Faut-il laver et rincer les autorités camerounaises  au gel hydroalcoolique ? par Hugues SEUMO
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Faut-il laver et rincer les autorités camerounaises au gel hydroalcoolique ? par Hugues SEUMO :: CAMEROON

Un spectacle insoutenable. Celui qu'affiche les autorités camerounaises ces derniers temps. Tout porte à croire que le Gouvernement s’est mis en tête de pourchasser son ennemi juré par tous les moyens et toutes les ripostes possibles.

Nous nous permettons d’écrire ici car nous pensons que rester silencieux par rapport à la situation du Cameroun est aussi pire que regarder, sans rien faire, un enfant qui joue à la fenêtre à un étage assez haut.

Nous ne nions pas notre imperfection, nous n'allons pas non plus attaquer ceux de l'autre côté, les patriotes engagés, qui se battent depuis des années pour le bien être des Camerounais car où que nous soyons, le Cameroun ne mérite pas cela ! Mais nous allons essayer de porter une voix qui s’élève par rapport à l’agonie de notre Cameroun.

Nous sommes d'accord avec A. Lincoln quand il dit : « Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et, d’un homme, il fait alors un lâche. » Il est plus que jamais temps de dire tout haut notre mécontentement !

Le Cameroun est en quête de quiétude. On peut ressentir cela dès la base même du bien être : le pain quotidien. Il est vrai qu’il appartient à tout un chacun de trouver un travail pour subvenir au moins à ses besoins les plus élémentaires. Mais le pouvoir en place y est responsable pour une large partie en créant un environnement instable. Nous admirons le courage et la rage de combattre de la population pour survivre.

C’est un truisme de dire que chaque peuple avait sa propre trajectoire, sa culture, ses pesanteurs, ses traditions de lutte. De même, une chose demeure certaine : tous les peuples du monde aspirent au développement, à la liberté, à la dignité, à la justice, au progrès social et à la paix.

La misère, l’injustice sociale, l’absence de liberté et la négation de l’Etat de droit, finissent toujours par faire sauter les soupapes de sécurité multiples et toutes les barrières dressées sur les chemins du combat populaire pour l’émancipation et le bien-être.

S'il ya un fait qui a failli passer inaperçue, à cause de la tension justifiée autour des manifestations du 22 septembre dernier que tout le monde savait être un exercice de prise de température sociale comme cela s’est avéré par la suite. Il se trouve que les autorités administratives continuent depuis lors à pourchasser même dans les contrées les plus reculées de la république tous ceux qui ont participé ou encourager cette manifestation pacifique non violente taxée d'insurrection par le camp d'en face

Plusieurs autres lettres confidentielles de menacent , présentent des autorités administratives, en train de s'affairer à mettre en garde les responsables des formations politiques qui ont rallié le MRC. Idem pour les militants des partis politiques qui, sans l’aval de leur hiérarchie, ont participé à cette manifestation du 22 septembre. La lettre qui nous a interpellé est celle du préfet du Haut-Nkam, adressée à Monsieur Pierre Kwemo, président de l'Union des Mouvements Socialiste (UMS). Ce valet de l'administration coloniale, pieds noirs camerounais, met en garde le président de l'UMS car selon lui, ses militants ont participé à des marches "insurrectionnelles" dans la ville de Bafang

Nous avons voulu ne pas publier cette lettre à cause de son caractère dit confidentiel, mais, vu les réactions qu'elle suscite sur la toile et plus précisément sur les réseaux sociaux, nous pensons que cela valait la peine. Aussi choquante soit-elle, cette lettre traduit l'horreur de la gestion calamiteuse du Cameroun

Cette lettre à nos yeux est quant à lui devenu le symbole d'une réalité rebutante et indécente. Celle de l'embrigadement d'un peuple face à une politique honteuse au Cameroun dont on ne préfère pas voir de visage.

