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© Correspondance : Dr Fridolin NKE
- 13 Oct 2018 15:28:00
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Cameroun, Dr NKE Fridolin : Les universitaires de la honte ! :: CAMEROON
Par universitaire, j’entends celui ou celle qui, après le Baccalauréat, est rentré dans la Faculté, a flirté avec les arts, les lettres ou les sciences, à un niveau élevé dans les amphithéâtres, et dont le parcours a été sanctionné par un parchemin délivré par l’Académie où il s’était inscrit. L’université stimule l’espérance ; elle n’œuvre pas à répandre dans le peuple la puanteur toxique du renoncement. L’université est la lumière d’un peuple ; elle sert à recréer l’homme et non à l’abîmer. L’enjeu des études universitaires, c’est de rallumer la flamme du peuple qui menace de s’éteindre sous les assauts de l’obscurantisme, de la barbarie, de la cupidité, de la dictature, du tribalisme. L’office d’un universitaire bien formé est de faire naître l’homme qui sommeille en chacun de nous. Il ne peut donc sensément refréner cette fécondation de l’histoire, ni non plus se constituer assassin de cette Renaissance permanente. Il y a des produits de nos universités qui font honneur à la nation tout entière. Mais à côté de ces exceptions, la règle est de rencontrer des universitaires-pyromanes, des intellectuels-ogres !
La prière des « intellectuels » du pouvoir
Le dimanche, on assiste au spectacle des chrétiens perturbés par leur foi ou, plus exactement, par leur manque de foi : le matin, ils se réveillent la conscience en haillons, toute ruisselante du souvenir d’insondables péchés de la semaine ; ils vont à la messe et se soulagent ; les homélies et les chants grégoriens achèvent de sécher leurs larmes. De même le dimanche ou à l’occasion des événements politiques de grande ampleur, les universitaires sont perturbés dans leur conscience, par leur mauvaise foi pour être tout à fait honnête : ils vont à la télévision, disent des « vérités », crachent leur venin et s’exorcisent. Les téléspectateurs se soumettent docilement à ces séances d’auto-délivrance médiatique collective. Comme les démons qui sortent de la bouche des autres doivent nécessairement entrer dans quelques corps frêles, ratatinés par la faim et rabougris par le déguerpissement entretenu du jugement, ils investissent donc les oreilles sans fond qui les écoutent ; ils pénètrent ces consciences crédules, hébétées ; ils possèdent ainsi les spectateurs toute la semaine qui suit.
L’universitaire qui a le statut d’intellectuel du pouvoir ne déroge pas à la règle. Il ne croit plus ni en l’honnêteté ni en la dignité. Il a surtout perdu les traces de son amour propre. Sa bouche malodorante n’assume pas un bilan de gouvernance ; elle n’exprime pas des convictions ; elle ne défend pas un programme politique : elle prie ! Et cette prière peut paraître insolite, mais elle est la trame de fond de tous ses engagements apocryphes. Or, comme il y a des prières d’exorcisation et des prières d’abjuration, celle qui est adressée au Grand camarade est une renonciation assumée. Voici donc la prière quotidienne de nos universitaires de la honte: « Maître, mon bon créateur, j’accepte que l’indignité et l’immoralité soient toujours mon lot. Quoi, la vanité attachée à mes gros diplômes, grades et distinctionsserait-elle l’infâme obstacle que le destin a dressé sur le chemin qui mène à Vous et qui m’empêche de Vous servir dévotement ? Je les déchire donc symboliquement dans mon cœur illico et je les balance à Votre ombre, car je suisindigne de me prosterner mêmedevant Vous. Je m’affale de tout mon corps devant Votre majestueux portrait et ne peux supporter le regard de Vos yeux d’airain.
