LA CANAILLE PLANIFIE LE GÉNOCIDE AU SUD, QUE PAUL BIYA STOPPE SES FRÈRES À TEMPS…
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Deux événements justifient la publication de la présente tribune : d’abord la sortie médiatique d’Amadou Vamoulké du vendredi 5 décembre 2019, qui crie son innocence après trois ans passés à la prison de Kondengui. Un autre événement s’est produit toujours ce 5 décembre : c’est la mise à tabac du Pr Alain Fogué, trésorier national du MRC, et d’autres militants de ce parti réunis au domicile du représentant régional du Sud, Dr Apollinaire Ako. Lorsque j’écoute les témoignages des militants du MRC et que je lis la lettre ouverte de Vamoulké, ces paroles et ces mots pathétiques me rappellent Le « Notaire du Havre » de la Chronique des Pasquier, de Georges Duhamel : « Je veux que tout [Yaoundé] le sache, que le monde entier, Monsieur, sache que vous êtes un mufle. Un mufle doublé d’une canaille, une canaille doublé d’un fauve, un fauve doublé d’un niais… ». Ces situations villageoises et littéraires ne manquent pas de m’interpeller en tant que penseur.  En tant qu’expert du discernement donc, je suis de fait le chroniqueur des forfaits de la canaille, le notaire des bêtises commises par les fauves qui nous gouvernent.

En effet, un penseur véritable est un éducateur du peuple, principalement des hommes politiques ; c’est le pédagogue du Prince. Or pour professer, il faut préalablement apprendre à lire. Avant donc que mes élèves du pouvoir ne prétendent me comprendre, je leur demande de recommencer à s’initier aux saisons qui ont rythmé nos origines et qui détermineront sans doute notre destination en tant que peuple, c’est-à-dire qu’ils apprennent que lire et écrire l’histoire de notre pays est la raison d’être de leurs positions respectives au sommet de l’État. Or, puisque jusque-là cette tâche n’est pas accessible à leurs scribes sans talent et sans amour de la patrie, puisque je ne réussis pas à leur faire estimer les avantages privés de la grandeur nationale, il faut que je leur fasse au moins rêver de la hauteur morale dont ils fantasment. Le problème est qu’ils espèrent que la conversion se fera sans sueur. C’est pourquoi, il faut les dégoûter d’eux-mêmes et refluer sur leur visage de canaille les vomissures de leur présence surnuméraire qui nous entachent le goût et compromet nos chances de progrès. Je fixerai d’abord le lecteur sur ce que j’entends par canaille présidentielle, ensuite je partagerai mes souvenir de ma rencontre fortuite avec Vamoulké au ministère des cerveaux, chez Jacques le fatal, et je terminerai ce texte de circonstance par une réflexion sur la morsure de Paul et son antidote.

I/ LA CANAILLE PRÉSIDENTIELLE

Lisez donc avec moi, mes pupilles sournois et immondes, ces mots d’une âme entière et altière. Je n’insulte point. Je n’attaque point. Je répugne même à vous humilier. Mon affaire, c’est vous transformer. D’ailleurs, ce n’est pas moi qui parle. Il faut vous en prendre à Zarathoustra : « La vie est une source de joie ; mais où vient boire la canaille, toutes les sources sont empoisonnées. J’aime tout ce qui est pur, mais je n’aime point voir les gueules grimaçantes ni la soif des impurs. Ils ont jeté leurs regards au fond du puits ; à présent le puits reflète leur répugnant sourire. Leur lubricité a empoisonné l’eau sainte, et en appelant joie leurs rêves immondes, ils ont empoisonné les mots de surcroît ». Par canaille, j’entends l’espèce la plus vile, la plus dégénérée, la plus désespérante et la plus méprisable des hommes. Ces gens, qui sont réquisitionnés pour servir le prince, manquent d’esprit et de goût malgré leurs innombrables parchemins universitaires. Leurs actes ne sont pas des actions valorisantes ; ce sont les exploits de la malchance. Ils sont emportés ou recroquevillés sur leur minorité humaine ; injustes, venimeux, cruels, insensibles et irascibles, ces petits monstres de singes de la forêt tropicale préjudicient au progrès et à la concorde civile dans notre pays. À cet égard, nous pouvons affirmer, sans hésiter, que certains ministres, ceux originaire du Sud du pays principalement, en ce qu’ils excellent dans des intrigues à coloration tribale, se promènent avec du carburant frelaté dans leur conscience inondée de vices et de crimes insoupçonnés, et avec des briquets dans leur poche débordante de prébendes, pour incendier la république. Car autrement, comment peut-on défendre que des compatriotes « ordinaire » entrent ou séjournent dans une ville de leur pays sous le prétexte qu’on défend le fief du président de la république ? La véritable défense du bastion ne consiste-elle pas à favoriser le progrès social et à garantir le soutien des populations locales dont on revendique une exclusive la fidélité par les réalisations incontestables sur le terrain ? Qu’est-ce que les Seigneurs de la forêt qui règnent en Maîtres absolus dans le pays du Sud ont-ils réalisé qui les rendrait ou aimables ou irremplaçables ?

