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© Camer.be : Rév. Dr Joêl Hervé BOUDJA
- 02 May 2021 10:38:11
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 02 MAI 2021 PAR LE REV. DR JOÊL HERVE BOUDJA
Textes : Actes 9, 26-31 ; 1 Jean 3, 18-24; Jean 15, 1-8
La culture de la vigne est très répandue dans les pays méditerranéens. Chez nous, nous nous contentons d'en consommer le produit :
le vin. Une belle vigne, quelle merveille !
Les feuilles regorgent de sève et les grains sont gonflés de jus ! Les grappes sont prometteuses d'un millésime qu'on savoure à l'avance. Une vigne plantureuse porte fièrement le nom de son propriétaire. Il n'est pas étonnant que la vigne ait servi d'image familière pour exprimer une réalité bien plus profonde. Ainsi Israël est la vigne de Dieu.
LE CHRIST SE DÉPLOIE DANS L'HISTOIRE
En plein milieu des chapitres 13 à 17, où Jean reconstitue, à sa façon, l'ultime soirée de Jésus avec les siens quand il leur lègue son testament par un long discours d'adieu, se dresse l'allégorie de la vigne. Formée de 2 volets, c'est sur elle que tout l'ensemble pivote. Aujourd'hui premier volet du diptyque.
LA VIGNE DANS LE PREMIER TESTAMENT
Israël aimait chanter sa gloire d'être le peuple élu, premier-né de Dieu, en se comparant à une vigne magnifique mais déjà le prophète Ésaïe avait exprimé le dépit de Dieu devant les infidélités de son peuple : « Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau plantureux. Il y retourna la terre, enleva les pierres et installa un plant de choix. Au milieu il bâtit une tour et il creusa un pressoir. Il en attendait de beaux raisins et il n'en eut que de mauvais ! Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n'ai fait ? J'en attendais de beaux raisins : pourquoi en a-t-elle produit de mauvais ?
La vigne du Seigneur, c'est la maison d'Israël, et les gens de Juda sont le plant qu'il chérissait. Il en attendait le droit et c'est l'injustice. Il en attendait la justice et il ne trouve que les cris des malheureux ». (Esaïe 5) Dieu, par son prophète, rappelle tous les bienfaits dont il a comblé son peuple (libération d’Égypte, Alliance, Décalogue, installation en Canaan, les prophètes, etc.).
Mais cette générosité divine avait un but : non privilégier Israël mais en faire une société où règnent le droit et la justice afin d'entraîner tous les peuples à imiter son organisation. Hélas, Israël a joui des grâces divines, a bâti à Dieu un temple magnifique, y a organisé de splendides liturgies...mais les malheureux crient tandis que les puissants se rengorgent, des affamés appellent à l'aide alors que des nantis se bâfrent ! Aussi Dieu annonce qu'il va intervenir : en effet, Jérusalem, ses palais et son temple seront saccagés par les armées ennemies.
LA VIGNE DANS L’ÉVANGILE DE MATTHIEU
Dans les évangiles de Marc, Matthieu et Luc, Jésus se propose de remédier à ce scandale de l'infidélité : il vient, dit-il, inaugurer le Royaume de Dieu qu'il compare à une vigne dans laquelle les croyants sont invités à entrer. Dans Matthieu, trois paraboles reprennent le thème : celle des ouvriers de la dernière heure explique que le maître invite sans cesse à aller travailler dans sa vigne (Matt 20, 1).
Celle des 2 fils constitue un avertissement : certains sont de faux croyants tandis que des pécheurs invétérés se convertissent et changent de vie. (Matth 21, 28). Et Jésus, à l'approche de sa passion, enchaîne avec une 3ème parabole sur le même thème d’Ésaïe ci-dessus. Le propriétaire confie sa vigne à des vignerons : il envoie des serviteurs (les prophètes) pour en recevoir le fruit mais les vignerons les molestent. Dieu alors leur envoie son fils bien-aimé (Jésus) : on l'exécute. Dieu châtie ces hommes et « confie sa vigne en fermage à d'autres vignerons qui lui remettront les fruits» (Matt 21, 33).
LA VIGNE DANS L’ÉVANGILE DE JEAN
L’évangéliste Jean approfondit encore ce thème. La vigne de Dieu n'est plus un peuple particulier parmi d'autres (A.T.), elle n'est plus un projet que Jésus confie à certains hommes au risque d'être toujours déçu (Matt.) La vigne de Dieu, c’est Jésus lui-même. Les vignerons homicides l'ont eux-mêmes plantée au Golgotha, petite éminence « hors ville » dans une carrière désaffectée, et dont la forme rappelait celle d'un énorme crâne humain (d'où son nom : Golgotha en hébreu signifie crâne).