Désormais, je vais respirer Votre Excellence, manger Votre Excellence, dormir Votre Excellence, déféquer Votre Excellence, n’entendre et ne voir que Votre Excellence même si je suis sourd et aveugle. Je ressens que je ne marche que parce que Votre règne m’y avait prédisposé longtemps avant que je vienne au monde. Fort de cette révélation, rien qui ne serait Vous ne serait en mon minable moi. Je m’expurge métaphysiquement de ma carapace débile pour communier avec le néant qui s’ouvre avec mon anéantissement entretenu. Quoique tremblotante, mon insignifiante silhouette se cramponne fermement au rayonnement bienheureux et vivifiant de Votre sempiternel pouvoir. Ma raison et mon cœur sont légers. Ô damnation, quel lapsus ? Que dis-je ? Je reprends ma prière Seigneur : Votre raison et Votre cœur sont légers car prémunis de la gangrène de mes prétentions et de ma vanité, et remplis de ma dévotion exclusive.
Père, je Vousprésente encoremes piètres excuses. N’oubliez pas que je fais pitié, que mon être d’avant ma conversion en Vous incarnait la dégénérescence : j’ai oublié que je n’ai plus de raison et de cœur et que les Vôtres sont désormais en moi.J’oublie donc l’inviolabilité du soi pour faire triompher Votre foudroyante éternité. Ô Seigneur de ma chère patrie, fais, pardon Faites, de moi ce que Vous voulez. Je suis depuis si longtemps au service de Votre cause (que lui-même ignore) que je ne veux plus me souvenir du goût de la vie. Je ne peux juger de l’opportunité et de la temporalité que Votre gracieuse et omnipotente Main choisira pour se poser sur mon insignifiant CV (malgré un parcours qui peut faire des envieux en temps normal)!Désormais je n’aurais d’autre ambition que de me détruire. Vivez donc ad vitam aeternam de mon extinction vécue » !
L’imposture à l’œil nu
Il est proprement aberrant de parler d’un universitaire comme d’un imposteur. Un universitaire criminel : voilà une saisissante aporie ! Or, entretenir les apories est précisément la raison de vivre de l’espèce de mammifère dont je parle. Leur alibi pour nous voler notre avenir, c’est de nous prêcher le renoncement, c’est de banaliser l’ensauvagement. La guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et la récente élection présidentielle offrent des occasions pour apprécier la « qualité » et l’esprit pénétrant de nos universitaires. On en avait le dégoût ! Ils soutiennent la barbarie sans sourciller ; ils stigmatisent sans honte ; ils sont aveuglés par un lieu commun, « la force doit revenir à la loi », aussi délirent-ils sans retenue ! Pendant l’élection présidentielle, certains n’ont pas seulement défendu leur champion avec leurs moyens de persuasion aussi risibles qu’ignobles ; ils ont surtout fait honte au corps des universitaires. Les « intellectuels » du pouvoir ont remporté la palme d’or de l’absence d’esprit, du manque d’inspiration et de l’auto-abêtissement. Il fallait les entendre débiter des sottises sur les plateaux de télévision. Il est un de ces universitaires, un spécialiste de la diplomatie, qui s’est, à l’occasion, mué en un chroniqueur de la pornographie et de la pédérastie : il a magistralement dépeint les ébats sexuels d’un des candidats! Même Paul Biya en avait certainement des rictus de dégoût devant ces espiègleries sordides et ces méchancetés crues.
En voici une autre illustration.La semaine passée, le ministre de chez moi, un universitaire qui a oublié ses origines, m’a envoyé un émissaire me dire ceci : « Tu sais, petit-frère, il faut faire attention. Souviens-toi comment est mort AtebaEyene, Lapiro de Mbanga, et les autres. On a tous les moyens pour te neutraliser. Si le système veut même être moins
violent, il peut filer du SIDA à ta femme et vous vous débrouillez avec ça là-bas. Donc fais très attention ». Celui qui me transmettait ces menaces est un universitaire. C’est l’espèce qu’on appelle Grand Prof, « Maître de conférences ». Le messager de malheur est Directeur des affaires juridiques de l’autre, un Grand criminologue de l’université de Yaoundé II-Soa, il est aussi originaire de chez moi. Au juste, de quoi m’accuse son Excellence Monsieur le Ministre ? C’est, d’avoir « amené Cabral chez nous pour le combattre » ! Voilà à quoi sont réduits nos universitaires et Grands Profs : des bourreaux qui annoncent la mort. Ils se constituent, toute honte bue, en autant d’ordures parées des insignes et des éloges surfaits de l’académie.
