PREDICATION DU JEUDI DE L’ASCENSION 2023  Par le Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
FRANCE :: RéLIGION

FRANCE :: PREDICATION DU JEUDI DE L’ASCENSION 2023 Par le Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA

Textes : Actes 1,1-11 ; Ephésiens 1,16-23 ; Matthieu 28,16-20

Fête de l’Ascension

 

« Allez dit Jésus, faites des disciples, baptisez, apprenez à vos frères à garder les commandements ».

Mais le Seigneur monte au ciel, il se dérobe à notre vue, un grand silence semble se faire sur la terre et dans nos cœurs.

« Où irions-nous sans toi Seigneur, toi seul as les paroles de la vie éternelle ».

À première vue l’Ascension du Seigneur est une disparition, une absence, un vide, un silence.

Faut-il faire parler le silence ?

Manifester l’absence ?

Par cette même Ascension, le fils est glorifié… Nous devons comprendre en quoi la glorification du Fils nous constitue comme apôtres, en quoi nous sommes, par ce départ, forts de sa présence, « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », forts de ses paroles.

En effet, le Christ, homme et Dieu, monte au ciel et s’assied à la droite du Père. Notre humanité qu’il avait assumée participe désormais plus pleinement de la vie trinitaire, chacun de nous attend le don personnel de l’Esprit, mais déjà l’homme participe de la gloire de Dieu ; cette gloire où nous puisons la lumière de la connaissance (la foi), la lumière de l’Espérance.

Oui, le Christ présent dans son corps auprès de Dieu est plus présent à notre humanité qu’il ne l’était auparavant, sa gloire est notre gloire. Elle nous illumine et nous envoie auprès de nos frères prêcher à toutes les nations !

C’est le baptême frères et sœurs qui nous fait entrer dans ce mouvement d’amour et de gloire.

Notre ténèbre n’est plus ténèbres car la lumière de Dieu vient en nous, en notre humanité. Et de fait nous sommes par Dieu constitués annonciateurs de sa gloire ; ne pas l’annoncer, c’est mourir à nouveau et demeurer dans la ténèbre.

Pourquoi restons-nous tièdes ? par manque de foi ? d’espérance ? … Par trop d’habitude ?

Sans doute par ce qu’encore nous ne nous tournons pas assez vers la gloire de Dieu.

Dieu lui s’est tourné vers notre misère, il a vaincu la mort dans le Christ, à nous maintenant de nous tourner vers la gloire de la divinité, qui rejaillit pleinement dans la gloire du Fils, et dans chaque homme convoqué au salut, aux noces de l’agneau.

Convoqués, nous devons aussi participer à notre appel.

Oui il nous faut contempler, contempler la gloire de Dieu en elle-même, sa lumière en nous.

Contempler Dieu c’est apprendre à l’aimer dans l’infini de sa puissance, sa puissance qui fait de nous des frères et des témoins de la vérité éternelle.

Aujourd’hui, frères et sœurs le Christ remonte aux Cieux, mais il ne nous laisse pas seuls, la force de son amour vient encore en nous et y demeure. Si Jésus part au Père, c’est vraiment pour être davantage avec nous, afin que nous l’aimions et soyons les signes efficaces de son amour éternel. Et ce mystère, ce n’est rien d’autre que notre vie.

Bien-aimés dans le Seigneur,

Permettez-moi de vous raconter une histoire.

Un homme et sa femme étaient en vacances à Jérusalem. Au cours de ce séjour, l'épouse décède inopinément : une crise cardiaque foudroyante. L'entrepreneur des pompes funèbres dit alors au mari : « vous pouvez transférer votre épouse dans votre pays mais cela vous reviendra à cinq mille dollars. Par contre, si vous acceptez de l'enterrer ici à Jérusalem, en Terre Sainte, cela se fera pour la modique somme de cent cinquante dollars ». L'homme réfléchit quelques instants puis il fit savoir qu'il préférait transférer son épouse chez lui. L'entrepreneur s'étonna d'une telle décision et en fit part à l'époux : « pourquoi dépensez-vous cinq mille dollars alors que ce serait merveilleux de pouvoir l'enterrer ici en Terre Sainte. Vous faites une économie de quatre mille huit cent cinquante dollars ». L'homme répondit : « il y a longtemps un homme est mort ici et a été enterré dans cette ville. Et trois jours plus tard, il est ressuscité. Désolé, mais je ne veux pas prendre un tel risque ». Ah, si cet homme avait eu un peu plus de culture religieuse, il n'aurait pas eu peur car il aurait su que ce même homme est monté au Ciel et a disparu aux yeux des disciples qui le suivaient depuis plusieurs années.

