

-
© Le Messager : Alain NOAH AWANA
- 04 Nov 2015 02:11:24
- |
- 5415
- |
Poulets congelés : Le marché camerounais de nouveau menacé d'invasion :: CAMEROON
A l’approche des fêtes de fin d’année, des commerçants véreux tentent de faire entrer en terre camerounaise cette denrée pourtant interdite dans les marchés. La société civile sonne l’alerte.
L’information a été relayée en premier par le quotidien camerounais à capitaux publics Cameroon-Tribune. A Douala, 535 kilogrammes de découpes de poulet congelé ont été saisis, le 29 octobre 2015, par des éléments du Groupement d’intervention rapide n°2 (Gmi) au quartier Yassa, à l’entrée Est de la ville. Dans le détail, précisait alors notre confrère, le coup de filet a permis de se saisir de 40 cartons : 18 cartons de gésiers et 9 cartons de pattes de poulet faisant chacun 15 kilogrammes, 13 cartons de 10 kilogrammes chacun contenant des cuisses. Les premières conclusions ont immédiatement montré que le chargement venait de Kyé-Ossi, ville commerciale de la région du Sud frontalière au Gabon et à la Guinée équatoriale.
La saisie a été faite, apprend-on, avec le concours d’un indicateur anonyme, qui a alerté les autorités depuis Yaoundé pour leur signaler cette cargaison douteuse qui venait de décoller de la capitale, dans un bus de transport en commun, en partance pour la première ville économique du pays. Ce n’est pas la première fois qu’une telle cargaison de poulets dits « congelés » est saisie en territoire camerounais. On se souvient que 500 autres kilogrammes de cette denrée avaient été saisis en avril 2012 à Yaoundé. Comme dans le cas de Douala, les informations inscrites sur la cinquantaine de cartons indiquaient que ce stock provenait des Etats-Unis et du Brésil. La cargaison avait été détruite. D’autres chargements, de moindre envergure certes, avaient été saisies également, que ce soit à Bafoussam (Ouest), à Garoua (Nord) ou encore à Ebolowa, selon les renseignements puisés auprès du ministère du Commerce. En fait, malgré la surveillance et la répression continuelles, le poulet congelé à la peau dure. Dans des marchés réputés et très fréquentés de la capitale, à l’instar de Mokolo, Mfoundi, Ekounou ou encore Mvog Mbi, des commerçants ont longtemps continué à exposer ce type de poulet au vu et au su de tout le monde.
Présence accrue
En fait, comme le dénonce l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), depuis trois ans, à l’approche des fêtes de fin d’année, on observe une présence accrue des poulets congelés dans les marchés, principalement à Douala et Yaoundé. Et ce, malgré les efforts des pouvoirs publics et de la société civile, principalement conduite par l’Acdic, qui regrette qu’un « nombre sans cesse élevé de commerçants véreux outrepassent la décision d’interdiction » de commercialisation de cette denrée alimentaire. L’importation et la commercialisation des poulets congelés sont en effet interdites au Cameroun depuis les décisions du 16 mars 2006 et du 25 juillet de la même année du ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia).
La première raison de cette interdiction est d’ordre sanitaire. Avec notamment les risques de transmission de certaines maladies comme la grippe aviaire. La seconde inquiétude est économique. Une étude dynamique montre en effet que la production locale de poulet est de plus en plus élevée. En 2014, selon les statistiques disponibles auprès de l’Acdic, ce secteur comptait 46,436 millions d’unités sur pied, soit environ 70 000 tonnes de poulet de chair produit. L’importation des poulets congelés pourrait donc causer un séisme dans un secteur avicole camerounais vigoureux depuis quelques années. La filière avicole était en effet pratiquement morte au début du millénaire en cours. En 2003 par exemple, les importations de poulets congelés avaient atteint le plafond de 22 500 tonnes, alors que la production locale n’atteignait guère les 3 000 tonnes. Deux ans plus tard, elles n’étaient plus que de 5 000 tonnes. La lutte engagée alors par l’Acdic et ses partenaires sociaux portaient des fruits, suivis par la redynamisation de la filière qui aujourd’hui se porte mieux.
Seulement, la vigilance est de mise pour ne pas retomber dans les mêmes travers et voir une fois de plus les producteurs locaux sombrer dans la zone rouge. D’où l’interpellation de l’Acdic, dans un communiqué signé d’Yvonne Takang, secrétaire permanent. Ladite association, qui salue l’action concomitamment menée par les parties prenantes (producteurs, administration publique, société civile, consommateurs,…) interpelle tout de même le Mincommerce et le Minepia afin que ces deux départements ministériels, avec l’appui des services compétents de maintien de l’ordre, accentuent la répression contre les importations frauduleuses de poulets congelés. Elle en appelle également à la conscience des consommateurs qui devraient cesser d’acheter cette denrée afin de préserver leur santé. Enfin, l’Acdic réitère sa proposition envers les pouvoirs publics d’industrialiser la filière avicole au Cameroun par la promotion des chaînes d’abattage afin de rendre le poulet local accessible et à un prix abordable.
Lire aussi dans la rubrique ECONOMIE
Les + récents
Abel Elimbi Lobe attaque Maurice Kamto : une fracture au sein de l'opposition camerounaise
Cabral Libii officiellement investi candidat du PCRN après délibération du bureau politique
Claude Assira et Paul Biya : Débat sur la Capacité Cognitive du Président Camerounais
Comment l’Armée et la Nation se sont Unies pour un Cameroun tourné vers son avenir
La dynamique des élus apporte 40 millions pour le développement du département du Nkam
ECONOMIE :: les + lus


CICAM, SOSUCAM et CIMENCAM : Comment le sort d’Ahidjo a été scellé
- 26 December 2015
- /
- 124057

La fortune de Paul Biya fait débat
- 24 July 2016
- /
- 116908


LE DéBAT




Afrique : Quel droit à l'image pour les défunts au Cameroun ?
- 17 December 2017
- /
- 197998

Vidéo de la semaine
évènement
