L’artiste camerounaise de renommée internationale a presté à Bangangté le 2 juin 2019. Ses chansons ont sensibilisé la jeune fille, encore et toujours exposée aux grossesses précoces. Le répertoire revisité a été une comédie musicale intitulée « Zayené ». Eric Niat a joué la partition de mécène.

« L’esprit de la musique existe là où elle a besoin d’aide », Sally Nyolo le rappelle toujours. Eric Niat l’a vite compris. La logistique du spectacle a été mobilisée par ses soins : un podium long de 12 mètres et large de 7 mètres construit en bois. Les bordures décorées en tissu au ton traditionnel Bamiléké. La sonorisation et les chaises pour spectateurs, ont porté les estampilles de sa générosité. Le spectacle a tenu la promesse des fleurs. Il a dansé et a surtout écouté le message que l’artiste est venue véhiculer à ses jeunes sœurs. Il dit avoir connu les albums de Sally Nyolo, sans la connaître elle-même. C’est sa première fois de la voir sur scène. « J’ai vu un spectacle original, conçu et présenté par une artiste née. Une artiste qui sait donner de la voix. C’est une voie», a-t-il poétisé. Pour le premier adjoint préfectoral, représentant le Préfet du département du Ndé au spectacle, « donner l’occasion à la jeune fille de Bangangté de vivre ces moments, c’est à encourager. L’administration sera toujours présente et soutiendra de telles initiatives », a-t-il déclaré, non sans sublimer Sally Nyolo et remercier Eric Niat pour sa facilitation. La tribune du stade de basketball Jeunesse du Ndé de Paul Biya a fini par faire le plein d’œuf. « Si son programme le permet, nous aimerions l’inviter pendant les vacances où nous aurons la chance d’avoir les jeunes filles plus nombreuses qu’aujourd’hui. Nous sommes venus en appui au proviseur du lycée classique de Bangangté qui a exprimé le besoin. Il est l’initiateur de ce spectacle de sensibilisation », a expliqué celui que l’on appelle communément « maire des jeunes ».

Zayené !

Mi-comique, mi-tragique ! Qui n’a pas rit aux éclats ? Qui a pu maitriser ses émotions ? Sally et sa troupe ont plongé l’assistance dans les réalités d’un village où les grossesses précoces sont courantes. Des calebasses et d’autres accessoires posés sur la scène, la place du marché, un arbre à palabre, pas d’école, pas d’église, mais un débit de boisson, pas de lumière, c’est encore la lampe tempête qui y est utilisée. Le décor est planté. Le village est mis en mouvement. Les villageois vont et viennent. Bilo’o Nancy raconte les scènes de Zayené. C’est pathétique. Les vieux ne laissent pas les jeunes filles grandir. Ils leur volent leur virginité. A fleur de l’âge, elle est obligée d’épouser un vieillard. Les parents sont complices. La jeune fille n’a pas de choix. Elle n’a pas la possibilité de s’enfuir. Elle doit tomber enceinte. Elle n’a jamais su comment on tombe enceinte.

Joindre l’agréable à l’utile ! Bon pied, bon œil, elle s’exprime avec sagesse. La voix de Sally Nyolo s’élève dans le ciel. Pendant près de 2 heures d’horloge, elle a entrainé le public. Posant sa voix suave, sur les progressions harmoniques du guitariste et du joueur de balafon. Les danseurs illustrent le récit par des déhanchements des reins. Ils se plient comme des serpents. Ils changent les habits après chaque phase de l’histoire. Sally Nyolo a allié les histoires réelles et le fantastique. Le public a été tenu en haleine. « Je n’ai pas réalisé quand c’était fini. Pourtant ils ont salué le public pour dire que c’était fini. J’ai eu une grande envie de les voir danser et de les écouter chanter», s’est réjouit Estelle, élève de seconde A-esp au lycée classique de Bangangté, tout en s’engageant à raconter ce qu’elle a vu et entendu à ses parents. Le spectacle est fini. La sensibilisation quand à elle, continue.