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© Correspondance : Enoh Meyomesse
- 14 Mar 2019 11:38:00
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LA BRUTALITE DES SARA DU TCHAD UTILISES PAR L’ARMEE FRANÇAISE AU CAMEROUN PENDANT LA COLONISATION :: CAMEROON
Le principe du régime colonial était d’utiliser dans les forces de répression, des individus venus d’autres territoires, mais jamais ceux de celui concerné. Les recrues du Cameroun étaient envoyés au Dahomey (Benin), ceux du Togo au Gabon, ceux du Mali au Moyen-Congo, etc. Au Cameroun, les Français avaient fait venir des soldats Bambara, population du Mali, et des soldats Sara, population du Tchad. Ces gens étaient terrifiants. Je les ai connus tout gosse. C’taient eux qui étaient chargés des contrôles routiers. Ils furent la frayeur de tous les Camerounais au point où des chants de haine avaient été composés contre eux. Les Camerounais les appelaient « Bambara-Sara ».
………
Chapitre II
Mola arriva à un croisement. Au centre de celui-ci, un agent de police dirigeait la circulation. Sur le bord de la chaussée, des Sara procédaient au contrôle des véhicules. Dès que ceux-ci virent Mola, ils lui demandèrent de se garer sur le côté. Mola s’exécuta. L’un d’eux vint se tenir à la hauteur de sa portière, et claqua des talons. « Papiers ton véhicoule », dit-il.
Mola ouvrit la boîte à gants de l’ambulance, en sortit le dossier administratif de l’automobile et le lui tendit. Le Sara le prit entre ses mains, l’ouvrit et se mit à le compulser. Il se mit à en extraire, une à une, en prenant tout son temps, les différentes feuilles qui le composaient. Il scrutait, à chaque fois, minutieusement, celle qu’il tenait entre les mains, la retournait, levait négligemment les yeux pour dévisager Mola, puis ramenait son regard sur la feuille. Le temps qu’il prenait à consulter chaque document, finit par agacer Mola. Il se mit à l’observer attentivement. Au bout d’un moment, il eut l’impression que le Sara ne lisait pas les documents qu’il détenait, car il tenait l’un d’eux à l’envers, et, malgré cela, il le scrutait attentivement. Mola étouffa un éclat de rire. Le Sara leva les yeux en sa direction. « Carté dé dentité ou sont ? », demanda-t-il. Mola introduisit la main dans la poche arrière de son pantalon, en sortit son portefeuille. Il l’ouvrit, en extirpa la carte d’identité demandée, et la lui tendit. Le Sara la prit négligemment, sans toutefois lui remettre les autres documents. Une fois de plus, il tint la carte d’identité à l’envers. En voulant se rassurer que la photo qui y figurait était bien celle de Mola, il s’en rendit compte. Il replaça alors la carte d’identité à l’endroit entre ses mains. « Sévé ya porté où sont ? », demanda-t-il au bout d’un moment. Mola fronça les sourcils. Il se souvint que sur la photo figurant sur la carte d’identité, il arborait une chevelure abondante, et que, il y avait quelques jours, il était passé chez le coiffeur et s’était tondu à ras le crâne. « Zé démandé, sévé ya porté où sont ? Pas toi, ici, pas toi. Tou descendez, vite, pas toi » dit-il d’un ton autoritaire.
Ce Sara, comme du reste tous les autres en service dans l’armée française, était grand de taille, très foncé de peau, on aurait dit que celle-ci fut en bois d’ébène, et avait le visage raviné par de longues balafres. Il avait, en même temps, les yeux tout rouges et lorsqu’il ouvrait la bouche, on découvrait sa dentition impeccable, d’une blancheur de cachet d’aspi-rine. Sa langue, en revanche, était toute grisâtre, telle celle d’une chèvre. Et, naturellement, il était un quasi-analphabète. C’est ce genre d’individus que les Français recrutaient dans leur armée pour bien mâter la population, en Afrique, des individus bêtes et méchants. « Tou né mé comprénez pas ? Tou descendez, vite ». Mola, éberlué, descendit de l’ambulance. Valait mieux ne pas tenir tête à ce genre d’olibrius. Une fois qu’il fut au sol, le Sara se mit à le dévisager méchamment. « S’assayez par terre ! », lui ordonna-t-il. Mola n’eut pas le temps de réagir, que le Sara le faucha d’un coup de pied d’une violence à renverser un bœuf. Il en fut pris de court, et se retrouva sur le dos étalé au sol. Le Sara l’y plaqua par une série de coups de pieds sur toutes les parties du corps. Mola eut tout juste le réflexe de porter ses mains sur son visage pour le protéger des violents coups de brodequins que cette brute lui assenait. Michel poussa un cri d’épouvante, bondit de la cabine du véhicule, le contourna en vitesse et