp.

Or par le passé par exemple, du temps de l´ancien délégué du gouvernement, feu Christian Tobbie Kouoh, la ville de Douala portait fièrement son nom de "petit Paris" avec des routes propres, des trottoirs dégagés, des arbres toujours bien élagués et régulièrement peints à la chaux. Ce qui faisait le charme de la ville. Les rigoles et les caniveaux étaient régulièrement curés aussi bien par la voirie municipale qui y veillait avec rigueur et régularité que par les riverains.

Douala, ville poubelle

Si la ville de Douala est devenue une poubelle à ciel ouvert, c´est la faute á la Communauté urbaine insolvable auprès de la société en charge de l´hygiène et Salubrité, Hysacam. Tel un aveu d´échec, avec un taux d’exécution du budget de 33% sur les 50 escomptés au 30 septembre 2017, Dr. Fritz Ntone Ntone, le délégué du gouvernement, indiquait que « Quand la trésorerie ne suit pas, on a des difficultés d’implémenter sur le terrain nos activités. C’est une situation qu’on doit résoudre le plus rapidement possible parce que si Hygiène et salubrité du Cameroun (HYSACAM) arrête pendant une semaine, c’est la pourriture à Douala et je souhaite qu’on n’y arrive pas et que très rapidement, on règle ses factures pour que l’entreprise reprenne ses activités". 

Voici qu´avec un budget de 52,620 milliards FCFA pour 2018, la communauté urbaine indique que „l’une des priorités du budget sera aussi la gestion des ordures ménagères, véritable défi dans la cité. Avec plus de 2000 tonnes de déchets ménagers produits par jour dans la capitale économique, le problème de la gestion des ordures occupe une place de choix". 
« Nous avons aussi créé en plus de la collecte, le transport et le traitement, une nouvelle rubrique qui est la pré collecte. camer.be .Elle nous coûtera plus 1,2 milliard FCFA par exercice », a précisé encore Fritz Ntone Ntone. A noter également dans le nouveau budget, l’élargissement de la fiscalité pour permettre, dit-on à la CUD, de tenir à tous ses engagements. Est-ce à dire que la communauté urbaine a réglé sa facture auprès de la société Hysacam? 

Pour sa part,  le ministre de l´Habitat et de l´Urbanisation Jean Claude MBwentchou affirme sans ambages que  le délégué du gouvernement de la communauté urbaine de Douala est le principal responsable des constructions anarchiques à Douala. Il accuse ce dernier "d´octroyer lui-même des permis de construire contraires à la réglementation". Les maires d´arrondissement ne sont pas blancs comme neige dans ce juteux domaine. En tout cas, Joseph Bertrand Mache, préfet du Wouri a d’ailleurs exhorté les maires et grands conseillers à concrétiser les engagements pris au cours du conseil de la communauté tenu le 15 décembre dernier.

Et parmi les engagements pris pour 2018, il ya la création d’une société d’économie mixte locale de gestion du patrimoine et d’une agence d’urbanisme de la capitale économique. Ce qui va imposer la réduction du train de vie de la CUD, si on  en croit Fritz Ntone Ntone, le délégué du gouvernement. 
Tout ceci est bien beau. Les populations voudraient tout simplement que  la ville retrouve son lustre et son ordre urbain d´antan, c´est à dire que l´Autorité revienne à la Loi afin que soient mis fin á la corruption, au népotisme et au laisser-aller. Douala doit redevenir Douala.

 

 

 

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