KOCEE vs MAAHLOX QUAND LE RAP DEVIENT CHAMP DE BATAILLE
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CAMEROUN :: KOCEE vs MAAHLOX QUAND LE RAP DEVIENT CHAMP DE BATAILLE :: CAMEROON

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux camerounais vibrent au rythme d’un clash retentissant : Kocee et Maahlox, deux figures majeures du rap national, s’affrontent à coups de diss tracks, de punchlines assassines et de provocations personnelles. Ce qui, au départ, semblait n’être qu’un simple jeu de buzz entre deux anciens compagnons de scène s’est vite transformé en une guerre ouverte, où la frontière entre le divertissement et l’hostilité réelle semble désormais abolie. Dès les premières salves, l’atmosphère s’est électrisée. Kocee, fort d’une verve provocante et d’un charisme flamboyant, a frappé fort avec un morceau incendiaire dans lequel il qualifie son rival de « mademoiselle, on t’appelle », une pique cinglante ciblant la vie privée de Maahlox.

Résultat immédiat : 1,3 million de vues en un jour, un véritable raz-de-marée numérique. De son côté, Maahlox, fidèle à sa réputation de vétéran du clash, a tenté de répondre avec virulence, mais semble avoir été surpris par la puissance et la rapidité de la riposte. Entre les punchlines, les missiles musicaux et les attaques personnelles, le combat a viré à l’empoignade virtuelle. Et dans ce duel sans règles, tous les coups semblent permis. Mais au-delà du spectacle, une question plus profonde se pose : jusqu’où ira cette escalade ? Les fans des deux camps se livrent à une bataille parallèle, amplifiant les tensions, relançant les débats, glorifiant leurs idoles au détriment du discernement. Certains extraits viraux laissent entrevoir un climat de haine déguisé en performance artistique : « Tu fumes comme le bifaga », « tu cries très très fort, la prochaine fois, traduis », « ton équipe t’a sauvé sur le deuxième morceau ». Des mots qui ne sont plus seulement des rimes, mais des projectiles lancés à pleine vitesse contre l’adversaire et ses soutiens. Il est difficile, dans un tel contexte, de ne pas interroger le rôle social et moral des artistes.

Le rap, art de la révolte et de la vérité crue, ne saurait se réduire à un ring d’egos démesurés où l’on oublie la responsabilité que confère la célébrité. Alors que le Cameroun fait face à des enjeux politiques, sociaux et économiques urgents, ces querelles hypermédiatisées détournent l’attention du public vers des débats creux. La jeunesse, avide de repères, mérite mieux que des clashs vides de sens. Maahlox revendique dix ans de provocations et de répliques, mais comme le rappellent certains, cette confrontation pourrait bien sonner comme son « terminus artistique » si elle se transforme en chute d’orgueil. Nourrir sans fin son ego, c’est parfois se condamner à la solitude. Kocee, quant à lui, monte en puissance, mais à quel prix ? Son ascension rapide dans ce clash ne doit pas éclipser la finesse artistique, sans quoi le feu de la gloire pourrait vite s’éteindre dans les cendres du vacarme. Il ne s’agit pas ici de condamner le rap en tant que genre ;  au contraire il s’agit de rappeler que le rap est aussi une tribune, un levier de conscience, une parole qui peut élever, rassembler, éveiller. Ce clash, aussi viral soit-il, reflète une crise plus large : celle du sens dans la création contemporaine, où le bruit prend souvent le pas sur la portée.

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