vint ceinturer le Sara pour l’éloigner de Mola, tout en le suppliant en criant : « pitié ! pitié ! pitié ! ne le tue pas ! ne le tue pas !ne le tue pas ! pitié ! pitié ! ». Puis, il le projeta en arrière. Celui-ci en perdit l’équilibre et partit, après s’être débattu autant qu’il le put, tomber à la renverse. Il se releva aussitôt, le corps couvert de boue et se jeta, tel un fauve, sur Michel en hurlant, fou de colère : « tou mé tapez ! tou mé tapez ! tou mé tapez ! ». Un de ses coups de poings fit voler en éclat l’arcade sourcilière de Michel. Ce dernier, à son tour, roula au sol, en poussant un hurlement de douleur. Mola qui venait de se relever, ne demanda pas son reste. Il assena un coup de tête à renverser un buffle au Sara. Celui-ci le reçut en plein visage, et roula à son tour au sol, le nez éclaté. Mola voulut bondir sur lui. Il fut ceinturé par un autre Sara qui l’entraîna en lion. Tous les deux finirent par rouler au sol. Mola ne se laissa pas faire. Il se mit à lui assener des coups de poings, aveuglément, et de toute la force de ses bras, profitant du fait qu’il s’était retrouvé au-dessus de lui. Il entendit retentir plusieurs coups de sifflets stridents. Des mains, d’une grande robustesse, le portèrent et allèrent le jeter quelques mètres plus loin. C’étaient celles de deux autres Sara. Un déluge de coups de pieds, de poings et de matraques s’abattit sur lui. Il ressentit une immense douleur au sommet du crâne, et la nuit sombra dans son cerveau…
* *
*
« Il revient à lui ! ». Mola entendit ces paroles au loin, on aurait dit qu’il se trouvait au fond d’un cours d’eau, et que celles-ci provenaient de la berge. Il ouvrit les yeux. Il se découvrit étalé au sol sur le dos, Michel à genoux et torse nu, à ses côtés, en train de l’éventer à l’aide de sa chemise. Le visage de ce dernier était ensanglanté, mais il semblait n’en avoir cure, et n’était uniquement préoccupé que de le ranimer. Tout
autour d’eux, une foule compacte formait un cercle. Les Sara, quant à eux, avaient disparu, sans doute effrayés à l’idée qu’ils avaient tué un homme. D’innombrables yeux étaient braqués sur lui. « Hi no ba die ! He no ba die ! » (il n’est pas mort) se mirent à s’exclamer les gens, avec soulagement, lorsqu’ils s’aperçurent qu’il avait ouvert les yeux et qu’il se mettait à les dévisager. Il fit un geste de la main à Michel afin qu’il cessât de l’éventer. Celui-ci s’exécuta. Il se saisit de son bras pour qu’il l’aidât à se relever. D’autres bras vinrent à la rescousse. Il fut littéralement soulevé du sol et mis debout par plusieurs personnes. Sa tête fut, une fois en cette position, prise de vertiges et la douleur qu’il avait ressentie au sommet du crâne, au moment où il perdait connaissance ressurgit. Il sentit soudain ses jambes devenir en coton et faillit s’écrouler au sol. Plusieurs bras le maintinrent debout. « Allons le coucher dans l’ambulance », dit Michel. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mola se retrouva sur le brancard de l’ambulance entouré de nouveau de plusieurs personnes. Toutes les autres étaient attroupées à l’extérieur, attendant de se rassurer qu’il fut hors de danger. Les commentaires les plus haineux à l’endroit des Sara fusaient de toutes parts. La population, manifestement, ne voulait plus de ces gens, véritables tueurs que l’armée française lâchait sur elle, tels des chiens enragés. Il entendit, pêle-mêle : «c’est ça donc l’indépendance ? »; «c’est qui les vrais maquisards, les Sara ou les combattants de Tankeu Noé ? » ; « s’ils agissent de cette manière en plein jour, que peut-il alors en être de la nuit ? » ; « à quand une armée nationale composée de nationaux ? » ; « pourquoi les Sara ne retournent-ils pas dans leur pays, à présent que nous sommes indépendants ? »
Au bout d’un moment, Mola se redressa sur son brancard. Il désigna du doigt, à Michel, une boîte à pharmacie qui était logée dans un coin de l’ambulance. « Ouvre-là, prends-y du coton, et éponge-toi le visage avec, il est tout couvert de sang ». Michel donna l’impression de découvrir enfin qu’il était lui-même blessé. Malgré tout, il minimisa sa blessure. « Non, non, ouvre la boîte à pharmacie et fais comme je te dis », insista Mola. Michel finit par se plier à son exigence. Au bout d’un moment, Mola vint à son secours, et lui posa un véritable pansement sur son arcade sourcilière. Puis, tous les deux remercièrent la foule de sa compassion, et poursuivirent finalement leur route…
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