Cameroun, Jean Jacques Ewong: Le dernier voyage du « libérateur »
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Décédé le 11 février dernier, le reporter d’images sera inhumé ce samedi 16 mars dans son village natal à Elleng, arrondissement de Djoum dans le Dja et Lobo, région du Sud.

Le domicile de Jean Jacques Ewong, le « libérateur » comme l’appelaient affectueusement ses collègues (une façon de dire celui qui débloque la situation quant on coincé avec le matériel de travail qui a des soucis) est remarquable à travers un portrait géant de lui plaqué sur le mur de la façade principale de couleur blanche qui se trouve en bordure de route du lieu dit ancien bâtiment au quartier cité verte à Yaoundé.

Pour avoir accès à l’emprise de la demeure,l’on emprunte une servitude en escaliers qui conduit directement dans la cour de celle-ci.Sur place, des dames sexagénaires s’emploient dans les travaux domestiques. A première vue, l’on a l’impression d’être à la veille d’un évènement heureux tant les personnes qui s’y trouvent ne laissent transparaitre aucune mine de tristesse, pas de visage de carême, la convivialité transpire sur place. Ce ne sont que des effigies sur lesquelles reposent le programme des obsèques du défunt et le dispositif de décoration funéraire qui provoquent la vague dans l’âme en ramenant instinctivement les visiteurs à la réalité de l’univers mortifère mercredi 13 mars dernier.

A l’intérieur de la bâtisse, une forte odeur de peinture irrite la gorge. Pour cause, des techniciens revêtent les murs en couleur blanche et en noire sur les flancs. « Nous avons prévu une messe ici le soir, c’est pourquoi vous voyez tout le monde en mouvement, nous sommes dans les préparatifs », explique l’une de ses filles au nom de Vanessa Keutcha qui pour la circonstance en a profité pour faire un témoignage fort émouvant à la mémoire de son père : « Qui étais-tu pour moi ? L’homme de référence, mon tout ! Le géant dans l’ombre de qui j’ai fait mes premiers pas. Il m’a appris patiemment les choses, m’a donné l’éducation et les armes pour affronter la vie. Il a toujours été positif et débordant d’optimisme, toujours à l’écoute des autres. M’as marqué par son humilité, pleine de vie toujours souriant. Je garde cette image de l’homme heureux quelques jours avant son départ de ce monde et cette voix particulière quelques heures avant son dernier souffle. Il était simple, discret et est parti paisiblement comme il a vécu, c’était l’amour de ma vie ».

La même vague de mélancolie se dégage dans la voix Flash Suffo, reporter d’images qui a presque couvert toutes les compétitions à ses côtés ces (05) cinq dernières années « Chaque fois que je regardais les matchs des Lions indomptables du Cameroun à la télévision je voyais toujours un photographe blanc avec le maillot du Cameroun. Je me disais que c’était un photographe étranger fan du Cameroun.

Alors un jour j’ai eu la chance d’être accrédité pour un match des Lions au stade omnisports de Yaoundé. Quand j’arrive, je le rencontre. À la fin du match je décide d’aller lui parler. Je l’approche et lui dis : Bonsoir monsieur, je vous vois tout le temps à la télévision ! A lui de me répondre, Mola donc vous me voyez ? Spontanément, nous nous sommes esclaffés de rire et c’était le déclic de notre amitié ».

Le 07 mars dernier, une rencontre de football qui a rassemblé les journalistes et les photographes a eu lieu au centre technique de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) au quartier Odza à Yaoundé. Ce jour là, l’on a eu droit à une litanie de témoignages poignants. Son humilité, sa modestie et surtout son altruisme ont été unanimement salués par celles des personnes qui l’ont côtoyé régulièrement.

Né le 16 janvier 1964 à Yaoundé de feu Ewong Ada et Feue Nguyen Thi Nghia Anisette, le « libérateur » qui laisse Edith Boutcheng, veuve était marié à cette dernière depuis le 14 février 2013. Il en est de même pour les 03 filles, 05 garçons et les 03 petits fils qui restent orphelins.

En 1999 et 2001, il est lauréat du « Cameroon Press Awards ». Une distinction logique car depuis 1998, l’amoureux de sport qu’il était et surtout fan de football, a régulièrement couvert toutes les phases finales de la coupe d’Afrique des nations de football ainsi que de la coupe du monde. Il a également pris part à toutes les compétitions
des catégories inférieures et a marqué sa présence dans la quasi-totalité des grands rendez-vous sportifs nationaux et internationaux jusqu’à ce qu’il range sa caméra.

Plus connu sous le pseudonyme de « JJ Ewong », il était membre actif de l’Association des journalistes sportifs du Cameroun (Ajsc) et de l’Association internationale de la presse sportive (Aips). Par ailleurs, il était manageur de l’agence d’images ARAS-CSP à Paris en France. Il a publié dans plusieurs magazines camerounais et internationaux
notamment Afrique-magazine, Express international, Jeune Afrique, France Football…Ainsi que dans des tabloïdes comme Mutations, Le Messager, Cameroon Tribune et sur plusieurs sites Web.

L’ancien élève de l’école publique de Messa (1968-1974), du collège Vogt (1975-1977) et du lycée Louise Michel en France est membre fondateur de l’association des photographes du MIS Protocolor, membre de l’Union des reporters photographes d’Afrique (Urpa) et éminente personnalité du Syndicat national des photographes du Cameroun (Synapcam).

Que la terre de nos ancêtres lui soit légère ! « Repose en paix papa ! », formulent ses enfants.

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