Une vieille légende juive assurait qu'il s'agissait là du crâne d'Adam, le premier homme, qui devait avoir une taille gigantesque et qui avait été enterré à cet endroit ! Les vieux crucifix montrent encore sous les pieds de Jésus un crâne et des os qui évoquent cette légende pleine de sens. Ainsi la mort de Jésus en croix réalise – symboliquement - une « transfusion sanguine » : de son cœur transpercé a coulé le sang qui, goutte à goutte, redonne Vie Nouvelle à l'homme mort à cause du péché. Sa résurrection relève l'humain de la poussière de la mort.
La Vigne de Dieu est plantée : son expansion est sûre et elle s'étendra à tous les humains, fils d'Adam, appelés à redevenir un seul corps qui donne à Dieu le fruit qu'il attend. A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie pour qu'il en donne davantage. Mais vous, vous êtes déjà nets et purifiés grâce à la Parole que je vous ai dite : « Demeurez en moi comme moi en vous ».
De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus si vous ne demeurez pas en moi. L'insistance du texte n'est pas sur le fruit à donner mais sur la « demeure en Jésus », l'attachement du sarment au cep, le lien vital du disciple à Jésus son Seigneur dont il reçoit la vie. Le vrai chrétien n'est pas étranger à son Seigneur, membre de son organisation, élève à l'école de son maître. Jésus et les siens sont un, ils demeurent l'un dans l'autre -
ce que les théologiens appellent « l'immanence réciproque ». Élisabeth de la Trinité disait : J'offre à Jésus « une humanité de surcroît ». Plus le disciple « tient » au Christ, plus il l'aime c’est-à-dire, plus il s'applique à écouter ses paroles et à les mettre en pratique, plus il fructifiera. Mais, en conséquence il ne doit pas être surpris d'encaisser des coups, de traverser des épreuves, de subir des attaques : il y voit comme « des coups de sécateur » de Dieu qui l'émonderont et lui permettront de donner davantage de fruits.
Moi, je suis la vigne et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit car, en-dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu'on a jeté dehors et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et vous l'obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi vous serez pour moi des disciples ».
Le drame de « l'humanisme » est de vouloir créer un monde sans ce lien de la foi considérée comme aliénation, carcan insupportable. Nous avons vu au 20ème siècle (et en terres de baptisés !) les deux tentatives les plus colossales jamais entreprises dans l'histoire pour éliminer Dieu et édifier un monde parfait : le communisme promettait des lendemains qui chantent et le national-socialisme un 3ème Reich pour le pur Aryen, type de l'homme nouveau.
Ces entreprises titanesques se sont achevées dans des horreurs, des dizaines de millions de victimes, le Goulag et Auschwitz. Détachés du cep, desséchés, les sarments stériles ne peuvent plus donner un fruit valable (ou s'ils le font, ce n'est que pour un temps et à l'avantage de certains) : ils tombent dans le feu de l'autodestruction. « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » : l'affirmation paraît péremptoire, exclusive. Elle veut dire que seule une communauté de fils (et pas seulement de camarades, de confrères, de compatriotes) peut s'atteler à réaliser le droit et la justice « à la gloire du Père » de tous.
Mais la fructification n'est pas automatique, elle ne peut s'effectuer que par un moyen : La prière, qui est comme l'appel de la branche au tronc, la soif de recevoir la vie. L'attachement pratique au Christ dans une vie fidèle à l’Évangile et la demande sincère et répétée produiront du fruit. La "vraie" vigne, en réalité c'est Jésus. Il est le cep et les disciples sont les sarments.
Ils participent à la vie du Christ comme les branches participent à la vie du cep auquel ils sont attachés. Il faut demeurer en lui, comme la racine s'accroche à la terre. En effet, le fils éternel du Père, Jésus-Christ seul peut conférer aux entreprises humaines une valeur d'éternité. "Je suis la vigne et mon Père est le vigneron". Désormais, le plant choisi par le vigneron, n'est plus Israël, mais Jésus, le Bien Aimé. C'est lui le cep planté par Dieu et c'est lui, en même temps, le fruit incomparable.
Le nouvel arbre de vie, c'est le peuple qui naît de Jésus et ne fait qu'un avec lui. Mystère de la sève dont le mouvement intérieur et discret a uni le cep aux sarments jusqu'à leur faire porter du fruit. "Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit !" Immense vigne, le champ où les hommes luttent, peinent, donnent leur vie, sans savoir que le fruit qu'ils portent vient d'une sève cachée qui tait son nom.
Le cep est devenu la nourriture des affamés de justice, la ressource subtile des pauvres, la sérénité inébranlable des doux, la grandeur d'âme des miséricordieux, la force des torturés, la fidélité des artisans de paix. "Celui qui demeure en moi, celui-là porte beaucoup de fruit." La vigne des hommes est désormais et pour toujours la vigne de Dieu.
Heureux ceux qui savent humblement qu'ils sont eux-mêmes les sarments dont Jésus est le cep et le Père le vigneron ! Heureux ceux qui dans la patience et la ténacité, émondent la terre des hommes pour qu'elle porte son fruit le plus beau : ils sont la vendange de la vigne de Dieu !
Amen.
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