Dieu le Fils, dans l'événement de l'Ascension, a choisi de se retirer, de s'effacer de notre monde pour nous laisser un nouvel espace à occuper. En effet, s'il était resté parmi nous, nous aurions sans doute perdu notre liberté car nous nous serions souvent tournés vers lui pour qu'il nous dise ce qu'il y a lieu de faire dans telle ou telle situation. Au contraire, le Christ s'efface après nous avoir donné tout ce dont nous avons besoin pour réussir notre entreprise de co-création. Il nous laisse les mains libres et nous convie à occuper dorénavant autrement l'espace qu'il nous offre par le biais de son absence. Il ne s'agit pas d'une absence désertique mais plutôt d'une absence pleine de la présence de l'Esprit Saint tel que Celui-ci nous sera donné dans l'événement de la Pentecôte.

Tout comme le Père lors du septième jour de la Création, le Fils décide d'agir de la même manière. Il s'est retiré en chacune et chacun de nous pour que nous conduisions plus librement encore nos vies. Et aujourd'hui encore, il peut nous sembler à notre tour bien difficile de nous effacer. Combien de parents, au fil de la maturation de leurs enfants, ne se retirent-ils pas sur la pointe des pieds pour permettre à leur progéniture de poursuivre leur propre route comme ils l'entendent ?

Combien de personnes, initiatrices de projets, acceptent-elles vraiment de s'effacer pour le bien de ce qui a été mis en place ? Être capable de s'effacer face à ce que nous avons mis en place ou encore fait grandir, demande une certaine dose d'humilité. Cela est d'autant plus vrai lorsque nous avons été parties prenante de projets. Nous nous sommes investis et puis, vient un moment où pour le bien de ce qui a été mis en place, il nous faut passer à autre chose et permettre à ce que d'autres poursuivent ce qui a été engendré par nous. Il peut y avoir comme une forme de déchirure. Notre ego en prend un sacré coup. Nous découvrons à nouveau que nous ne sommes pas indispensables et que d'autres peuvent continuer, voire améliorer, ce que nous avions commencé.

Par-delà l'humilité requise, il s'agit également de faire confiance à nos successeurs. Ils auront d'autres idées. Ils transformeront peut-être l'objectif initial. Ils tiendront sans doute compte d'éléments nouveaux. Ils s'adapteront. Et nous, de notre côté, nous devons apprendre à lâcher prise, à accepter de ne plus pouvoir tout diriger. Cela nous demandera peut-être parfois de la patience : être capable d'accepter de passer à autre chose dans sa propre vie. Il s'agit d'un effort de la volonté lorsque nous vivons cela de manière libre.

Il est vrai que l'expérience de la maladie, de la vieillesse, de la perte d'un être cher, nous conduit également à vivre cette expérience de l'effacement, du retrait. Il ne s'agit en rien d'une négation de sa personne et de son histoire mais plutôt d'une nouvelle manière d'écrire sa vie. Par ces réalités nouvelles, un espace insoupçonné peut se laisser découvrir. Le retrait, l'effacement nous permettent de prendre à nouveau un certain recul par rapport à ce que nous sommes devenus. Il est une occasion de pouvoir remettre certaines pendules à l'heure, de revenir à ce qui fait l'essence de nos existences, de reprendre le temps pour l'offrir à Dieu.

Le Christ s'est retiré à nos yeux pour mieux venir inhabiter en nous. Il s'est effacé de ce monde terrestre pour entrer pleinement dans le Royaume de l'Amour là où toutes et tous nous serons un jour rassemblés. Réjouissons-nous alors qu'il nous ait donné un tel espace de Vie pour transcrire en nos cœurs à chacune et chacun la merveille du don de Dieu : la foi, l'espérance et l'Amour. Amen

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