On retrouve dans cette lettre tous les éléments émotionnels qui sortent de la banalisation de toutes les images sur la misère d'un peuple. Elle interpelle notre conscience, notre devenir, voire de notre peuple meurtris par un pouvoir qui ne rêve que de son bien être et non de celui de son peuple

Comment ne pas être agacé par ce triste spectacle devenu récurrent ? Et c’est bien dommage, car cette tragédie au Cameroun dure au moins depuis des décennies.

Ce n’est pourtant pas la première lettre diffusée par les autorités du Cameroun depuis le 22 septembre dernier. Pourquoi celle-ci fait mal ?

Parce qu’il y a, dans cette lettre, un effet de choc. La matérialisation de l’épuration politique qui se manifeste sur le terrain par l’enlèvement illégal de nombreux militants du MRC et des partis politiques et organisations alliés. Tout est donc mis en œuvre pour encourager l’opinion à s’en remettre à un Prince .

Cette situation entraîne une personnalisation du pouvoir, faisant ainsi de l’ombre aux mécanismes représentatifs et sapant toujours plus leur nécessaire légitimité. Or, l’Académicien André VANCHEZ nous rappelle : « Si rien ne se fait sans les hommes, rien ne dure sans les institutions » ; Comme je le soulignais l'année dernière sur ces mêmes colonnes, le piétinement de l’éthique et l’érection des anti valeurs en modèles de vie et de comportements, ont aplati à jamais les vertus du travail et le goût de la sueur. Les citoyens ne sont plus départagés par le mérite et par la compétence mais plutôt par la médiocrité des appartenances égoïstes et tribales.

Les scandales de toutes sortes, quotidiennement relatés au peuple ahuri, ont fini d’enterrer le peu de retenue et de bienséance dans nos rapports interindividuels et dans nos rapports avec l’Etat.

Pourquoi faut-il publier cette lettre du préfet du Haut Nkam ?

Une image vaut mieux que mille mots a-t-on coutume de dire . Il le fallait car, se taire, c'est participer à la cacophonie ambiante dans ce pays. Il faut dénoncer ce qui est insupportable.

L’opinion publique ne veut d’ailleurs pas qu’on lui masque la réalité. Le lecteur doit être considéré comme un adulte.

La photographie de cette lettre prend sa raison d’être dans la raison même du journalisme. Si demain, pour une raison morale, politique ou religieuse, on empêchait cette lettre d’exister, on porterait atteinte à la démocratie.

La responsabilité d’un journal, en publiant des lettres comme celle-ci, est de mettre à mal tous les stéréotypes de l’opinion sur le modus vivendi des Camerounais .
Les multiples arrestations en cours au Cameroun sont là pour nous le rappeler, tout comme de nombreuses autres victimes qui ont quitté l'enfer terrestre pour l'au delà à la suite des actes de tortures subies dans les geôles infestes du pouvoir de Yaoundé.

Cette lettre peut réveiller les consciences, comme toutes celles qui ont marqué l’histoire de l'humanité. La lettre de Hermann Göring, ou Goering, militaire et criminel de guerre allemand, dirigeant de premier plan du parti nazi et du gouvernement du Troisième Reich, adressée à Hitler dans laquelle il suggérait des méthodes sordides à son gourou pour réprimer tous ceux qui s'opposaient à la politique nazie. Il est temps de prendre conscience du sort des Camerounais.

A présent, pour mettre un terme à ces phagédénismes insidieux, le peuple camerounais a besoin, pas tant d’une alternance à la tête de l’Etat, ni même d’une alternance générationnelle ou de genre, mais plutôt d’une vraie alternative éthique, politique et sociale, à même de porter en avant les aspirations profondes de nos concitoyens et concitoyennes. A chacun et à chacune de mesurer sa part de responsabilité face à un tel défi.

Ce beau pays , le Cameroun, est-il devenu cet endroit où il est désormais si dangereux de vivre ? Quand le peuple ne dit rien, ça ne veut pas dire qu’il est d’accord ! Son silence est un cri strident. Il faut être humble pour l’entendre ! ( A suivre)

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