II/ VAMOULKÉ, JACQUES LE FATAL ET MOI OU LES VIPÈRES BLESSÉES DANS LEUR DÉSAMOUR PROPRE

Venons-en à Amadou Vamoulké. Je ne le connais pas véritablement. Mais ce qui me frappe, c’est la façon dont il démontre qu’il est là-bas au frais pour rien. Ce qui a attiré mon attention, c’est qu’en lisant sa lettre, je revoyais le bonhomme au cours de l’unique rencontre que nous eûmes. C’était en juin 2016. C’était dans la salle d’attente du Ministère des cerveaux, où l’on m’avait promis de me faire recevoir par Jacques le fatal. Je m’y étais rendu pour demander pardon, pour implorer la pitié, pour m’humilier, pour ramper, en vain. Je comprends maintenant pourquoi Dieu avait voulu m’abandonner à cet endroit. J’étais le témoin de l’histoire, j’assistais impuissant à l’exécution planifiée d’un compatriote distingué. J’étais arrivé à 9h, comme on me l’avait demandé. Vers 13h, la secrétaire est entrée avec Vamoulké que j’ai reconnu. Elle l’a installé. Il était attendu comme moi, apparemment. Il s’est assis et m’a salué avec respect et une considération bienveillante, sans faire attention à mon accoutrement négligé de condamné à mort.  C’est que le type paraissait préoccupé. Je le regardais fixement, pour cerner sa personnalité, pour sonder son âme visiblement tourmentée. Je savais que Jacques, lui, nous regardait tous deux à travers la caméra de surveillance qu’on a cyniquement installée en miroir sur le visage des visiteurs. Celui qui a commandité ce tripatouillage de la dignité des usagers qui y entrent est sadique. La maître des lieux peut jouir cent fois de vous observer vous moucher, bailler, s’étirer, se gratter, désespérer, avant de vous éconduire à la dernière minute si sa méchanceté n’est pas comblée.

Revenons à Vamoulké. On s’était juste dit le bonjour. Et le type ne parlait pas ; il respirait un peu au-dessus du rythme conventionnel. Je le revois tout calme, l’air décidé, la foi vacillante mais la volonté ferme. Il dégageait cette sorte de grandeur que détestent les petites gens. La sincérité et l’audace qui ornaient son regard ne pouvaient que militer en sa défaveur en ce lieu étourdissant de malices. En regardant le type avec les yeux de la rumeur qui l’envoyait en prison, je pressentais une sérénité déroutante dans ses yeux blindés. On pouvait prélever sur sa peau ses infirmités, ses qualités et ses atouts. Cet homme était une blessure ouverte ! Et sa seule apparition blessait les vipères dans leur désamour constitutif. On sait que la crapule vit de se maudire intérieurement parce qu’elle sait qu’elle est l’indignité incarnée. C’est pourquoi rien n’excite plus son vide originel que la vue d’hommes entiers comme Kamto, Mota, Fogué, Vamoulké, bref des citoyens véritablement engagés dans la défense de l’intérêt général. Rien n’agace plus la vanité meurtrière de la canaille que la vérité qui s’affichait en majuscules et en gras sur la face avenante de ce futur prisonnier. On ne me reçut finalement pas jusqu’à 17h. Vamoulké attendit une quarantaine de minutes et alla à la rencontre de l’étoile polaire de sa déchéance. En franchissant la porte du bureau de Jacques le fatal, j’écoutai attentivement le texte vocal de la saine révolte intérieure qu’il ruminait dans son cœur, comme Zarathoustra : « La vie a-t-elle besoin de la canaille ? Faut-il qu’il y ait des puits empoisonnés, et des feux puants, et des rêves souillés, et des vers dans le pain de vie ? Ce n’est pas ma haine, c’est mon dégoût qui dévore ma vie. Hélas ! que de fois j’ai été dégoûté de l’esprit en voyant la canaille elle-même avoir de l’esprit ! » Lorsqu’enfin il pénétra les ténèbres et qu’il aperçut dans la pénombre humaine le sourire d’étain en face de lui, il sentit dans sa main la porosité constitutive de ce métal ductile, malléable, le plus fusible de tous les métaux. Il rumina : « Jadis l’esprit était Dieu, puis il s’est fait homme, à présent il devient canaille » ! Jusqu’à ce jour, je me demande toujours ce qu’il allait faire au royaume des intrigants. Lui, en franchissant cette porte non assurée, il comprenait ce que je n’imaginais pas. C’est que, submergées par la haine et anéanties par leur absence de goût, les vipères du gouvernement mordent la conscience nationale et infectent si durablement le vivre-ensemble qu’elles ne forment à la fin qu’une énorme souillure publique qui marque à vie les citoyens demeurés lucides : « Biya m’a nommé pour vous commander jour et nuit. Je me lève ministre, je dors ministre ! », criait un jour l’un de ces spectres abjects. 

