Et le Cameroun de demain ?...
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Et le Cameroun de demain ?... :: CAMEROON

Sans le citer textuellement, Léopold Sédar Senghor, s’adressant aux Africains, disait : Vous devez refuser de mourir gratuits… Vous vivez pour une Afrique immortelle… Tout ce que vous faites aujourd’hui, c’est pour ce que demain l’Afrique sera… Nous voudrions tant parodier le grand poète et homme d’Etat africain, pour dire aux Camerounais : « Battez-vous, autant que faire se peut, pour que votre vie soit utile à notre pays… Refusez de mourir gratuits…Vous n’avez pas le droit de laisser le Cameroun plus pauvre que vous ne l’avez trouvé… Chaque acte que vous posez doit avoir des retombées positives pour ce que le Cameroun demain sera »…

Au-delà du véritable culte que nous vouons à Senghor, nous aimerions sincèrement que notre génération n’ait pour principal souci que le Cameroun qui demain sera. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. Car, pour la plupart d’entre nous, le Cameroun, c’est juste notre petite famille, ou, tout au plus, notre village, notre tribu, notre région. Nous sommes nous mêmes tellement bousculés par nos propres problèmes politiques, économiques et sociaux actuels que nous semblons parfois oublier que notre pays sera toujours là, bien après notre passage, sur cette terre des hommes. Le portail des camerounais de Belgique. Nous fonctionnons, surtout quand nous avons quelques moyens , comme si nous avions l’intention de tout confisquer, ou, à défaut, d’envahir le plus possible le territoire national et d’en laisser les superficies les plus étendues aux seuls membres de notre famille. Ainsi, à l’heure actuelle, ceux des Camerounais qui ont beaucoup d’argent – Dieu seul sait comment ils l’ont eu – n’hésitent pas à voler – oui, c’est le terme approprié – aux paysans misérables toutes les terres que leur avaient laissées leurs ancêtres, génération après génération.

En effet, c’est une erreur de parler de vente, quand le paysan, propriétaire terrien, mais, plus pauvre que Job, en vient à bazarder ses terres, pour une bouchée de pain, au point de ne plus laisser l’espace indispensable qui va accueillir sa propre tombe… C’est un scandale, sans plus, quand quelque haute personnalité se vante de posséder des cacaoyères, des bananeraies et des plantations de café et des champs d’ananas qui s’étendent sur des centaines et des centaines d’hectares , alors que son propre père n’avait pas, il y cinquante ans, un bout de forêt où créer un minuscule champ de maïs. Ce n’est pas cela pratiquer l’agriculture. L'info claire et nette. C’est, plutôt, la pire façon de déshériter des familles entières de villageois, en leur démontrant, par la force et l’argent, que ce pays ne leur appartient pas. Ces gros acheteurs de tous les terrains non immatriculés se mettent, en réalité, le doigt dans l’oeil : non seulement les immenses champs qu’ils prétendent créer aujourd’hui vont devenir sous peu des pommes de discorde et rapidement péricliter, quand ils ne seront plus aux affaires ou qu’ils vont mourir, mais encore, d’authentiques héritiers des paysans dépossédés ne pourront jamais s’accommoder d’une situation où la ruse et l’injustice ont dirigé la manoeuvre. Même les titres fonciers les plus réguliers finiront par céder devant tant de haines accumulées, synonymes de guerres durables…

Des Camerounais qui s’imaginent être capables de confisquer la terre de ce pays, pour la laisser en héritage à leur seule progéniture, se trompent sur toute la ligne. Plus exactement, ils bâtissent d’immenses salles qu’ils remplissent de barils de poudre où, demain, à tout moment, n’importe qui pourra jeter une bûchette allumée. Tout partira en fumée, instantanément. En effet, aucun pays, à notre connaissance, n’a connu un développement harmonieux, pendant une longue période, parce qu’une poignée d’hommes, d’une certaine époque, s’est emparée de toutes les terres de l’arrière pays, au détriment des populations qui y sont nées…

Notre prophétie est sans doute trop pessimiste ; mais, telles que les choses sont parties, c’est sûr que le Cameroun de demain va brûler, dans son arrière-pays. A moins que, dès maintenant, les acheteurs de terrains ruraux changent le fusil d’épaule. Au lieu de créer leurs immenses plantations pour leur seule progéniture, qu’ils le fassent pour en distribuer des parcelles, en instaurant, au besoin, un régime de fermage, aux autres villageois du voisinage. C’est tout à fait possible. Il n’y a de développement que celui qui concerne tout le monde…

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