Notre devoir
Nul n’a besoin d’un mandat électif pour s’exprimer au nom de la raison ! Nul n’a le droit de contraindre l’autre à déraisonner sous le fallacieux prétexte que ses grands diplômes, titres, grades universitaires et distinctions lui confèrent l’exclusivité de la lucidité !Lorsque vous aurez lu ceci, beaucoup parmi vous crieront à la prétention, à la désinformation, à l’imposture.Mais palpez-vousintérieurement, vous n’allez pas manquer de vous interroger : Comme contenir la désuétude de nos mœurs et de nos pensées qui nous caractérise ? Par quoi passe notre réhabilitation ? À quoi est dû l’attardement de l’éveil de notre conscience ? Avec une telle foi surannée, qu’allons-nous donc enseigner à nos étudiants ? Qu’allons-nous inspirer au peuple ?
On croyait souvent, à tort, que c’est la peuple, ce magma d’émotions, cette lave incandescente de l’aveuglement, qui inhibe l’intelligence et dissuade quiconque entreprend de comprendre. En réalité, le peuple est « las de toujours trembler, de toujours applaudir », las de vous voir même, las d’assister au spectacle déshumanisant de votre comédie de griots sans inspiration. Disons au peuple, à qui vous avez décidé d’arracher la parole, qu’il peut aussi penser, sinon davantage que nous, les produits périmés de l’enseignement hautpérieur.Et puisque votre langue de croque-mort ne sait plus la saveur du miel car elle s’est habituée à calomnier, à diffamer, à provoquer la bave et les vomissures, à indiquer la potence, en un mot à damner, votre raison est devenue comme votre cœur : il est insensé, affecté, infecté de malice et de vices. Comment purifier nos yeux des souillures du spectacle insensé de vos nocturnes orgies ? Comment se préserver des égorgements que produisent vos mandibules lorsque vous vous empiffrez du tribut de votre forfaiture et de vos trahisons ?
Il est établi que vous ne pouvez dénoncer les maux de la société parce que vous avez horreur de veiller, étant trop repus pour quêter la venue des voleurs, des pédérastes, des assassins. Vous n’avez plus horreur du sang parce que vous aspirez à l’assassinat. Vos yeux, lorsqu’ils oublient de dormir dans vos lits d’or, larmoient de plaisir, le plaisir sacrilège du douillet confort de vos compromissions. Vous ne vous avisez pas de sonder le degré d’humanité qui vous reste, parce que vous êtes accoutumés à saccager la vie des autres. Vous ne parlez encore que pour mieux vous taire !
Quoiqu’il en soit, si nous voulons garder dans notre gorge les traces de la saveur de l’homme, reconnaissons humblement nos trahisons et nos crimes : notre bouche est empestée des exhalaisons nauséeuses de la bonne chair issues de table que nous avons coutume de partager avec les Seigneurs au pouvoir. Brossons-nous donc nos dents ensanglantées de nos opprobres ! C’est à ce prix que nos péchés nous seront remis par le peuple.
Je vous dénonce, vous, universitaires-ogres, intellectuels sans scrupules du pouvoir et de nos oppositions, d’entretenir l’irréflexion et la bêtise. Vous avezassez fait tomber la nuit dans la vie des autres, assez fait souffrir, assez fait pleurer, assez tué ou couvert les crimes. L’aube nouvelle de notre Renaissance ne vous constitue pas seulement des « hors-la-loi », mais des hors-la-vie. Nous sommes en attente impatiente de l’Aube de la délivrance qu’offrira votrecrépuscule ! Nous n’entrerons plus à la morgue le jour dit par vous !
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