" S'ils préfèrent cette vie misérable, s'ils croient à un changement après 30 ans, c'est tant mieux pour eux, vous ne m'avez jamais vu à ces manifestations ". Une salve aussi forte qu'une strophe d'Ebelle O Bosso, l'hymne des Deido, canton de Douala, devenu par la grâce de son talent, un classique du makossa et une pièce de notre patrimoine national.

L'artiste Ben Decca, récemment décoré par Narcisse Mouelle Kombi, ne s'est pas laissé griser ou corrompre pour une distinction qu'il méritait depuis de longues années au même titre que des figures d'exception de notre culture, restées aux oubliettes, au bénéfice d'artistes flagorneurs, à qui l'on épingle sans scrupules des médailles pour louanges rendues.

Le mentor des Decca a réagi à la caporalisation de ses collègues, désignés artistes du Littoral et convoyés auprès du ministre de la Culture par le très remuant Charly Nelle, pour la signature d'un appel à la candidature de Paul Biya, moyennant de petites sommes, à s'en tenir aux révélations de l'artiste Mbangué Show.

Un signe d'indépendance d'esprit qui se raréfie dans cet univers où les artistes perclus de faim, de précarité et privés d'infrastructures ou de conditions viables de travail, courbent l'échine, cornaqués par des rabatteurs réputés, qui proclament leur proximité avec la Première Dame, le Rdpc ou les cercles de pouvoir.

Après Richard Bona, Ekambi Brillant, l'homme d'Amour à sens unique, fait la preuve qu'il est possible de garder sa dignité, de conserver sa lucidité et un esprit critique parmi les artistes- musiciens au Cameroun.