Ce qui doit interpeller dans ces événements, c’est cette occurrence de choses louches réunies en un même lieu et orchestrées par une même énergie destructive : le même jour qu’on bastonne et chasse les Bamilékés au Sud, ce même jour la victime que j’avais rencontrée chez celui qui a créé la République bulu et qui chasse les autres tribus du pays du Sud, le pays organisateur, écrit pour crier au cynisme du système.

III/ LA MORSURE DE PAUL ET L’ANTIDOTE

Ces ministres qui organisent l’interdiction des meetings du MRC et l’arrestation systématique des responsables de ce parti au pays du Sud exécutent leur propre agenda politique. Ils sont convaincus que le locataire d’Étoudi peut faire ses histoire d’équilibre régional, de démocratie, de transition s’il veut, de toute façon eux ils ont leur territoire, leur plan de bataille, la logistique qui va avec, et ils se sont armés en conséquence… Ils se disent, en se gaussant cyniquement de leur infernal de frère : « Malheureux, donne-leur le pays si tu veux, libère Kamto si ça te chante, mais nous ne te suivrons pas ! Nous avons notre morceau, notre fief, et personne ne va nous ravir ce bout de bonheur ». C’est pourquoi ils affinent l’art du mensonge. Si au moins leur mensonge était signe de mansuétude… Au contraire, mentir pour eux c’est se fuir en permanence ; c’est quêter un peu de répit. Ne pouvant être authentiquement humains, ayant échoué même à être des mammifères estimables, ils se sont résolus à se faire les prophètes du Renouveau. Ces pupilles infâmes ne présentaient pas déjà des esquisses d’une citoyenneté ordinaire. Biya a fini par les déshumaniser totalement en les accablant de titres ministériels hors-normes. Et la comédie du pouvoir, qui est rythmée chez nous par le bal des cyniques, a fini par les transfigurer en de petits monstres sanguinaires et boulimiques, de petites vipères sans poids moral et sans envergure politique. Ces reptiles des enfers ont mordu au cou du pays qu’on leur a confié. Ils l’ont rendu exsangue, en l’amputant de ses finances publiques, des énergies et des intelligences les plus prolifiques. Avant ce couronnement désespéré, ils ne valaient déjà rien ; ils ne pesaient rien. Comment vont-ils se revaloir dans un tel désert de vacuité constitutif ?  

Mais Paul, le créateur de ces créatures politiques démoniaques, l’a fort bien compris. Il a laissé la vipère s’enrouler autour de son cou pour sucer ses blessures et s’empoisonner avec son propre venin retravaillé par la vérité. Ce faisant, il a conçu en secret l’antidote imparable contre les morsures de la canaille. Sa commercialisation va coïncider avec l’apothéose de son effacement de la scène du crime. Comme Zarathoustra, il passe finalement sa main à son cou ensanglanté de perfidies et exprime sa reconnaissance à la vipère qui veut prendre la fuite au travers de gestes grossièrement affectés et d’une élégance rhétorique faussement engagée : « Je ne t’ai pas encore remerciée. Tu m’as éveillé à temps. J’ai encore un long chemin à faire. – Le chemin qui te reste, n’est plus bien long, dit tristement la vipère ; mon venin est mortel. » Zarathoustra sourit : « Depuis quand un dragon doit-il mourir du venin d’un serpent ? demande-t-il. Mais reprends ton poison. Tu n’es pas assez riche pour m’en faire don » !  

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