De-commémoration et Oubli social: Fiction contre Vraie mémoire sur le concept Bulu = Hutu
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Placer « l’État Bulu » à côté de « l’État Hutu » renvoie directement à la notion de « de-commémoration » lorsque des politiciens ou des activistes cyniques tentent ainsi de créer de nouveaux souvenirs à partir de faits dramatiques réels; en particulier, l’un des génocides politiques les plus sanglants perpétrés sur le continent africain, et dont le long processus de négation et le remarquable travail de mémoire effectué par les survivants Rwandais s’affrontent encore de nos jours.

Comment et pourquoi des gens qui sont supposés engagés contre la tyrannie en place s’engouffrent-ils donc dans cette brèche facile et criminelle de la dé-commémoration au Cameroun?

La réponse, en premier lieu, c’est de prendre conscience que la mémoire est aussi politique.

En effet, y compris dans une dictature sanguinaire qui dure, certains sont plus préoccupés sous couvert d’intentions généreuses de faire de la commémoration un acte de silence, en l’occurrence ici au Cameroun, à créer des formes d’oubli social, comme taire par exemple toutes les complicités et les compromis divers qui ont permis la pérennisation de la tyrannie de Biya au cours des 37 dernières années.

Ainsi en réduisant le régime désormais génocidaire de Biya à « l’État Bulu », puis en assimilant celui-ci à « l’État Hutu », tous les autres ressortissants des ethnies et tribus qui sont complices des crimes commis sous la gouvernance de Biya sont ipso-facto déclarés non-coupables. La complexité de la politique camerounaise est de la sorte réduite à la notion simpliste du «bon» contre le «mauvais».

Voilà comment « l’oubli volontaire » permet de créer une « nouvelle mémoire » et de fabriquer toute une ethnie politique de criminels. Ce processus de condamnation collective cyniquement théorisé par un écrivain activiste apporte la démonstration que la mémoire est par nature dynamique et pas simplement statique. Et c’est justement ce genre de dynamique et d’oubli social qui intéresse le CL2P.

Car le cas spécifique de monsieur Nganang démontre qu’il ne sait absolument rien des cultures, des populations, et des régions qu’il essentialise autour du concept « Bulu=Hutu.

Son argumentation, comme le font généralement les racistes en occident, procède par des clichés, des préjugés, et des confusions sciemment entretenus; que nous pourrions – pour peu qu’il soit ouvert à la contradiction – déconstruire aisément point par point; y compris en nous appuyant sur des expériences récentes. Notamment lorsque M. Nganang s’appuie sur sa déception à l’égard de ce qu’il perçoit comme un manque de reconnaissance, voire une ingratitude de l’écrivain Enoh Meyomesse pour prouver combien le Bulu est “mauvais, méchant”; démonstration à laquelle nous pourrions lui rétorquer celle de ces « non Bulu » que nous (au CL2P) avons discrètement accompagnés pendant des années d’incarcération arbitraire au Cameroun, et qui une fois libérés ne nous ont pas cité une seule fois. Certains se sont même permis de nous vilipender en laissant entendre que nous aurions essayé de les « soudoyer ».

Cela n’a pas empêché que nous nous enquérions à nouveau de leur sécurité, et militions même en faveur de leur libération, quand le régime de Yaoundé les avait à nouveau incarcéré.

En réalité le tribaliste comme le raciste souffre notoirement d’une mémoire sélective, et procède généralement par l’amalgame systématique, pour denier le moindre mérite à celles et ceux qu’il perçoit fondamentalement comme des sous-hommes ou des êtres pas dignes d’intérêt.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P

http://www.cl2p.org 

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