AUTOROUTE YAOUNDé - DOUALA : La pertinence mise en doute
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Selon l’association Alumni, les fonds injectés dans ce projet auraient pu servir à la construction d’un bon  chemin de fer entre Douala et Yaoundé.

Presqu’aucun discours officiel au Cameroun qui n’évoque l’émergence du pays à l’horizon 2035. Et parmi les infrastructures qui devront jouer un rôle capital dans cette émergence, il y a l’autoroute qui va relier les deux principales villes du pays, Douala et Yaoundé. A l’unisson les administrations en charge du titanesque chantier apprécient son évolution, nonobstant quelques freins.

Mais pour les ingénieurs en ponts et chaussées regroupés au sein de l’association Ponts Alumni, un démembrement de France Alumni – rassemblant tous d’anciens étudiants camerounais ayant fait leurs bancs en France ou dans une école française délocalisée au Cameroun -, cette infrastructure n’est pas pertinente. Pour les experts en ponts et chaussées, il y a des préalables pour justifier ou non la construction d’une autoroute.

Et parmi ces facteurs, il y a la saturation sur un grand axe routier donné. Il faudrait qu’il y ait 2 voitures toutes les deux secondes, explique Jean Michel Job, ingénieur en ponts et chaussées. Pour lui, la construction d’une autoroute se justifie par plusieurs facteurs : un très fort trafic que ne connait pas encore l’axe routier Douala-Yaoundé. « Au lieu de construire une autoroute, il fallait plutôt penser à moderniser le rail. Je ne conçois pas que l’on fasse quatre heures de temps entre ces grandes villes alors qu’avec un rail bien fait on peut faire moins », souligne avec véhémence Kizito Ngoa, président de l’Ordre national des ingénieurs (IGC).

Les ingénieurs de Pont Alumni s’accordent sur un fait : le réseau routier au Cameroun est faible. Une réalité qui n’inquiète pas les pouvoirs publics. Qui, pour justifier cette situation, arguent de la cherté des coûts de construction d’une route avec des matériaux onéreux alors qu’il y a des solutions alternatives. « Le Cameroun a le coût de construction d’une route le plus élevé en Afrique. C’est 205 millions de FCFA pour un kilomètre, soit le double de ce qui est admis en Afrique », s’emporte un ingénieur.

Son propos est corroboré par Robert Nzengwa, doyen de la faculté de génie industriel (FGI). Pour cet universitaire, un grand nombre des entreprises qui soumissionnent à la construction des routes manquent souvent d’ingénieurs compétents, préférant travailler au bureau au lieu d’aller sur le terrain. « J’ai travaillé sur un marché qu’avait gagné une entreprise. C’est sur le terrain qu’on a découvert qu’il y avait un fleuve », se souvient le doyen de la FGI.

Il faut donc changer de paradigme pour avoir des routes durables et économiques au Cameroun. Pour cela, les ingénieurs de Pont Alumni suggèrent de créer des routes en béton et non plus en bitume – l’Allemagne, les Etats-Unis, le Nigeria, entre autres, ont déjà adopté ce type de mélange économique à 23 % moins cher que le bitume qui résiste moins à l’eau que le béton. Pour Kizito Ngoa, tous ceux qui sont en charge des projets de développement doivent être des ingénieurs pour mieux appréhender les besoins infrastructurels du pays.

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